La Corse aux urnes pour remplacer les sacs plastiques
Aujourd’hui et demain, les Corses vont voter dans tous les hypermarchés de l’île pour choisir une manière plus écologique d’emballer leurs courses. Une initiative destinée à faire disparaître un polluant très résistant. Les consommateurs des hypermarchés corses doivent choisir entre le cabas, le sachet en papier et le sac biodégradable : trois alternatives non polluantes mais... payantes.
L’INFORMATION a fait son chemin depuis le 16 mai, date du lancement de la campagne d’affichage publicitaire et de l’envoi de prospectus dans les foyers. Hormis quelques irréductibles, tous les clients insulaires sont avertis de l’opération et prêts à se prononcer sur le nouveau sac de caisse écologique dans les supermarchés Carrefour, Système U et Géant Casino de toute la Corse.
« Tous ces sachets qui jonchent les plages, c’est déplorable »
L’île sera la première région de France à ne plus utiliser le sac plastique dans les grandes surfaces, dont un peu plus de 100 millions sont distribués chaque année en Corse. Pour inverser cette tendance et bannir définitivement cet emballage nocif de son territoire, les huit principales grandes surfaces insulaires situées à Ajaccio, Bastia, Porto-Vecchio et Calvi proposent aujourd’hui un référendum afin que les consommateurs choisissent quel type de sac est le mieux adapté à leurs besoins, grâce à la mise en place aux caisses de boîtiers électroniques.
Autant dire que l’idée, lancée il y a un an par les organisateurs du Festival du vent, à Calvi (lire ci-dessous), a mûri dans les esprits. Elle a même été relayée politiquement par l’Assemblée de Corse qui s’est prononcée, le 15 mai dernier, contre la distribution de sacs en plastique non biodégradables.
« Je trouve cette initiative très intéressante et je pense que cela devrait changer les mentalités des consommateurs. Ils feront peut-être plus attention en payant leurs sacs ! », s’exclame une dame à la caisse d’une grande surface. Car les nouveaux sacs seront à la charge du client, « comme dans les enseignes Leclerc sur le continent », poursuit-elle.
Les six hypermarchés et les deux supermarchés insulaires proposent trois alternatives pour remplacer le sac de caisse actuel :
– le sac cabas, réutilisable à volonté pour 1 EUR,
– le sac papier, non polluant lors de sa fabrication et après son
utilisation, vendu en caisse 0,08 centime d’euro.
– le sac en mater-bi qui est totalement biodégradable et dont le coût
varie entre 0,05 centime d’euro pour le petit modèle et 0,14 centime
d’euro pour le grand modèle.
« J’ai une nette préférence pour le sac cabas, parce qu’il ne coûte pas cher et contient pas mal de provisions. C’est beaucoup plus pratique pour monter les courses à la maison », explique un consommateur qui remplit ses sacs. « Pourquoi ne pas l’avoir fait plus tôt ? s’indigne une jeune femme. Lorsque l’on voit tous les sachets joncher les plages de Corse ou encore le maquis, je trouve cela déplorable. »
Nombreux sont ceux qui pensent que cette opération - dont le coût s’élève à 270 000 EUR - n’est qu’une goutte d’eau dans la mer, mais « l’essentiel est bien de commencer à faire quelque chose », confirme cet autre qui a déjà voté. Lui a porté son choix sur le sac en mater-bi, totalement biodégradable, « parce que le sac en papier kraft, c’est aussi des arbres qui disparaissent ».
Pour connaître l’option finalement retenue, il faudra attendre le 28 mai, jour où le résultat de la consultation sera rendu public.
Luc Mariani
Le Parisien, vendredi 23 mai 2003
Taiwan interdit les sacs en plastique
TAIPEI (AFP), le 19-03-2002
Taiwan a annoncé mardi l’interdiction des sacs en plastique pour mettre un frein à la distribution de 16 millions de ces accessoires par jour, une source de pollution de l’environnement.
Les agences gouvernementales, les écoles et l’armée ne pourront plus distribuer de sacs en plastique à partir du 1er juillet, a dit le ministère de la protection de l’environnement (EPA). L’interdiction sera étendue aux supermarchés, chaînes de restauration rapide, grands magasins à partir du 1er janvier.
Les écologistes se plaignent de voir Taiwan se noyer sous une mer de sacs en plastique.
L’EPA estime que le plastique représente 20% des déchets produits par l’île, 5% de plus que dans les autres pays industrialisés.
Le 13 novembre 2003, lors d’une conféresse de presse, plusieurs enseignes de la grande distribution affichaient leur volonté de réduire la distribution des sacs de caisse jetables.
Un an après, nos associations demandent à la grande distribution un bilan. Quelles actions ont-été mises en place ? Quels sont le nombre et la proportion de sacs économisés depuis un an ? Comment cette diminution a-t-elle évolué ? Combien de sacs alternatifs ont été distribués ? Le comportement des consommateurs a-t-il vraiment changé ? Ces questions ont déjà été posées par nos associations, mais sont restées pour le moment sans réponse.
Ces données sont essentielles pour rendre compte de l’efficacité réelle des démarches volontaires menées pour réduire la consommation des sacs plastiques.
Si ces démarches, reposant sur la bonne volonté des acteurs économiques, ne permettaient pas d’obtenir les résultats escomptés (réduction de moins de 40%), des mesures plus coercitives, par voie législative, devraient être adoptées. Il conviendrait de mettre en place une taxe payable par le consommateur sur chaque sac distribué. Le bien-fondé d’une telle mesure, réclamée par la fédération France Nature Environnement et les Amis de la Terre, est attesté par la réduction spectaculaire (90%) de la consommation des sacs plastiques suite à leur taxation en Irlande. Il convient de responsabiliser le consommateur et d’infléchir sa demande (éternel alibi des distributeurs) en activant le levier « porte-monnaie ».
Le plan national de prévention des déchets, présenté par Madame Bachelot en février 2003, n’avait-il pas fait de la réduction des sacs plastiques une action prioritaire et emblématique ?
Quant à l’inscription sur certains sacs affirmant une valorisation énergétique possible, elle constitue une tromperie du consommateur et ne peut que contrarier gravement les efforts mis en œuvre pour convaincre ce dernier de modifier ses habitudes. Nos associations demandent avec fermeté, aux groupes concernés, de modifier leurs messages pour faire des sacs plastiques distribués le vecteur d’une communication incitant à leur suppression.
Par définition, ce qui est gratuit n’a pas de prix. Pourtant, les sacs plastiques en ont un… et c’est notre environnement qui le paye !
Les sacs en caisses en quelques chiffres :
– 15 milliards de sacs sont distribués aux caisses des grandes surfaces ;
– cela représente 85 000 Tonnes de déchets ;
– ainsi, 500 sacs sont distribués chaque seconde en France ;
– les sacs de caisse et publicitaires ne sont pas gratuits puisque leur prix est répercuté sur les produits !
France Nature Environnement, fédération française des associations de protection de la nature et de l’environnement
Contact
Nathalie VILLERMET, France Nature Environnement
tel : 01 47 07 22 35