Passerelle eco
Actu : La revue 83 paraît dans quelques jours !
Commandez-la Abonnez-vous

Derniers articles

Nos Livres et revues

La revue Passerelle Eco : sommaire des numéros, compléments d'info, bulletin d'abonnement à imprimer ...

Derniers articles

Réseau éco

20 ans d'écolieux

Des reportages et les annonces du réseau éco et de la dynamique écovillage en France : écolieux de vie, projets d'écovillages, écofermes pédagogiques, personnes ressources ou en recherche, entreprises, centres de formations, etc... Plusieurs rubriques sont consacrées aux écovillages en germe ou en devenir, car ces initiatives font converger l'ensemble des aspects de l'écologie pratique : l'actualité, leurs activités, rencontres, chantiers ou échanges proposés.

Derniers articles

Thématiques

Dossiers thématiques : depuis les statuts de la loi de 1901, l'alimentation, la construction saine, l'habitat léger, le carburant tournesol ...

Derniers rendez-vous

Annonces, photos, comptes rendu des rassemblements, rendez-vous, festivals, colloques, manifestations...
Vous êtes ici > Accueil > Les Blogs

le 11 décembre 2009

Contact

Les Blogs

La consommation citoyenne et l’économie du bonheur

Paul Samuelson, un grand économiste étasunien, explique qu’ « une analyse économique assise sur le bon sens n’a rien d’évident. Le sens commun que vous apportez chez vous à l’université ne permettra pas de comprendre pourquoi un pays riche et un pays pauvre peuvent tirer tous deux simultanément un profit d’une libération du commerce international. » (Samuelson, Nordhaus, Economie, 16ème édition)

Cet article est le résumé d’une conférence de R.Gaucher sur le bonheur et la consommation.

Une économie au service du bonheur et une consommation citoyenne sont deux idées séduisantes. Peuvent-elles vraiment se rencontrer ?

D’abord, je définirai les mots et expressions d’économie du bonheur, de bonheur et de consommation citoyenne. Ensuite, je présenterai les relations entre consommation, valeur et bonheur . Enfin, je montrerai les limites de la consommation, fût-elle citoyenne, dans le cadre de l’économie du bonheur.

I Définitions

A) Qu’est-ce que l’économie du bonheur ?

L’économie du bonheur n’est pas l’économie du bien-être
 L’économie du bien-être fonde ses analyses sur le bien-être ce qui sous-entend le bien-être objectif : santé, éducation, environnement.

L’économie du bonheur fonde ses analyses sur le bonheur qui est un état conscient subjectif

 Le bonheur étant un état subjectif, les données pour le mesurer sont des données subjectives

 Exemple : échelle d’auto-évaluation étalonnée de 1 à 7 où l’on demande aux personnes à quelles point elles sont heureuses.

L’économie du bonheur se donne pour objectif de favoriser le bonheur dans le domaine économique et dans les domaines qui sans être économiques peuvent avoir une dimension économique.

B) Qu’est-ce que le bonheur ?

Diverses traditions du bonheur

 Tradition hédoniste
le bonheur, c’est le plaisir, mais un plaisir maîtrisé

 Tradition eudémoniste
si le plaisir fait partie du bonheur, le bonheur est aussi et surtout dans la culture des vertus

 Théories du désir
Elles lient le bonheur à la satisfaction des désirs individuels.
Ce qui est bon pour une personne, c’est ce que la personne considère comme bon pour elle.
La théorie économique s’est construite sur ça.

 théories des listes objectives : identifient le bonheur à une liste de critère qu’il faut satisfaire

Deux définitions récentes

Le bonheur en tant que bien-être subjectif :

  • bonheur déclaré
  • 3 dimensions : émotions positives, émotions négatives, satisfaction.
  • Pour les émotions négatives, il s’agit de les éviter

Le « bonheur authentique » de Martin Seligman (grand psychologue étasunien) a 3 dimensions principales :
 une vie plaisante
 une bonne vie
une vie dans laquelle les forces de caractère sont utilisées dans des domaines importants de la vie afin d’obtenir de la satisfaction
 une vie qui a du sens
c’est-à-dire une vie affiliée à quelque chose de plus grand que soi

C) Qu’est-ce que la consommation citoyenne ?

C’est la prise en considération des conséquences sociales et environnementales dans les actes d’achat.

Participer ainsi à la transformation des modes de production et des circuits commerciaux

La consommation citoyenne s’appuie sur des principes, elle est :
 Solidaire
 Juste : idée du prix juste
 Directe : augmenter la marge du producteur en diminuant les intermédiaires
 transparente
 respectueuse de l’environnement

L’économie citoyenne n’est pas tournée spécifiquement vers les PED
 Comme dimension écologique, elle devrait plutôt être tournée vers le local

Pour certains, consommation citoyenne peut aller au-delà de ça : un engagement politique peut être ajouté : faire changer les lois

Des limites qui peuvent être floues :

 Exemple des produits exotiques de grande consommation comme la banane : acheter loin, produire sur place ou ne pas acheter ? Opposition ici des valeurs sociales et environnementales

 Est-il citoyen d’acheter le dimanche ? Si vous êtes d’une droite dure sur ce point ou anticlérical, pourquoi pas, ça peut être vos valeurs.

 Qu’est-ce qu’un prix juste ? Pourquoi les pays pauvres sont pauvres : faible productivité de l’agriculture donc beaucoup d’agriculteurs, le développement passe par moins d’agriculteurs. En Europe, ça s’est fait par la pression par les prix, par des prix qui auraient pu être qualifié d’injustes.

II Consommation, valeurs et bonheur

A) La consommation citoyenne s’inscrit dans le bonheur en tant que liste de critères objectifs

Les listes objectives, comme la consommation citoyenne, mettent en avant des critères sociaux et environnementaux

Le bonheur défini en tant que liste de critère objectifs est la plus mauvaise des approches sur le bonheur.

 Problème de définition de choix des différents critères objectifs
 Pour un même critère qui ne ferait pas discussion, problème de définition
Exemple : l’éducation. Qu’est-ce qu’une bonne éducation ? Combien d’année à l’école ? Dans quelles conditions de travail ? Avec quel programme scolaire ?
 Cela n’éclaire pas sur la nature même du bonheur. Le bonheur est un état subjectif que les théories des listes cherchent à réduire à des critères objectifs.

B) Suivre ses valeurs favorise son bonheur

Pas d’étude sur la consommation citoyenne et le bonheur. Que peut-on dire à partir des études existantes ?

La consommation citoyenne est l’expression et l’affirmation de valeurs : solidarité, équité, respect de l’environnement.

Que veut dire le mot valeur ?

 Les valeurs sont des croyances pérenne qui nous disent quels sont les buts préférables à d’autres ; elles sont des guides
 Permettent de nous évaluer et d’évaluer les autres
 Nous ne les suivons pas toujours, certaines situations peuvent favoriser ou non leur respect (exemple : plus facile de consommer citoyen lorsque l’on a l’habitude et la possibilité de dépenser moins que ce que l’on gagne)
 Elles servent de justification à nos actes
 Leur hiérarchisation est utilisée pour résoudre les conflits
 Les groupes peuvent se former autour de valeurs

Quelles sont les valeurs que l’on rencontre chez les êtres humains ?

Schwartz et ses collègues ont défini 10 valeurs universellement reconnues : l’universalisme, la bienveillance, le conformisme, la tradition, la sécurité, le pouvoir, la réussite, l’hédonisme, la stimulation et l’autonomie.

Ces valeurs sont organisées selon deux axes :
 du conservatisme à l’ouverture au changement
 du renforcement du soi à la transcendance
 si deux valeurs sont proches, alors il est possible pour une personne de passer facilement de l’une à l’autre ; si elles sont opposées, il est peu probable qu’une même personne fasse sienne les deux.

Est-ce que les valeurs favorisent le bonheur ?

Trois chemins théoriques des valeurs au bonheur :
 La perspective des valeurs saines
Certaines valeurs sont intrinsèquement liées au bonheur et d’autres non o les valeurs liées sont les valeurs intrinsèques (autonomie, relation aux autres, compétences, participation à la communauté)

 La perspective des buts autoconcordants
Les buts que l’on se fixe doivent être en accord avec les valeurs pour favoriser le bonheur

 La perspective de la congruence des valeurs personnelles et sociétales
Les valeurs personnelles doivent être en accord avec les valeurs sociétales pour favoriser le bonheur

Qu’en est-il dans la réalité ?

En ce qui concerne la perspective des valeurs saines, il y a bien des corrélations, mais elles sont faibles.

En ce qui concerne la perspective des buts autoconcordants : quelles que soit les valeurs personnelles, suivre des buts autoconcordants favorise le bonheur

En ce qui concerne la perspective de la congruence des valeurs personnelles et sociétales, la congruence des valeurs favorise le bonheur et la non congruence l’affecte

Conséquence :

une personne qui donne de l’importance à la consommation citoyenne du fait de ses valeurs a tout intérêt pour son bonheur de consommer citoyen.

Deux problèmes :

 Est-ce que consommer citoyen est la meilleur stratégie pour le bonheur d’une telle personne ?

 Consommer citoyen n’appartient pas au profil de valeur de tout le monde, donc peut-être peu d’intérêt de consommer citoyen pour les personnes dont ce n’est pas le profil de valeur

C) La citoyenneté et l’équité : sacrifier un peu de bonheur pour un monde meilleur ?

La psychologie positive, qui est une approche qui se développe aux Etats-Unis depuis 1998 et qui s’intéresse à ce qui va bien chez les êtres humains, ne met pas seulement en avant le bonheur, elle met aussi en avant le développement des forces de caractère et des vertus.

Parmi ces forces de caractère : équité et citoyenneté

L’équité

L’équité naît du jugement moral, qui est le processus par lequel on juge ce qui est bien et ce qui est mal

En tant que force de caractère, l’équité s’exprime par
 la recherche de justice dans les relations sociales
 le développement de compétences afin de trouver des arrangements équitables
 la sensibilité à l’injustice sociale
 la compassion pour les autres

La citoyenneté
 identification à une communauté
 avec un sentiment d’obligation à son égard
 les personnes qui ont cette force cherchent à œuvrer pour le bien de la communauté plutôt que pour le leur - cela peut se manifester par le vote, le bénévolat, dons d’argent pour des œuvres, la participation à des manifestations.

Quand on est heureux, on peut sacrifier un peu de bonheur pour autre chose.

Exemple : les personnes les plus heureuses ne sont pas celles qui réussissent le mieux à l’école et ne sont pas celles qui ont les revenus les plus hauts.

Pour sacrifier un peu de bonheur, il faut vraiment que ce sacrifice veuille dire quelque chose pour la personne qui fait ce sacrifice.

Dans le cadre de l’économie du bonheur, est-ce que la consommation citoyenne est une bonne stratégie pour être plus heureux et vivre dans un monde plus harmonieux ?

III Les limites de la consommation, fût-elle citoyenne

A) Consommation, revenus et bonheur

La consommation est liée aux revenus
 On peut consommer les revenus sitôt acquis
 On peut consommer par anticipation des revenus futurs grâce à l’obtention de prêts dont la valeur dépend, normalement, des revenus futurs anticipés
 On peut épargner ses revenus, ce qui est considéré comme une consommation différée

Est-ce que les revenus, donc la capacité de consommation, rendent heureux ? Dis autrement : "Est-ce que l’argent fait le bonheur ? "

La relation entre bonheur et revenus n’est pas la même pour tous : quand on est pauvre, plus de revenu c’est souvent plus de bonheur ; à partir d’un seuil qui varie selon les études, plus de revenu ce n’est pas ou quasiment plus, plus de bonheur.

Cette idée est vraie au niveau international (comparaison entre pays riches et pauvres) et elle est vraie également à un niveau national (entre riches et pauvres d’un même pays)

La croissance économique dans les pays riches n’améliore pas le niveau de bonheur.

Etude de Diener et Biswanger-Diener (2005) : différents groupes de personnes ont évalué leur bonheur sur une échelle de 1 à 7

Résultats par ordre croissant :
 Sans abris de Californie : 2,8
 Sans-abris de Calcutta : 3,2
 Habitants des taudis de Calcutta : 4,4
 Etudiants de l’Illinois : 4,7
 Amish (chrétiens vivant comme il y a plusieurs siècle) : 5,1
 Maasaï traditionnels (peuple du Kenya) : 5,4
 Les grandes fortunes du magazine Forbes : 5,8

Conclusions :
 Les sans-abris sont les moins heureux
 Des personnes qui vivent dans une pauvreté choisie sont très heureuses
 Les personnes qui se déclarent les plus heureuses sont les plus riches
 L’étude ne dit pas s’il y a des liens de causalité et si oui dans quelle direction.

Le bonheur coûte moins cher qu’on ne pense :
 Adaptation et comparaison sociale
 Le bonheur a de nombreux déterminants, et l’argent n’en est qu’un parmi d’autres
 Les valeurs intrinsèques (développement personnel, intimité, participation à la communauté) sont plus fortement liées au bonheur que les valeurs extrinsèques (argent, pouvoir, statut)

B) Le paradoxe du choix

Les choix de consommation ont explosé :
 de plus en plus de marques avec la baisse des coûts de production
 des biens et des services de plus en plus divers.

Deux grandes stratégies de choix
 La maximisation : chercher le meilleur produit
 La satisfaction : chercher le premier produit qui nous satisfait

Les maximiseurs, ceux qui adoptent une stratégie de maximisation, sont moins heureux que les satisfaiseurs, ceux qui adoptent une stratégie se satisfaction

Schwartz et ses collègues (2002) ont développé une échelle d’auto-évaluation qui permet de voir à quel point nous adoptons une stratégie plutôt qu’une autre

L’économie du bonheur est une remise en cause de la consommation telle qu’elle est vécue aujourd’hui, où on tend à faire croire que "consommation= bonheur".

Conclusion : la consommation citoyenne

Dans la perspective traditionnelle de l’économie, le problème de l’efficacité économique de la consommation citoyenne :

 Moins d’intermédiaire, moins d’emplois, mais des personnes qui peuvent travailler dans de nouveaux secteurs : diminuer le nombre d’intermédiaire peut être une rationalisation économique

 Garantir un prix, c’est aussi ne plus sélectionner les plus efficaces.

Si l’on considère qu’il s’agit de faire en sorte que l’économie participe au bonheur, la question est alors "quelles sont les bonnes stratégies pour que l’économie favorise le bonheur".

La consommation n’est pas un destructeur absolu de bonheur, mais il n’est pas besoin d’avoir des rapports économiques avec une personne pour que la relation soit de qualité !

D’après les notes de synthèse d’une conférence de Renaud Gaucher, animateur du site internet de vulgarisation de l’économie du bonheur http://www.economiedubonheur.com


2 votes
Contact --- Mentions légales

ecovillageglobal.fr

le site de l'écovillage global des lecteurs et annonceurs de la revue Passerelle Éco

PASSEZ UNE ANNONCE

Groupe de Réflexion pour un Ecolieu Naturiste (Gren) (Un Groupe Existe dans le 59)

Projet : Recherche de personnes pour créer ou intégrer un écolieu naturiste dans le sud de la France. Prochaine rencontre dans la région de Limoux , mi avril, dans vaste domaine pour réfléchir ou pour (...)

Concilier Amour, Projet, Autonomie et Partage (Rencontres amoureuses dans le 04)

Projet : H 62 ans souhaite rencontrer femme au grand cœur région sud, sud ouest Offre : joie de vivre, mon dynamisme, vie saine et heureuse, sérénité de vie et de passions partagées, je dispose (...)

Offre de Cohabitation (Contacts dans le 48)

Projet : Partage de lieu de vie Offre : Par périodes de 3 semaines à 3 mois, (éventuellement renouvelable) venez co-habiter dans les jardins des 7 bancels, prendre part à l'entretien du terrain et de (...)

Co-Habitation dans une Maison et son Jardin (Offres de CoHabitation dans le 78)

Projet : La maison se libère à partir du début du mois d’avril 2024 j'aimerai l'ouvrir à la co-habitation. Offre : J'aimerai accueillir des personnes prenant plaisir de jardiner, le jardin nourricier (...)

. . Création / Inspiration / Sérénité. . (Rencontres amoureuses)

Projet : Hello, Je recherche une personne équilibrée, femme, qui souhaite vivre au contact de la Nature et au Calme, sans être trop isolé(es). Le but est de vivre confortablement, en harmonie, et (...)