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Maison en paille

le 14 janvier 2021

Accident de chantier en autoconstruction

Lettre d’information Rahmabaman n°2 (DOCUMENT D’ARCHIVE)

Nous avons reçu cet été le message de Philippe (administrateur du réseau des Compaillons) informant de l’accident de Marc Balocco, auto-constructeur dans le Vaucluse, et des réactions de Jean-Pierre Oliva et de Charles Gueyte.

Vous trouverez tout cela plus loin, ainsi que ma réponse à certains des propos tenus, en particulier par Jean-Pierre Oliva : après un appel à solidarité auquel on ne peut qu’adhérer, le ton et les mots de la fin des messages m’avaient paru assez déplacés en la circonstance. Ils suscitaient la réponse contradictoire d’un auto-constructeur défendant plus la solidarité horizontale gratuite que le recours systématique (et systémique) souvent très coûteux aux professionnels... Une démarche alternative concrète s’affiliant au slogan : « Travailler moins pour vivre mieux » ou à l’anti-slogan « Travailler moins pour gagner moins ».

Depuis, les semaines ont passé et au-delà de la polémique à laquelle peuvent inciter les propos de Jean-Pierre Oliva et de Charles Gueyte, je propose que nous utilisions cette occasion pour aborder la question concrète des liaisons entre auto-écocons- tructeurs-trices et professionnels de l’éco-habitat que nous souhaitons voir exister et porter dans et par le réseau Rahmabaman.

Pourquoi cette réflexion conjointe ?

Après en avoir discuté un peu avec Dirk et Loïc, plusieurs intérêts apparaissent :

1 - Si le réseau Rahmabaman a démarré (en octobre 2005) autour du principe fondateur d’une solidarité entre autoconstructeurs-trices et toutes personnes intéressées par une démarche écologique d’autonomisation, en tenant plutôt à distance les professionnels, une évolution peut ou doit sans doute se produire.

Il n’est donc pas prétentieux de dire que nous sommes assez bien placés pour initier cette réflexion. En effet, il est assez remarquable de noter qu’à l’initiative ou au centre de plusieurs réseaux d’auto-écoconstructeurs, il y a assez souvent un ou des professionnels. Ce qui ne pose pas forcément de problème, mais…

2 - Même si un certain nombre de professionnels ont le désir de l’éviter, une tendance l’emportera constamment.

En effet, en l’absence d’une vraie réflexion posée et collective sur le sujet, c’est assez inévitablement la relation conventionnelle qui risque fort de s’installer spontanément. Une relation tendue vers sa hiérarchisation, sa « « marchandisation » aux dépens de l’auto-écoconstructeur. Une relation de pression plus ou moins forte du professionnel et symétriquement de soumission plus ou moins volontaire de l’autoconstructeur.

Dans ce sens, l’autoconstruction tendrait à devenir en quelque sorte une affaire… de professionnels, d’abord.

3 – Il s’en suit, pour les auto- constructeurs-trices pourtant initiateurs et responsables, une large dépossession de leurs projets.

Or, ceux-ci revêtent souvent une dimension à proprement parler extra-ordinaire. Créatifs, ces projets nourrissent d’autant plus leurs auteurs qu’ils font aussi appel à la solidarité, aux liens humains non marchands, qu’ils relient à une tradition populaire retrouvée. Ils donnent corps au désir d’autonomie et de distanciation critique par rapport à la machine économique et à son déterminisme.

Souvent familiale et touchant le besoin humain fondamental et quasi universel de faire son habitat sur cette terre, en respect avec elle (respect à retrouver pour nous), l’autoconstruction constitue au fond une expérience réellement structurante, individuellement et socialement.

4 - Nul doute que l’éco-business va s’emballer. Et qu’il nourrisse de plus en plus le monstre économique et financier, le mythe d’un productivisme et d’une croissance maximale désormais estampillés : écologiques et durables.

Tout est en marche, côté pouvoirs économique, médiatique et politique pour répondre ainsi à une montée de l’inquiétude face à la situation écologique et à une demande de plus en plus forte pour un habitat plus naturel, moins polluant.

Des professionnels du bâtiment (mais pas seulement) plus ou moins compétents en matière d’écohabitat pénètrent déjà le créneau.

Or, si nous souhaitons participer à de réelles transformations, à faire vivre d’autres valeurs et à proposer des alternatives, il est nécessaire de penser et d’agir collectivement, en plus de notre propre démarche de cohérence individuelle.

Ensemble, dire et montrer :
 qu’il n’est pas inéluctable de se placer en état de dépendance et à l’extrême de se muter en client/consommateur devant les professionnels et les experts.
 que la maison écolo passive à 800 ou 100O euros le m² ne représente pas une réussite écologique et sociale extraordinaire et un prix plancher incontournable. qu’on ne finance pas un désir ou un rêve de maison en s’endettant à mort.

Et affirmer bien plutôt :
 que dans une démarche écologique et sociale, nous privilégions la solidarité, l’autonomie et la simplicité.
 qu’un habitat choisi est un droit pour tous (voir Le Manifeste pour un droit au logement choisi proposé par l’association Macabane www.macabane.info )
 que ce droit et sa réalisation dépendent fondamentalement de notre capacité à être collectivement actifs. Et qu’ils ne devraient pas être soumis au diktat du marché et du pouvoir d’achat.

Dans la perspective d e construction à terme d’une charte qui pourrait, pourquoi pas, être ensuite confrontée au jugement critique d’autres réseaux d’auto-écoconstructeurs, je vous propose donc de démarrer dès maintenant un échange sur cette question de la relation souhaitable selon vous entre auto-écoconstructeur-trice et professionnel.

Message de Jean Pierre Oliva

Bonjour,

Je relaye le message d’un autoconstructeur (bois+paille) découvert hier par hasard dans le journal local "La Provence" : Il rapporte un accident dramatique survenu sur un autre chantier bois+paille la semaine dernière à Piolenc (prés d’Orange) et initie une chaîne de solidarité afin que le bâtiment en cours, interrompu sans doute pour plusieurs mois, ne soit pas ruiné.

L’accidenté est dans le coma, mais il semble aux dernières nouvelles que sa vie ne soit plus en danger et nous espérons ardemment qu’il n’aura pas de séquelles graves. Aujourd’hui, Il s’agit de bâcher efficacement l’ensemble de la construction (vents violents) pour un temps peut-être long, et cela doit être fait impérativement avant les pluies, imprévisibles en ce moment comme vous le savez. Je vous recopie ci-dessous les mails de Charles Gueyte (le lanceur de l’appel) avec ses coordonnées si certains veulent venir aider.

On ne soulignera jamais assez que la de la paille, même "douce", est d’abord un métier avec ses règles forgées par des générations d’expérience.

Sans me permettre de juger de ce qui s’est réellement passé, cet accident grave rappelle qu’il y a au mythe de "l’auto-construction pour tous" des conséquences encore pires que les contre-exemples engendrés par les approximations et les "c’est-un-jeu-d’enfant" répandus par certains (demain dimanche, dans E=M6, un reportage sur les maisons paille où je rappelle cela, mais je ne sais pas si ça a été gardé, malgré mon insistance)

Amitiés à tous, JPO

Objet : Accident dramatique

Bonjour,

Avec mon épouse, nous sommes des lecteurs assidus de votre magasine, et suite à la parution du n°40 nous allions répondre dans quelques jours à l’enquête nationale sur les maisons paille (page 5 du n°40) car nous sommes auto-constructeurs d’une maison de ce type dans le département du Vaucluse (84).

Mais l’objet de ce message est ailleurs et dramatique : Mardi 21 août, Marc BALOCCO, lui aussi auto-constructeur de sa maison écologique bois-paille (technique du GREB) à PIOLENC dans leVaucluse, vient de chuter de son toit (maison avec un étage-8 m de haut) lors du début de réalisation de sa toiture. Héliporté depuis le Vaucluse sur l’hôpital de la Timône à Marseille, il est toujours dans le coma, avec traumatisme crânien, fracture de la hanche, éclatement de la rate et de multiples contusions. Son état de santé est toujours réservé, même si certains examens sont encourageants pour la suite.

Il venait de quitter son activité professionnelle (mécanicien poids-lourds) pour se consacrer exclusivement à la construction de sa maison.
 Actuellement une chaîne de solidarité se met en place, le toit de sa maison vient d’être couvert de bâches pour éviter autant que faire se peut les infiltrations d’eau, et samedi prochain, avec l’aide du Maire de Piolenc et des moyens municipaux mis gracieusement à disposition, les murs en paille apparente et non encore enduits seront eux aussi bâchés pour éviter le pourrissement de la paille déjà installée.
 Si nous lisons souvent dans les colonnes des revues écologiques les réticences des maires à comprendre ce genre de construction, et les obstacles à lever pour arriver à ses fins dans ce genre de réalisation, il doit être noté avec force l’action de Monsieur le Maire de PIOLENC pour son implication totale dans tout ce qui touche l’environnement.

D’une part, il a tout fait pour que le permis de construire de Mr BALOCCO soit accepté (un an de “chamailleries intenses” avec la DDE et la Préfecture du Vaucluse), mais, par arrêté municipal, il refuse désormais tout permis de construire qui ne comporte pas au minimum le chauffe-eau solaire et une cuve de récupération d’eau de pluie d’une capacité minimale de 10 000 litres (avec aides financières municipales). Sur sa commune vont voir le jour l’installation d’éoliennes, un parc de 50 hectares de production photo-voltaïques (dossiers bouclés en phases de réalisations) et le tri sélectif des ordures ménagères sur sa commune est très poussé (sans commune mesure avec les statistiques nationales).

Pourriez-vous mettre en garde vos lecteurs sur les dangers de l’auto-construction d’une part, et faire savoir qu’il y a des élus audacieux qui sont très sensibles à l’environnement d’autre part ?

Merci d’avance.

Charles GUEYTE.

PS : Normalement nous devrions être sur le chantier de Marc Balocco samedi prochain pour protéger les murs avec l’aide de la Mairie de Piolenc.

Réflexions de Maxime Vasseur, inspirées par l’accident de Marc

Toutes nos activités comportent une part de danger variable. On n’y pense généralement pas et d’une certaine manière, c’est tant mieux.

En revanche, je suis convaincu par expérience qu’un autoconstructeur a conscience du risque que comporte le choix qu’il fait. Une préparation plus ou moins longue est faite. Une telle décision mûrit dans un esprit adulte ( « des » esprits adultes puisque cela concerne souvent un couple) quel que soit l’individu concerné. Qu’il soit mécanicien, enseignant ou autre.

Des données fiables permettent-elles d’affirmer que les activités professionnelles et la construction par des gens de métier, engendrent moins d’accidents que l’autoconstruction et les activités de bricolage en général ?

Personnellement je n’ai pas de telles données et je n’affirmerai rien. On peut cependant constater que l’activité professionnelle s’échelonne sur plusieurs décennies et qu’elle est une contrainte quotidienne soumise à rentabilité, à déplacements plus ou moins longs. Ce n’est pas le cas de l’auto-construction qui s’étale sur quelques années et qui est un choix réel pour ne pas dire libre [1].

Autre constat objectif : En France, actuellement les morts par accidents du travail professionnel (700 environ annuellement) sont plus nombreuses que les morts par crime. D’une manière générale, les accidents du travail sont en croissance. Si on pense aussi aux blessures plus ou moins invalidantes, aux maladies professionnelles reconnues comme telles ou non, aux suicides liés au travail, le titre du film « Attention, danger travail » est à prendre au sens le plus tragique.

Le sujet est délaissé par les médias qui préfèrent s’étaler sur les crimes et la délinquance et ainsi nourrir les imaginaires d’un besoin d’ordre sécuritaire. Plutôt que parler à égalité des dangers du travail qui pourraient susciter une interrogation éventuellement subversive.

Avant d’être le choix dangereux que l’on proclame [2] , l’auto-construction permet de réduire le besoin d’argent et donc de dépendre moins du travail contraignant. La dépense liée au logement étant le premier poste budgétaire d’un ménage moyen. Elle s’inscrit dans une démarche d’autonomie et d’appropriation de capacités premières. Elle est une expérience extraordinaire dans l’existence. Les femmes sont autant intéressées que les hommes.

Pour ces raisons et d’autres encore, on peut prédire que l’auto-écoconstruction va se développer peu à peu. La solidarité et les échanges gratuits vont y contribuer. Nous devons avant tout les développer, en particulier l’autoformation sur les chantiers et au cours d’ateliers qui concernent aussi les règles de prudence et de sécurité. Il est frappant de constater la variété et la richesse des savoir-faire qui se manifestent dans les groupes.

Cela constitue bien plus un progrès de la liberté et de la conscience que de l’inconscience des dangers. Cela contribue à davantage maîtriser notre existence et à changer notre monde.

Cela bouscule la frontière entre professionnels et non professionnels et cela dérange des conceptions attachées à l’ordre conventionnel.

Les professionnels, les experts et autres sages du secteur devront prendre acte et s’adapter.

Je ne connais pas Marc, mais il est bien possible que son point de vue ne soit pas si éloigné de celui que je défends.

Maxime Vasseur

Notes

[1Autoconstructeur d’une maison en bois il y a quelques années et actuellement d’une bâtisse en paille, je note qu’en ce qui me concerne, la paille incite à construire plus vite, par crainte de la pluie. C’est là sans doute un de ses rares défauts, qu’on peut cependant réduire techniquement.

[2Il est aussi courant d’entendre dire que le taux de divorce chez les autoconstructeurs est de 50% : une statistique marquante, bien que venue d’on ne sait où.


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