Pourquoi une ferme collective ?
Aujourd’hui l’État et l’économie de marché abandonnent des campagnes qui ne sont plus suffisamment productives et attractives. Ces campagnes habituées à être gérées par ces deux tutelles plongent alors dans un fatalisme qui entraîne la disparition de l’activité et la raréfaction de la vie sociale rurale. Ainsi la région montagneuse du Livradois-Forez où nous vivons, fortement marquée par une histoire agricole d’élevage et par différentes industries, subit de plus en plus la disparition de nombreuses fermes entraînant une plus grande dépendance à cette industrie qui elle-même délocalise et ferme ses ateliers.
Ancrés dans cette réalité, nous voulons avec ce projet proposer des solutions pour vivre ici en permettant l’accès, si difficile, à des terres agricoles. Nous voulons créer des formes d’organisations sociales modernes basées sur l’autogestion, des économies qui se soutiennent portées par des personnes qui décident ce qu’elles produisent et ce qu’elles ne produisent pas et qui définissent leurs perspectives communes. Des personnes qui prennent plaisir à accueillir de nouveaux arrivants et qui choisissent de vivre dans ces montagnes.Cette ferme collective a pour but de maintenir, d’initier ou de soutenir collectivement l’installation de producteurs/productrices agricoles (ou artisanales dans le prolongement des activités agricoles) et d’activités vivrières ouvertes à toutes et tous. Des productions agricoles assurant entre autres les besoins financiers des producteurs et des productrices, des activités vivrières pour notamment satisfaire les besoins alimentaires, matériels et d’apprentissage de ceux et celles qui les réalisent.
Ces deux types d’activités complémentaires contribueront à faire vivre, financer, nourrir et animer cette ferme collective.
Ce projet a aussi pour objectif de développer un réseau de lieux d’activités et de productions pour avancer vers les différents aspects de la vie non-industrielle. Pour retrouver une globalité dans nos vies et rechercher une certaine autonomie, pour éviter les dépendances à une industrie qui nous fait perdre peu à peu tous les savoir-faire notamment nourriciers en les détruisant ou en les détournant mais aussi les pratiques de vie commune en séparant chaque geste, chaque métier, chaque individu dans une vie cloisonnée et impuissante.
Pour sortir des solutions uniquement individuelles, en s’organisant collectivement, cette ferme souhaite créer une économie en partie commune aux différentes activités du lieu en utilisant ses terres cultivables, ses prés, ses bâtiments et son matériel en développant et partageant des savoirs faire agricoles et artisanaux.
Une ferme collective pour :
- Acquérir en commun une ferme diversifiée, maintenir et développer des pratiques et des savoirs agricoles nourriciers (vivrier et/ou rémunérateur), lieu de production non-industriel qui recherche la transformation des rapports sociaux donc des rapports de production.
- Répondre aux besoins de se nourrir, de cultiver, d’élever, de transformer et fabriquer et aussi de se rencontrer en partageant des activités communes, en pratiquant des échanges, en débattant, en créant de l’entraide et du soutien.
- S’approprier une ferme, du matériel géré en commun avec une économie en partie commune entre des projets économiques agricoles (ou artisanaux dans le prolongement des activités agricoles) et des activités vivrières.
- S’éloigner du salariat et de la tutelle sociale étatique, mais aussi de l’auto- entrepreneuriat individuel pour rechercher une autonomie collective concrète.
- Partager une manière d’habiter le pays en créant des réseaux d’échanges alimentaires, de matériels, de temps et de réflexions sur la manière commune d’habiter et de transformer ce pays.
- Construire, participer et apporter des moyens à des initiatives de critiques sociales, de luttes, de débats et d’informations.
L’idée est de rendre collective la propriété foncière et les outils de production. De s’appuyer au départ sur des activités économiquement solides déjà en place pour faciliter et soutenir l’installation d’activités agricoles, artisanales et vivrières qui, une fois pérenne, permettront à leur tour et à travers la structure collective de financer et d’aider d’autres projets économiques ou vivriers.
Un des objectifs à terme est ainsi d’étendre alentours à d’autres lieux d’activités un fonctionnement de solidarité, de soutien et d’économie commune et la possibilité de faire vivre plus de personnes localement tout en renforçant les capacités à transformer les rapports sociaux d’un territoire.
Description du projet
La ferme collective est imaginée en différentes entités :
- Une structure propriétaire du lieu
- Une coopérative de producteurs
- Des collectifs vivriers.
- Une association « Ferme Collective »
La structure propriétaire :
La ferme est depuis quinze ans la propriété d’un éleveur de vaches limousines qui propose aujourd’hui qu’elle devienne collective.
La propriété comprend :
- 10 ha en propriété autour de la ferme
- 80 ha en location en plaine, mi-montagne et estive
- Une stabulation
- Deux étables et deux granges
- Une petite maison (en phase d’aménagement pour un fournil)
- Un appentis cuisine collective
L’objectif de cette structure propriétaire est d’empêcher la réappropriation individuelle et la spéculation immobilière et de préserver les terres et les bâtiments agricoles.
Le rachat de la ferme sera possible sous la forme d’une location-vente et l’ensemble deviendra propriété collective sous une forme juridique à créer. La mise en place de cette structure propriétaire est prévue début 2017 après un bilan de l’adhésion au projet et de sa pertinence.
La coopérative producteurs/artisans :
Une structure qui regroupe les différents producteurs et productrices du lieu ayant montés leurs activités économiques dans la ferme, utilisant du matériel en commun et s’organisant en soutien les uns envers les autres. Ils et elles participent au développement de leurs activités du projet collectif de la Ferme. Aujourd’hui sont déjà en place un élevage de vaches allaitantes et un fournil.
Les activités vivrières :
La participation aux activités vivrières n’implique pas forcément une présence aux autres réunions et autres activités de la ferme. Les activités vivrières ont été pensées pour répondre en groupe à des besoins alimentaires, pour apprendre à cultiver la terre, élever, transformer des aliments et apprécier ce que nous mangeons. Pour permettre ainsi l’accès à des terres, à des bâtiments et à des outils à ceux et celles qui n’en n’ont pas. Aujourd’hui trois activités sont déjà en place : un potager, un poulailler et un élevage de cochons.
Pour compléter ces activités vivrières, des journées collectives sont imaginées regroupant des personnes intéressées par des productions choisies en fonction des besoins communs de chacun et dont le matériel de la ferme permet la réalisation : fabrication de pain, cultures de céréales, de légumes de garde, production de plants, bois de chauffage, etc...
L’association « ferme collective » :
Cette association est centrale dans le projet. Elle est distincte de la structure propriétaire pour préserver celle-ci des difficultés éventuelles de l’activité. Elle anime, organise et oriente le projet collectif avec un fonctionnement autogéré. Elle récolte les fonds pour le rachat de la ferme et prend à sa charge la mise en place des outils de production pour que les investissements liés aux installations ne soient pas un obstacle à la réalisation des projets et pour que ces mêmes outils perdurent au-delà des personnes présentes.
Accueil :
La ferme est un espace d’activités partagées mais n’est pas un lieu d’habitations collectives ou de séjours longs. Le séjour provisoire de personnes nouvelles sera possible si prévue à l’avance et selon les disponibilités d’accueil de chacun discutées lors des réunions d’organisation hebdomadaire.
Nous faisons appel à vous :
Pour lancer cette ferme collective il est nécessaire que d’autres projets d’activités vivrières ou de productions prennent place et que de nouvelles personnes les portent ou participent à celles déjà existantes.
Nous avons pensé à différentes activités, en plus de celles déjà existantes, qui seraient particulièrement adaptés à la ferme et au territoire d’Ambert mais ce ne sont que des suggestions :
- Productions et activités vivrières réalisables parmi d’autres : une conserverie, un élevage de volailles, une production de petits fruits rouges avec transformation, des élevages herbivores pour le lait ou la viande,culture de céréales, arboriculture, apiculture...
- Ateliers : un atelier mécanique.
Bonjour,
je cherche des camarades pour faire revivre une ferme abandonnée depuis 10 ans dans le sud des hautes alpes, j’envisage une installation agricole comme éleveur ovin mais je souhaite diversifiée les activités (je fais déjà un grand jardin, des plantations d’arbres, de boutures, de greffes) quelles soient professionnelles ou vivrières. Mon envie est surtout de retrouver les savoir faire pour tendre petit à petit vers l’autosuffisance, le travail manuel et en traction animale. Il y a de la place, des terres à occuper, des bâtiments pour travailler et aménager, et tout à imaginer.
N’hésitez pas à m’appeler et à venir visiter, j’ai peu de temps pour répondre par internet. 04 92 50 53 71 Thierry les Clots, 05700 Sainte-Colombe