Dans l’imaginaire collectif, l’étiquette d’ « inactif » draine un tas d’images négatives, de paresse, de fainéantise. Pour certains, il est urgent de “remettre ces profiteurs au travail “. Ces individus sont-ils pourtant si inactifs que cela ? L’homme, quel que soit son statut, agit : il pense, réfléchit, s’organise, communique... des activités, donc, qui lui vaudrait l’étiquette d’“actif”.
Mais pour être reconnue, il semble que notre énergie doive être orientée et intégrée dans le système économique.
C’est ainsi que l’emploi salarié est devenu peu à peu la seule forme d’énergie qui permette l’intégration sociale. L’emploi est l’occupation de l’individu, correspondant à l’ensemble des activités rétribuées, dans un système économiquement organisé. L’emploi ets donc bien une construction sociohistorique, à l’opposé du travail qui regroupe toutes les activités immanentes de l’homme, c’est-à-dire tout ce qui se réfère à sa pensée, sa volonté, son intériorité, son éthique, sa spiritualité, et son agir transitif, c’est-à-dire son action pour transformer son milieu extérieur, qu’il soit naturel ou social.
Tout dans notre vocabulaire tend à créer la confusion, comme par exemple : « je vais au travail », « il faut revaloriser la valeur « travail », toutes ces expressions créent l’amalgame entre le travail dans toute sa diversité et l’emploi salarié devenu la norme. Cette confusion a pour conséquence d’exclure toutes les autres formes de travail, comme l’implication bénévole ou volontaire dans des associations, la création artistique, le jardinage ou les travaux domestiques. L’Insee, et là encore c’est très discutable, distingue l’ économie dite “formelle “ de l’ économie dite “informelle ». Cette perception binaire du réel tend à ne reconnaître qu’une forme de système, laissant de coté les SOL, les SEL1 (qui sont pourtant eux aussi des systèmes formalisés) et ceux qui y participent activement.
Il paraît fondamental de prendre du recul avec les termes usités, de les questionner pour savoir à quoi ils renvoient et sur quels fondements ils reposent. Ce devoir critique est nécessaire car comme le disait Camus, « mal nommer les choses, c’est participer au malheur du monde ».
Pour nous, l’enjeu est de discuter la place que l’on souhaite donner à chacun dans la société et de savoir sur quels critères nous nous appuyons pour cela (sont-ils seulement économiques ?)
Une telle démarche permettrait à de nombreux individus (« inactifs », retraités, femme ou homme au foyer...) de retrouver une place et d’être reconnus dans le rôle qu’ils jouent dans la société.
Questionner le travail est pour beaucoup le début d’un cheminement qui aboutit à donner plus de sens au quotidien par l’élaboration d’un mode de vie écologique, dans le cadre d’un écovillage par exemple. C’est d’ailleurs précisément ce dont témoigne Pierre Carles dans son film "Volem Rien Foutre Al Païs" dont nous avons publié une chronique dans la revue Passerelle Eco n°25.
Aussi, c’est avec intérêt que nous avons accueilli la proposition puis la visite de Samuel.
Samuel Michalon a réalisé son mémoire de fin d’étude de Psychologie sur le sujet du "travail" et des représentation sociales du travail et du non-travail.
Nous vous livrons ci après le texte intégral de son étude.