Cet article a été publiée dans la Revue Passerelle Eco N° 11 - Hiver/2003.
Essai de définition :
Admettons que Village, difficile à définir, désigne un lieu regroupant environ une centaine de personnes et que le terme éco, signifie que ce village est manifestement porteur des spécificités propres à tout projet écologique.
Les puristes diraient qu’en dehors des communautés isolées d’Afrique et d’Asie du Sud, il n’y a pas d’écovillages répondant à cette définition car nous sommes tous bien trop intégrés dans l’économie globale pour en permettre l’éclosion... C’est assez vrai, mais il y a dans nos régions industrialisées un certain nombre de lieux suffisamment peuplés et imprégnés de notions écologiques fortes pour être, à juste titre, assimilés à des écovillages en devenir. Findhorn, mon chez moi, en est un.

L’habitat participatif, les écolieux, les écovillages et leur parcours de création : organisation, financement par l’emprunt participatif, juridique pour le foncier et pour les activités, étapes des (...)
Pourquoi y-a-t-il des écovillages bien implantés dans certaines régions et pas dans d’autres ?
Les réponses invoquées lors de l’Assemblée Générale du GEN Europe, (Global Ecovillage Network) à la communauté de ’Arche de La Flayssière en Juillet dernier, notamment par mes amis et collègues français, étaient le tempérament et le caractère des habitants tout autant que le cadre légal. Cela ne m’a pas convaincu…
En bref, ils disaient : “Nous, les Français, nous sommes incapables de soumettre notre individualité aux impératifs du collectif, nous sommes attachés aux conflits internes et aux engueulades, et ce, particulièrement dans les mouvements alternatifs ou radicaux. De plus, nos parlementaires et autres faiseurs de lois nous interdisent toute possibilité de créer un lieu de vie alternatif de taille importante”.
Ecovillage : la certitude d’agir juste
Attardons nous un instant, sur ces écovillages en devenir qui existent en Europe : Findhorn, dans le lointain Nord écossais, Damanhur dans les hautes vallées du Nord de l’Italie, Zegg en Allemagne, Tamera au Portugal, Lebensgarten également en Allemagne et peut-être quelques lieux d’habitat collectif autogéré au Danemark et aux Pays Bas.
Sans vouloir être ici exclusif, il faut bien reconnaître que si l’on s’en tient à la taille minimum requise, ce sont là, les seuls lieux qui méritent le nom de “villages”, du moins pour l’heure. Est-ce que ces lieux ont quelque chose en commun au plan de la culture nationale, de la mentalité ou du cadre légal ? Si vous découvrez quelque chose à ce propos, faites-moi signe car personnellement, je suis incapable de répondre !
“Ne doutez jamais qu’un petit groupe de citoyens réfléchis et déterminés peut changer le monde. De fait c’est la seule chose qui l’ait jamais changé”. Margaret Mead
Ce que je constate toutefois est en lien avec la citation de Margaret Mead qu’on utilise d’ailleurs beaucoup à Findhorn.
Dans chacun des lieux évoqués ci-dessus, il y a des groupes de personnes vraiment extraordinaires, motivés par de grandes idées, des rêves, des visions et par une indéniable confiance en la pertinence de leur action.
Me préparant pour notre programme annuel de formation écovillage de cette année (j’y anime le module "Vivre bien, économie sociale"), j’ai demandé à une des personnes présentes ici depuis l’origine, comment ils s’étaient procurés les fonds nécessaires à l’édification de cette étonnante organisation ?
— “Se procurer des fonds ?" m’a t-on répondu en riant, "Jamais nous ne l’avons fait. Nous savions que ce que nous faisions était juste et c’était contagieux. D’autres se sont joints à nous ou bien nous ont envoyé de l’argent ! ".
Civilisation cherche grandes idées
Le tempérament national ou la législation écossaise étaient-ils particulièrement favorables à la création d’un écovillage ? Assurément non et je suis porté à croire que les fondateurs d’autres écovillages diraient quasiment la même chose à propos des lieux où ils ont réalisés leurs rêves.
Ceci ne veut pas dire que la spécificité nationale ou les lois n’ont aucune importance, mais que les différences entre les écovillages sont des différences de degrés et non de nature. Je peux vous assurer que la tendance à diviser et à se battre pour des idées font aussi partie de notre culture (et même de toutes les cultures que j’ai pu approcher !)
Les écovillages se sont construits en dépit des valeurs fondamentales des populations d’où ils émergeaient et non grâce à elles. Si les fondateurs sont parfaitement d’accord entre eux et partagent la même idée ou le même principe unificateurs, s’ils sont vraiment déterminés et impliqués, alors, ils peuvent construire un écovillage absolument n’importe où.
Mais là réside une raison majeure du développement relativement faible des écovillages ces dernières années : notre époque n’est pas dominée par de "grandes idées" comme l’étaient, par exemple, les années 60. Les gens, me semble-t-il, sont moins enclins à s’engager envers d’autres et à partager un même lieu, des idées et des projets communs ; il est tellement plus facile aujourd’hui, d’aller au bout du monde en avion !
Toutefois, l’économie soutenable et les écovillages semblent pouvoir devenir l’une des prochaines nouvelles grandes idées.
Un réseau européen d’écovillages
Nous, les écovillageois, avons donc un rôle décisif à jouer dans l’essor de ces concepts qui doivent devenir de véritables idées motrices. Une part essentielle de notre tâche consistera, je crois, à créer dans chaque région d’Europe au moins un authentique futur écovillage qui fasse figure de laboratoire social, technologique et économique, de site expérimental et qui soit un exemple pour tous les travailleurs et tous les rêveurs qui veulent passer à l’acte.
Bon courage, amis français et collègues ! Pour nous tous, la création d’écovillages fut tout autant ardue que joyeuse. Il n’y a rien dans la psyché nationale qui la rende impossible. En effet, nous pouvons, nous, “petits groupes de citoyens réfléchis et déterminés, changer le monde”.
Jonathan Dawson traduction Jean-Luc ReporTerre & Choukette
Jonathan Dawson est membre actif du bureau du Global Ecovillage Network et animateur d’un atelier des Ecovillage Training à Findhorn. Ces stages internationaux et pluridisciplinaires sont des expériences fortes pour qui veut découvrir de multiples facettes des écovillages.
Les écovillages et les écolieux en France
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Cet article a été publiée dans la Revue Passerelle Eco N° 11 - Hiver/2003.
Bonjour à tous. Tout d’abord, je voudrais rattraper mon erreur : dans la rubrique "donner son avis", j’ai cliqué sur "je n’aime pas" car je croyais, en le faisant, découvrir pourquoi certains n’aiment pas votre article. Je croyais à un blog en quelque sorte. Oh je sais, pas très pro de l’ordi le gars. Vous avez raison, je le reconnais. Pour revenir à nos moutons, je vote donc " j’aime ".
J’en profite pour expliquer ma venue sur les sites parlant des écolieux : Retraité dans 3 ans, je cherche un écolieu ( normand d’abord ou autre ) dans lequel je pourrais m’insérer. Je m’abonne de suite à la revue Passerelle Eco, et accepte vos pistes si vous en avez. Cordialement.