Parcours personnel
Marie Hèlene : Je connais les difficultés des agriculteurs, car j’ai été agricultrice pendant 15 ans. J’ai fait partie aussi de l’association du marché paysan qui a intégré des consommateurs à son fonctionnement et qui fait des animations sur le marché.
Avec eux on a travaillé à éliminer les sacs plastiques sur le marché, en demandant aux consommateurs d’amener leurs sacs. Ainsi, on s’est aperçu qu’il y avait une demande de la part des agriculteurs, car ils écoulent de moins en moins sur le marché. Comme certains font parfois 80km aller et retour pour venir, c’est dur-dur quand ils ne font que 50 .
Je me suis longtemps occupé du SEL aussi, on est une soixantaine, mais là j’ai passé la main pour m’occuper de la coopé.
Il s’y est ajouté une coordination interprofessionnelle créée pendant les mouvements sociaux du printemps. Les intermitents ont trouvé ça super : les gens ont besoin de concret !
Tout ça c’est très lié, on utilisera peut-être le SEL pour gérer les temps de bénévolat dans l’association.
Le bitérois
Notre public est très varié, tant sur les idées (politique, santé, alternatives, ...) que sur les revenus. Il y a des motivations très larges : Béziers est une ville sinistrée, il y a 18% de chômage, beaucoup de retraités et très peu d’actifs, tout est à faire. On a quelques associations locomotives pour ce projet : le SEL, ATTAC, l’association régionale d’écologie, l’association bitéroise contre le racisme, ...
Nous avons tout d’abord créé l’association Ici et Là, qui a pour objectif d’accompagner des projets hors norme. Elle va ainsi porter le fonctionnement de cette coopé, le temps que ça se mette en place. Ensuite, quand le fonctionnement sera bien en place, on pourra créer la structure juridique la mieux adaptée. Là, on est en train d’acquérir un local. Pour cela on a réuni des dons, et on va compléter par des prêts et un emprunt à la NEF. Il y aura une SCI pour assembler ce capital, et l’association, qui reçoit les dons, en sera actionnaire grâce à eux, aux côtés des prêteurs privés.
Ce lieu hébergera aussi les autres activités de l’association, ainsi que le SEL du Bitérois.
J’ai fait la tournée des producteurs Pour tout mettre au point, j’ai passé une demie journée en moyenne avec chacun des 20 producteurs.
Je leur ai demandé de définir :
– leur(s) produit(s)
– leur période de production,
– leur cycle : à quel moment de l’année, du
mois ou de la semaine les produits sont disponibles
– la logistique : est-ce qu’ils descendent à la
ville au marché ? ou sinon, est-ce qu’ils se rapprochent
d’un autre marché où il est possible
de récupérer la marchandise ? Est-ce qu’il faut
aller chercher chez eux ? Est-ce qu’ils peuvent
confier la marchandise à quelqu’un d’autre ?
– les conditions de transport et stockage (pour les produits frais / pas frais )
– le prix
– la quantité globale qu’ils peuvent fournir.
À terme, une salariée est prévue
Ç’aurait été trop compliqué avec juste du bénévolat d’avoir beaucoup de produits disponibles 2 fois par semaine.
Pour payer un salarié, la coopé fera une marge sur la vente en achètant au prix "sortie de ferme" au paysan, et revendant au "prix marché", qui reste raisonnable. Pour l’instant, pour le lancement, la coopé repose entièrement sur le bénévolat.
Comme je suis au chômage, je touche les ASSEDIC jusqu’en Juin, et je mets au point ce projet. En juin 04, la structure devrait être lancée et pourra m’accueillir comme salariée.
Le fonctionnement
J’ai repris des AMAPs l’idée de faire des commandes trés à l’avance. Ainsi, on peut encourager les installations de nouveaux agriculteurs, ou permettre de lancer des productions encore inexistantes, par exemple en légumes secs. Ainsi, une maraîchère d’Agde est prête à faire du pois chiche si elle est assurée de l’écouler.
En général on paye à la livraison sauf cas particulier, à l’avance, pour encourager.
Par rapport au marché, le choix de produits sera beaucoup plus grand, et comme il n’y aura pas de stocks ni d’invendus, les prix seront inférieurs à ceux d’un magazin pour les produits frais ou non transformés.
Cet article est extrait de Passerelle Eco n°13, la revue de l’écologie pratique et des alternatives concrètes
Par rapport à une biocoop : la biocoop demande des prix très bas aux producteurs et elle exige que les produits soient livrés, ce qui est trop contraignant lorsqu’il y a peu de débit. Notre structure vise à remédier à cela en permettant aux paysans d’acheminer leurs produits jusqu’en ville, et en leur achetant au même prix qu’à la ferme. De plus, par principe, notre coopé ne va s’approvisionner que chez des producteurs locaux (moins de 150 km), en bio au maximum, ou sinon, dans l’agriculture paysanne. En fait, il y a déjà une biocoop sur Béziers, et elle participe à ce projet.
54 adhérents se sont engagés à commander à l’avance, et ils payent à l’avance aussi. On va sûrement ouvrir pour chacun un compte, qui sera approvisionné au besoin, et sur lequel seront prélevées les commandes à chaque fois. De plus, les clients s’engagent à donner un certain temps de bénévolat (10h par an) pour la préparation des commandes et la distribution.
La coopé a réalisé le 25 Octobre sa première distribution de légumes.
Il y en a désormais une le mardi et une le samedi où les paysans viennent à la fois pour le marché et pour la coopé...
Juste pour info, il y a un S à la fin de Béziers ;)