Le corps de la femme, passeur de vies
Mais si elle dénonce la « pathologisation » d’une compétence féminine fondamentale, Joëlle n’en renonce pas pour autant à la rigueur scientifique. A l’investigation historique et à l’analyse sociologique vient alors s’ajouter une réflexion sur la physiologie de la naissance, qui considère le corps vivant et en mouvement libre.
La genèse du placenta, l’hémodilution et l’anémie, le diabète gestationnel et le « gros bébé », la césarienne, la douleur, sont autant de thèmes démystifiés car abordés selon un point de vue qui considère la grossesse et l’enfantement comme normaux, c’est-à-dire ayant leurs propres normes.
Car le corps de la femme, qui est un « corps propre » et pas un « corps médical », a besoin de liberté de mouvement pour remplir au mieux son rôle de « passeur de vies ». Alors, dans un troisième registre littéraire, celui de la conteuse et de la poétesse, Joëlle nous invite dans l’intimité des femmes qu’elle a accompagnées, en nous livrant des récits de naissance sublimes et émouvants.
Des naissances « naturelles » ou physiologiques, des naissances libres ou autonomes, des naissances sauvages ou animales. Des naissances heureuses, le lieu important peu, au fond. C’est cette vision de la naissance respectée dans son processus que cultive et transmet Joelle Terrien. Son livre est une invitation à changer de point de vue sur le « passage de vies » que sont le corps de la femme et la mise au monde.
Mon point de vue de lectrice Caro
Ce livre est le témoignage d’une sage-femme à contre-courant, Joëlle Terrien, qui croit à la VIE, qui ose accompagner les naissances des petits d’hommes dans la confiance, sans montre, au sein des familles ou ailleurs, le lieu importe peu.
Nous explorons alors la pratique de cette femme, accompagnante des femmes qui savent, dont on respecte le corps et l’esprit. C’est aussi l’occasion de découvrir l’univers des sages-femmes à travers l’histoire et aujourd’hui en France. Un argumentaire détaillé fait apparaître les dysfonctionnements de notre « système » de naissance avec sa palette de médicalisations à outrance.
Merci Joëlle de nous permettre de croire à la naissance libre !
Plus de détails
Il existe de nombreux ouvrages sur la naissance respectée, l’accouchement à domicile, la préparation à la naissance en France et dans le monde. Plusieurs d’entre eux sont écrits pour préparer les parents, les accompagner à travers des exercices, des témoignages d’autres parents, des postures...
Le livre de Joëlle Terrien reflète plutôt la pensée, l’idée d’une sage-femme à contre-courant.
On découvre sa manière d’appréhender la maternité, la grossesse et la naissance qui respecte la mère, le petit d’homme, le père, acteurs principaux de ce passage de VIE. Des témoignages de naissances libres auxquelles a assisté Joëlle ponctuent l’ouvrage de manière touchante.
L’histoire du métier de sage-femme y est relatée chiffres à la clé avec son évolution, ses pratiques, ses conditions actuelles. Il y est donc question également des conséquences de la surmédicalisation de la grossesse et de la naissance qui entraîne bien souvent des complications.
Sa pensée est globale, elle parle de peur, de mort, de risques pour mieux apprendre à vivre avec et regarder la réalité en face. Et si vivre était « prendre des risques » ?
Enfin une sage-femme qui ose, à travers ses témoignages, faire preuve d’une grande écoute lors des accouchements auxquels elle est conviée, qu’ils soient à la maison, dans un gîte ou en structure car finalement le lieu importe peu. Elle nous montre, comment, malgré la connaissance médicale, il est très souvent efficace de « ne rien faire », de laisser celle qui sait dans son corps, œuvrer pour le Passage. Un accouchement « sans montre », dans la confiance, l’écoute et le ressenti de tout ce qui prouve que « tout va bien » pour la mère et l’enfant à naître. Ce genre d’attitude permet à la mère de rester le plus en phase avec elle-même, son ressenti et son bébé. La sage-femme sait se faire discrète si tout va bien et fixe son attention sur les signes d’avancement qui sont si nombreux quand on sait bien regarder « appétit, mouvement du corps, odeurs, respiration, plaintes... » et qui évitent les gestes intrusifs alors inutiles.
La sage-femme peut guider légèrement par des gestes ou la parole que ce soit pour l’expulsion ou la délivrance. Le temps est respecté. Le temps d’ouvrir le Passage, de caresser une dernière fois son bébé de l’intérieur...
A la question comment se permettre une telle liberté d’action ? Joëlle répond ainsi « si l’école nous a appris les risques rares, nous obligeant à contraindre TOUTES les mères afin d’en sauver peut être une, il me semble tout aussi important d’apporter au plus grand nombre le confort qu’une seule a pu décrire ».
On y parle aussi de pères, de leur place respectée, de leurs peurs des risques, de leur difficultés face à la douleur et de la nécessité de leur permettre de vivre leur accouchement.
Ce livre porte la réflexion de la place de la femme dans la société, et de la femme enceinte ou qui accouche dans une société patriarcale.
Les annexes dont celle sur la préparation homéopathique du placenta nous permettent d’aller plus loin dans cette approche naturelle et respectueuse de la naissance.
Pour toutes celles et tous ceux qui ont envie de lire ce qu’une femme a permis et vécu tout bas, dans le respect de la VIE. Merci Joëlle pour ce bel ouvrage ! Un hymne à la vie dans toutes ses couleurs.
20€, Éditions L’Instant présent 2008, ISBN : 978-2-916032-10-8
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