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Vous êtes ici > Accueil > Thématiques > Effondrement > « L’Homme, cet animal raté » : extraits du livre de Pierre Jouventin

le 28 mai 2018

DOSSIER :
Pierre Jouventin et l’effondrement (7)

Extraits du livre "L’Homme cet animal raté" de Pierre Jouventin, en complément à la revue Passerelle Eco n°66 sur le thème "Effondrement écologique et social ; et Transition intérieure".

L’Homme, cet animal raté (extrait 7)

4. L’animal est-il supérieur à l’homme ? (Partie 2/3)

Assistons-nous à la fin de la conquête du monde ?

Les dinosaures ont régné longtemps sur Terre avant de laisser la place aux mammifères. Plus petits, ces derniers ont pu échapper aux effets catastrophiques de la collision avec un astéroïde dans le Golfe du Mexique (si cette hypothèse se confirme), car nos lointains précurseurs étaient petits, cachés sous le sol et probablement protégés de la vague de chaleur qui a ravagé le globe. Ce groupe des mammifères a occupé tout l’espace devenu libre.

Plus près de nous, nos ancêtres primates, descendant de leurs arbres et colonisant les savanes qu’un changement climatique avait créées, ont eu du mal à échapper puis à concurrencer les grands carnivores comme le lion ou l’hyène. La cueillette de fruits ou de racines, la collecte d’insectes ou de poissons, qui sont toujours effectués par les femmes et les enfants dans les dernières tribus vivant dans la nature, ont été complétés au cours des millénaires par un apport carné au fur et à mesure que l’homme améliorait ses techniques de chasse, de survie et de maîtrise de la nature.

Les hommes ont d’abord été des chasseurs de petit gibier et des charognards qui ravissaient des restes ou récupéraient des cadavres enlisés dans des marécages. Puis, par la sélection de clans plus efficaces pour nourrir leur progéniture donc au cerveau de plus en plus développé, nous avons vu qu’ils ont amélioré leurs techniques de piégeage et de traque, ainsi que leurs capacités d’apprentissage et d’entraide. Ils ont alors pu tenir tête aux grands carnivores et même leur ravir les proies.

En deux millions d’années d’évolution vers la chasse collective et technique, ils sont devenus peu à peu les maîtres du monde et ont rivalisé avec les meilleurs carnivores sociaux comme les lycaons et les loups. Ils ont même pu mettre le loup avec ses dons olfactifs à leur service, pour créer le chien par sélection de louveteaux dociles, puis par domestication, à la manière des éleveurs actuels.

Cette course à la performance aurait pu s’arrêter au stade des chasseurs-cueilleurs, c’est-à-dire à l’équilibre avec le milieu comme tous les animaux le pratiquent depuis la nuit des temps. Mais, depuis 10.000 ans, un seuil a été franchi qui a consisté à multiplier les ressources naturelles par l’agriculture et l’élevage afin d’accroître les populations humaines.

Comme j’ai pu l’observer en forêt équatoriale gabonaise, le gibier a dû se raréfier pour nourrir une population croissante. Il a fallu trouver de nouvelles sources de nourriture puisque les animaux sauvages devenaient de plus en plus difficiles à trouver. La solution du problème fut l’agriculture, non pas sa ‘découverte’ comme on nous le raconte, mais son extension car son principe est connu chez bien des tribus qui passent la saison difficile grâce à la culture d’un légume nourrissant mais restent des chasseurs-cueilleurs le reste de l’année. L’élevage s’est ajouté à cette mutation qui nous a obligés à nous sédentariser.

L’homme moderne est un être inachevé et imparfait qui n’a plus assez d’instincts pour se mettre en pilotage automatique comme l’animal, ni assez de raison pour se conduire lui-même. Les possibilités d’action sont trop grandes et les arguments pour choisir une direction trop nombreux. L’apprentissage et la culture, qui se sont développés chez cette espèce pour lui permettre d’aller contre ses pulsions, de réfléchir et d’innover dans les cas compliqués, se sont retournés contre lui comme dans le mythe de l’apprenti-sorcier qui ne peut plus se faire obéir de son serviteur.

Chez les mammifères les plus intelligents comme le loup, des capacités culturelles existaient mais elles ne faisaient qu’ajouter une petite part d’autonomie à ses comportements innés face à des situations complexes. Chez nos ancêtres, cette liberté croissante a été largement bénéfique dans un premier temps et nous avons été plus malin et inventif que le gibier et les concurrents. C’était donc une adaptation sans équivalent dans le monde animal, mais elle a dérapé et pris trop d’ampleur récemment, c’est-à-dire depuis 10.000 ans. Nous n’avons plus des situations simples de chasseur à affronter.

Notre domination de la nature est devenue si grande par l’augmentation de la productivité, du fait de l’agriculture et de l’élevage, que nous avons été libérés des contraintes auxquelles nous étions adaptés. Notre gros cerveau a pris alors le dessus et notre don pour la culture nous a poussé à croire en des idées fumeuses mais complaisantes plutôt qu’en des faits concrets déstabilisants.

Certains humains plus habiles et sans scrupules ont alors pu profiter des failles du système social pour leur faire croire en un avenir improbable, pour acquérir du pouvoir sur les autres, les voler, les asservir, les mettre en esclavage, les salarier dans les pires conditions d’exploitation.

Le travail, qui avait permis d’augmenter les ressources alimentaires sur la même surface mais en augmentant la contrainte, est devenu indispensable pour vivre et de plus en plus rebutant.

L’argent a été inventé, qui était un bon moyen de simplifier le troc, mais qui, là aussi, de moyen est devenu une fin. On alors inventé la démocratie pour éviter les abus de pouvoir mais les plus hypocrites ont détourné la fonction d’élu à leur avantage pour s’enrichir et diriger les autres. Cette aventure évolutive de l’espèce a donc dérapé pendant les derniers 5% de son existence.

Notre succès, qui avait été sans équivalent parmi toutes les espèces puisqu’il nous avait donné la maîtrise du monde, s’est transformé en un échec évolutif que nous ne pouvons plus corriger, ni même comprendre…

Pourquoi ce destin hors norme a-t-il touché une seule espèce ? L’extraordinaire destinée de l’homme résulte d’un concours de circonstances fortuit : l’adaptation d’un singe à un mode de vie de loup par des voies nouvelles et inexplorées jusqu’alors. C’est un hasard malheureux et non la grande chance voulue par Dieu ou notre génie que les humanismes et les religions ressassent sans réaliser que les temps ont changé.

Depuis le néolithique, l’homme est un conquérant qui ne doute pas de sa supériorité sur la nature et les animaux, et qui a su réaliser ce projet totalitaire. Mais il a une telle confiance en sa grandeur et en son astuce qui a surmonté tant d’obstacles qu’il n’a pu assimiler que cette ascension ne pouvait continuer indéfiniment. Nous risquons de devenir comme ces gens simples qui gagnent à la loterie, puis qui, après avoir tout gaspillé, se retrouvent dans la misère et la dépression, bien plus malheureux qu’avant le gros lot…

Comment se fait-il que nous soyons les seuls sur Terre et probablement dans l’univers à pouvoir prendre conscience de tout cela ? L’intelligence s’est développée dans notre espèce pour pouvoir maîtriser le monde et en particulier chasser en groupe le gros gibier. Cette compréhension inégalée des situations est bien plus grande que celle de l’animal le plus intelligent, le chimpanzé, mais c’est une propriété émergente de notre cerveau qui s’est développé pour résoudre des problèmes pratiques et alimentaires, non pour faire de la philosophie et découvrir quelle est notre place dans le monde.

Le Verbe, la Raison, la Morale ne sont que des conséquences fortuites, des propriétés émergentes, et non le but de notre évolution comme les religions et la plupart des philosophies l’ont cru. En comprenant de mieux en mieux les causes des phénomènes que les autres espèces se contentent de subir, nous avons fini par expliquer la météorologie, la mécanique, l’astronomie, et même le pourquoi de notre apparition sur Terre grâce à Darwin.

Comment l’évolution, qui ne conserve que ce qui fonctionne dans la nature, a-t-elle pu déraper et faire cette erreur d’une espèce inadaptée car sans avenir ? Comment l’homme a-t-il pu devenir cet animal raté qui n’est pas capable de durer ? C’est que l’évolution de la famille humaine a duré plusieurs millions d’années et l’exploitation de la nature a jusqu’à récemment été modérée.

Le monde a longtemps constitué une source inépuisable de ressources par rapport à la population humaine. C’est l’emballement actuel de notre démographie et de notre technologie qui, combinées, commencent à déborder des limites de la planète.

Au moment où j’écris ces lignes, des cargos sans équipage foncent sur l’Italie pour débarquer les premières vagues de migrants qui ne veulent pas mourir de faim chez eux. La Syrie, la Somalie, la Libye, bientôt l’Afghanistan, sont en guerre et devenus des zones de non-droit. Ce n’est pas seulement un mauvais moment à passer pour la civilisation, c’est le début d’un monde en crise, un défi planétaire pour bien des animaux et encore plus pour nous.

Soyons réalistes et ne nous voilons pas la face, même si cela paraît moralement impossible à énoncer tant nous sommes programmés pour croire en un avenir radieux. Les réunions internationales, qui se succèdent d’une capitale à l’autre, n’aboutissent à aucun accord international notable permettant de réduire la production de CO2 qui cause le changement climatique.

Au moment où j’écris ces lignes, se prépare le forum mondial des CAP21 et je puis, sans don de voyance, prédire qu’il sera un échec pour les pessimistes (ou réalistes) comme moi et un demi-succès pour les optimistes qui ont besoin d’espérer. Les abus de l’industrie et les pollutions qui en découlent, désertifiant en particulier la Chine, ne sont pas prêts d’être stoppés puisqu’il faut bien fabriquer à moindre coût, comme nous l’enseigne le libéralisme. Les accords mondiaux ne peuvent être trouvés puisqu’il y aura toujours un pays qui préfère polluer pour nourrir sa population et créer des emplois. Pour un pays en voie de développement comme le Brésil, cela se comprend sans doute en partie, bien qu’il saccage les forêts amazoniennes au détriment de la planète entière. Mais pour des pays puissants comme les Etats-Unis, cela est affligeant car ils sont riches mais veulent toujours plus gaspiller. Evidemment, les nord-américains, qui ont ravi leurs terres aux indiens qui les exploitaient extensivement, ont encore de l’espace disponible. Ils n’ont pas les problèmes de densification humaine de l’Europe, de l’Asie ou pire de l’Afrique. Ils peuvent encore stériliser des régions entières par l’exploitation des gaz de schiste ou rejeter toujours plus de CO2 comme au Canada en extrayant le pétrole à partir des schistes bitumineux. C’est plus cynique en Russie ou pire en Chine où l’Etat a amassé des réserves d’or et de dollars pour son projet de domination du monde alors que la majorité de la population est tragiquement pauvre et sans droits d’expression.

Malgré tous les bons sentiments et les légitimes espérances, il est donc bien évident que nous n’obtiendrons aucune mesure sérieuse de réduction des abus de l’homme alors que certaines des catastrophes climatiques au niveau mondial sont déjà irréversibles : augmentation de la température et des tempêtes, sécheresses, tornades, vagues de froid et de chaud, incendies, manque d’eau de boisson et d’irrigation, sécheresses et conflits pour l’utilisation des fleuves, augmentation du niveau de la mer, inondations, réduction du trait de côte et des zones bâties en bord de mer, envahissement par la mer des plaines en bordure de côtes comme la Camargue et le Bangladesh… Bien d’autres se préparent et vont provoquer des migrations humaines qui vont s’ajouter à la surpopulation déjà associée aux famines par manque de ressources alimentaires et réduction des espaces cultivables.

Au cours de ma vie, la population mondiale a été multipliée par 3. Quoi que l’on fasse et même si les opérations humanitaires se développent, nous ne ferons que reculer pour mieux sauter d’autant plus que ces répits et ces actions à court terme augmenteront la natalité et donc l’ampleur du désastre futur. Le changement climatique, couplé à la natalité galopante et à la pollution croissante, ne peut qu’aboutir à des catastrophes ‘naturelles’ ou des guerres ‘écologiques’ pour se partager les ressources en eau et en terre, en ressources énergétiques comme le pétrole et le gaz, en ressources minérales.

La concurrence entre pays, le chantage au développement et au chômage empêcheront un consensus international puisque le malheur écologique des uns fait le bonheur matériel des autres. Seule la pédagogie de la catastrophe permettra quelques avancées mais elles risquent d’être trop tardives et insuffisantes pour juguler des pareilles menaces.

Le dérapage peut-il être contrôlé ?

Aujourd’hui notre espèce se trouve dans l’impasse : elle pourrait augmenter un peu la productivité et surtout contrôler les naissances, mais elle ne pourra mathématiquement pas continuer à prospérer. Depuis 2007, les urbains représentent plus de la moitié de la population mondiale et, d’après l’ONU, la proportion de personnes vivant en ville devrait atteindre 70% en 2050.

Pourtant, si demain la natalité était réduite à une naissance par femme, la population mondiale chuterait d’un milliard en 2050, de moitié en 2075 et, en 2100, nous serions seulement 1,6 milliard d’êtres humains… La plupart de nos problèmes seraient résolus mais cela ne peut se faire : personne ne parle de contrôle des naissances parce que la natalité est un sujet-tabou qui répond à une pulsion biologique, à un instinct de reproduction comme chez n’importe quelle espèce.

Certains malins irresponsables vont jusqu’à brandir le spectre du fascisme, chaque fois que l’on parle de contrôle des naissances… Pourtant, dans la mesure où nous ne prenons pas le chemin de la gestion raisonnée alors que la situation est urgente et critique, nous sommes en train de mettre en danger les ressources en eau potable et en sol fertile, tout en continuant à procréer abondamment.

En outre, la pollution et la production de CO2 vont nécessairement entraîner la stérilisation de plus en plus irréversible des terres et des eaux avec un changement climatique accroissant les tempêtes et une augmentation du niveau des eaux réduisant grandement les surfaces habitables et la production agricole. [1]

À moins de miracle, les famines et les conflits vont se multiplier jusqu’à notre extinction ou du moins notre réduction drastique. Le règne d’Homo sapiens prendra-t-il fin comme celui des dinosaures ou une branche de la famille humaine prendra-t-elle le relais, comme ce fut le cas avec les oiseaux, anciens dinosaures qui ont prospéré ?

Ce livre avait commencé par un joli conte, une belle histoire que l’on nous raconte depuis des siècles, la plus valorisante qui soit pour l’Homme. Il était le Roi de la Création grâce au Verbe et à la Raison. Il avait appris des trois monothéismes à dompter la nature et les animaux. Il avait su ‘s’émanciper’ du respect des arbres et des êtres vivants qui empêchait de mettre à sac la nature.

Seuls les primitifs chasseurs-cueilleurs et les cultures antiques comme l’Egypte pratiquaient ce culte de la nature qui constituait un frein au développement vers la civilisation. En les rebaptisant Progrès et Connaissance, Descartes avait laïcisé et sécularisé cette remise en cause du respect de la nature et ce culte de nous-mêmes à l’image de Dieu qui se trouve au centre des monothéismes. Cette révolution religieuse promettait la vie éternelle par le paradis, puis Descartes par la médecine qui nous rendrait immortels !

Le paradis du confort matériel s’offrait à l’Homme nouveau avec de moins en moins de travail pour se procurer sa nourriture et nourrir ses enfants. Pendant quelques siècles, la prophétie s’est réalisée et ce fut une relative abondance.

A une vitesse accélérée, les prédictions de cette religion laïque se révèlent erronées puisque la population n’est pas régulée, comme cela aurait été indispensable si l’homme n’avait pas voulu indéfiniment augmenter ses ressources pour pouvoir les gaspiller.

Pourquoi avec notre gros cerveau et nos ordinateurs n’avons-nous pas su prévoir ce qui allait arriver ? On s’en rend compte maintenant que nous sommes confrontés aux catastrophes irréversibles qui s’annoncent, cette religion du Progrès Infini était bâtie sur un orgueil démesuré et naïf, sur le mépris de nos cousins animaux et sur la mise à sac de la nature.

Nous avons oublié ces leçons de sagesse des anciens, des chasseurs-cueilleurs et des animaux, alors qu’il était si facile d’empêcher la catastrophe, qui ne pouvait manquer d’arriver, en limitant les naissances à temps. Ce peu d’instincts qui nous caractérise, ce don pour la culture qui était si utile et adaptatif au début de notre évolution, est devenu aujourd’hui un frein au bon sens qui nous empêche d’éviter la catastrophe que les plus lucides voient venir.

Même en continuant d’exploiter modérément les ressources de la planète, c’était pourtant la solution radicale pour éviter de se laisser enfermer dans ce piège de la surpopulation, de l’épuisement des ressources, de la pollution et maintenant du changement climatique, où nous nous trouvons aujourd’hui. Aveuglé par son orgueil, Homo sapiens n’a pas compris pour une fois le mécanisme du piège qu’il s’est tendu à lui-même. L’acrobate va-t-il s’en tirer comme d’habitude ou sommes-nous à la place du gars tombé de sa fenêtre qui dit, en voyant approcher le sol : « Jusqu’ici, tout va bien ! » ?

Sans y mettre bon ordre en temps utile, la voie royale était pourtant sans issue. C’était prévisible, pour ne pas dire évident, mais, je suis désolé pour nous et nos enfants, cela risque fort de mal se terminer. Comme les lemmings, les hommes, qui avaient en main les clefs du bonheur, sont en train de se jeter à l’eau. Souhaitons que, comme ces rongeurs, les survivants puissent repartir de plus belle et qu’ils utilisent cette fois-ci leur tête pour enregistrer la leçon.

Certains romans de science-fiction imaginent d’ailleurs ce scénario tout à fait plausible et un peu moins catastrophiste que la disparition de l’humanité. Après une régulation démographique forcée et brutale dans les décades ou les siècles à venir, l’humanité serait réduite à quelques populations de survivants, isolées et vivant en autarcie. Alors, nous reviendrions à la case-départ des chasseurs-cueilleurs ou des premiers cultivateurs, c’est-à-dire vers un retour à la vie sauvage de petites communautés vivant en équilibre avec leur milieu naturel, physique et social. Bien sûr, les conditions matérielles de survie seraient plus dures que maintenant, telles que nos ancêtres l’ont vécu. Ces dures conditions de vie préhistorique, qui réduisaient la durée de la vie humaine, présentaient pourtant des avantages sur la plan psychologique et social, puisque l’intégration de l’individu au groupe était meilleure que celle de nos sociétés riches où les gens coupent le lien social et se suicident sans que les voisins s’en rendent compte.

A l’inverse de ce qu’on nous a raconté, les sociétés primitives ont d’ailleurs été considérées comme épanouissantes par les spécialistes comme l’ethnologue français Pierre Clastres. [2]

De même, l’époque préhistorique a été qualifiée par l’anthropologue américain, Marshall Sahlins, d’‘âge d’abondance’ [3]. Si les ressources étaient aléatoires dans ces lieux et en ces temps, la solidarité était meilleure que dans notre monde capitaliste de confort matériel.

La compétition à outrance et les abus de pouvoir règnent parmi nous, alors que la joie de vivre et la sociabilité ont frappé tous les observateurs de chasseurs-cueilleurs dont les sociétés, sont souvent qualifiées d’‘égalitaires’.

A défaut d’avoir pu remonter dans l’âge de pierre, je puis témoigner pour avoir vécu avec les pygmées au Gabon que ces chasseurs-cueilleurs étaient plus heureux de vivre que nous et qu’ils auraient préféré demeurer dans leur inconfort et leur insécurité plutôt que devenir des manœuvres exploités et alcooliques…

On peut imaginer qu’après cette épreuve majeure qui ne peut manquer de toucher notre civilisation dans les années qui viennent et qui commence d’ailleurs à se profiler, nos descendants feront enfin usage de leur énorme cerveau.

On peut toujours espérer qu’à défaut de pouvoir revenir en arrière dans l’animalité pour vivre selon leurs instincts comme des loups, ils tiendront compte de nos erreurs présentes et passées, qu’ils resteront enfin -comme n’importe quel animal- en équilibre avec leur milieu naturel, qu’ils ne recommenceront pas -ce qu’ils nomment à tort- des ‘bêtises’, qu’ils vivront enfin l’utopie d’un monde humain, du Jardin d’Eden où nous habitions.

Notes

[1F.Ramade, Le grand massacre livre paru en 1998 chez Hachette et Des catastrophes naturelles ?, paru en 2006 chez Dunod.

[2La société contre l’Etat-Recherches d’anthropologie politique, livre paru chez Minuit en 1974 et réédité en 2011.

[3Age de pierre, âge d’abondance- L’économie des sociétés primitives par Marshal Sahlins , livre paru chez Gallimard en 1976.


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