Passerelle eco
Actu : La revue 83 paraît dans quelques jours !
Commandez-la Abonnez-vous

Derniers articles

Nos Livres et revues

La revue Passerelle Eco : sommaire des numéros, compléments d'info, bulletin d'abonnement à imprimer ...

Derniers articles

Réseau éco

20 ans d'écolieux

Des reportages et les annonces du réseau éco et de la dynamique écovillage en France : écolieux de vie, projets d'écovillages, écofermes pédagogiques, personnes ressources ou en recherche, entreprises, centres de formations, etc... Plusieurs rubriques sont consacrées aux écovillages en germe ou en devenir, car ces initiatives font converger l'ensemble des aspects de l'écologie pratique : l'actualité, leurs activités, rencontres, chantiers ou échanges proposés.

Derniers articles

Thématiques

Dossiers thématiques : depuis les statuts de la loi de 1901, l'alimentation, la construction saine, l'habitat léger, le carburant tournesol ...

Derniers rendez-vous

Annonces, photos, comptes rendu des rassemblements, rendez-vous, festivals, colloques, manifestations...
Vous êtes ici > Accueil > Thématiques > Effondrement > « L’Homme, cet animal raté » : extraits du livre de Pierre Jouventin

le 28 mai 2018

DOSSIER :
Pierre Jouventin et l’effondrement (6)

Extraits du livre "L’Homme cet animal raté" de Pierre Jouventin, en complément à la revue Passerelle Eco n°66 sur le thème "Effondrement écologique et social ; et Transition intérieure".

L’Homme, cet animal raté (extrait 6)

4. L’animal est-il supérieur à l’homme ? (Partie 1/3)

Notre espèce a-t-elle trop de culture et pas assez de nature ?

Les animaux sont-ils des êtres d’instinct et les humains des êtres de raison ? Cette opposition simpliste est évidemment fausse. Il suffit d’observer votre chat, votre chien ou votre voisin pour réaliser que ce n’est pas aussi net : vos animaux ne sont pas si ‘bêtes’ et votre voisin l’est parfois ! C’est un obscurantisme pour gens cultivés. Pourquoi nous avoir fait croire de pareilles sornettes ? Parce que c’est un endoctrinement destiné à former les futurs cadres de la religion du progrès. Nous ne sommes pas plus le centre du monde vivant qu’auparavant, la Terre n’était le centre du monde planétaire. C’était très valorisant de se considérer comme le Roi de la Création, au-dessus de ses sujets et d’origine quasiment divine, mais la réalité est moins binaire, plus nuancée. Comme l’éthologie l’a démontré au milieu du siècle dernier, n’importe quelle espèce –l’homme inclus- possède à la fois et inextricablement des comportements innés et appris.

Tout animal, y compris les mammifères astucieux comme les loups ou les singes, possède beaucoup d’instincts, ou comme on dit maintenant des comportements innés. A quoi servent ces ‘instincts aveugles’, tant décriés par les chantres de la supériorité de l’homme sur l’animal ? Ce n’est pas une erreur de la nature comme ils le croient, puisque cette programmation innée sert, pourrait-on dire, au ‘pilotage automatique’ dans les cas habituels qui ne réclament pas d’initiative. Si les insectes ont surtout des instincts et peu d’apprentissages, étant faciles à remplacer par la nature, les grands animaux (et en particulier les grands mammifères, qui représentent un gros investissement du fait de leur développement lent), peuvent aussi être ‘pilotés’ individuellement et avec plus de souplesse pour échapper aux agressions extérieures et inhabituelles. Un insecte va généralement mourir quand l’hiver arrive brutalement, alors qu’un herbivore va avancer sa migration vers le sud pour trouver de l’herbe. L’homme, et en particulier l’homme moderne qui est devenu au cours de son évolution le grand spécialiste de l’innovation et de l’adaptation aux conditions changeantes, est logiquement l’espèce qui possède le moins d’instinct et le plus de comportements appris, disons beaucoup de culture et peu de nature !

A tel point que les ‘philosophes de la liberté’ comme Sartre ont décrit l’homme comme une argile vierge, un animal dépourvu d’instincts, ce qui est un déni de la réalité. Nous serions l’espèce ‘créatrice de monde’ alors que ces pauvres animaux qui n’ont pas eu la chance d’évoluer autant que nous, subissent le monde. Nous pourrions, nous seuls parmi les tous les êtres vivants, changer le monde et modifier notre milieu à notre avantage, comme Descartes, Diderot, Voltaire, Condorcet, Heidegger, Luc Ferry nous l’ont appris et comme n’importe quelle ville semble le démontrer.

Il est exact, en effet, que l’homme peut créer des règles nouvelles, parfois très complexes comme dans nos sociétés modernes et qu’il a réalisé de grandes choses. Nous pouvons même aller contre nos pulsions innées : tout homme éduqué le démontre en ne violant pas les filles qui se trémoussent sur la plage et en ne boxant pas celui qui ne pense pas comme lui ; une femme peut décider de ne pas enfanter et une mère peut même abandonner son bébé. Notre espèce peut s’adapter à des conditions changeantes selon le lieu, le moment, la situation, l’interlocuteur ou l’adversaire… Cela nous permet souvent d’innover et de trouver des solutions à des problèmes jusqu’alors insolubles pour les autres espèces. Cette capacité extraordinaire d’invention est la clef de ce qui a été notre succès évolutif depuis la préhistoire, et on pourrait même remonter en arrière jusqu’à la conquête des savanes par les précurseurs de la famille humaine qui sont descendus de leurs arbres pour courir sur leurs membres postérieurs, qui se sont coordonnés pour agir en groupe et chasser des animaux de mieux en mieux, utilisant de manière originale leurs mains et leur tête… Nous avons inventé des armes, des pièges, des tactiques qui nous ont permis de tenir tête, puis vaincre nos rivaux, les fauves, au départ mieux armés ou les clans ennemis moins performants. Quand une tribu était plus efficace qu’une autre, elle se nourrissait mieux et agrandissait son territoire de chasse, ce qui lui permettait d’élever plus d’enfants. Les chasseurs doués transmettaient à la fois leurs gènes et leurs techniques. Quant au clan perdant, il disparaissait le plus souvent ou parfois apprenait de son échec. Cette sélection naturelle explique, sans faire appel à des puissances surnaturelles ou à un programme préétabli, que le cerveau de nos ancêtres ait grossi aussi rapidement, doublant puis triplant en quelques centaines de milliers d’années. Seuls les grands chasseurs survivaient, pourvoyaient aux besoins de leur tribu, se reproduisaient et transmettaient leurs caractères héréditaires associés à tout une culture orale qui amplifiait les dons innés. Dans la longue phase de colonisation de la planète qui s’est récemment terminée, ce système a merveilleusement fonctionné, mêlant l’inné et l’acquis comme chez toutes les espèces vivantes mais avec une forte prédominance de la Culture sur la Nature chez la nôtre. Cette accélération de l’évolution d’une espèce est sans doute remarquable et exceptionnelle, mais pourquoi est-elle unique dans le règne animal ? Pourquoi d’autres espèces au cours des millions d’années d’évolution n’ont-elles pas abouti à cette même solution miracle dans la nature qui permet de multiplier, comme Jésus, les pains ? Sommes-nous tout simplement les premiers à avoir trouvé la solution-miracle de l’innovation culturelle, d’un cerveau de plus en plus gros pour analyser de mieux en mieux les situations, pour assoir notre dominance sur le monde animal et la nature, comme le proclamait Descartes ?

Pourquoi y a-t-il une exception humaine ?

Le point faible de cette stratégie de conquête, c’est qu’elle ne fonctionne qu’en période de colonisation. Comme les colonnes de fourmis-légionnaires que j’ai vues ravager tout ce qui bouge et qui ne peuvent s’arrêter longtemps en quelque lieu que ce soit, notre espèce est condamnée à trouver perpétuellement de nouvelles terres, de nouvelles ressources. Par contre, nous avons fait le tour de la Terre et nos populations ne se régulent pas. Les spécialistes évaluent à 10.000 la population d’humains à l’origine de notre aventure alors que nous allons atteindre 8 milliards… Le nombre actuel de bouches à nourrir n’a plus rien à voir avec les populations préhistoriques et il s’accroit, contrairement à ce qui nous avait été prédit avec le phénomène de ‘transition démographique’ qui devait empêcher les femmes vivant dans le confort de procréer mais qui ne s’est réalisé que dans les pays industriels... Le libéralisme s’évertue en ce moment même à trouver de nouvelles ressources et de nouveaux consommateurs à exploiter, mais comment ne pas voir que le système s’est emballé et que sa caricature, le capitalisme, amplifie le problème au lieu de le résoudre ? L’avenir de notre espèce se dessine en ce moment même par la surpopulation et la surconsommation qui s’amplifient et qui aboutiront nécessairement à des conflits écologiques (pour les céréales, l’eau, l’espace, etc…) et des famines planétaires. Il y aura donc nécessairement des migrations, des conflits et des hécatombes jusqu’à ce que peut-être nous revenions à la case-départ, quand l’homme était un chasseur-cueilleur qui se contentait de ce qu’il avait, limitait ses besoins et ses populations. Comment ne pas être troublé par la similitude des courbes asymptotiques d’accroissement du volume cervical de notre espèce au cours des millénaires et d’accroissement de la population mondiale qui a suivi ? On ne voit pas comment ce système, qui a été si productif dans le passé, pourrait se perpétuer indéfiniment avec une telle accélération démographique, même si l’on trouvait de nouvelles sources d’énergie pour reculer l’échéance de quelques années.

Nos adaptations se sont mises en place en 200.000 ans pour notre espèce et 2 millions pour la succession d’humains, donc très vite à l’échelle géologique, avec des populations minuscules et sur des espaces vierges immenses, alors que la situation s’est inversée. Par contre, n’importe quel autre animal existe depuis des millions d’années. Sa stratégie de survie a été testée pendant des milliers de générations et elle peut durer indéfiniment sauf accident. Sa ‘programmation’, c’est-à-dire ses instincts, est le résultat d’une sélection à long terme qui a mis en place les comportements testés avec succès dans la nature pour répondre à des situations toujours identiques. La culture est une solution alternative idéale pour faire face aux situations nouvelles et à court terme mais qui a été utilisée à outrance. Le développement unique chez notre espèce de la culture est considéré par la plupart des penseurs comme notre force. Mais, parvenu au point où nous en sommes, les apprentis-sorciers vont devoir considérer le développement extrême de la culture dans notre espèce comme notre faiblesse.

Le problème devant lequel se trouve aujourd’hui notre espèce, face à la croissance démographique et l’épuisement des ressources, dépasse donc par son ampleur tout ce qui a précédé et que nous avons su résoudre. D’où l’originalité du défi à relever par Homo sapiens qui s’est mis peu à peu à part des autres espèces mais qui a amplifié depuis l’ère industrielle l’exploitation des ressources sans limiter ses naissances. Or les animaux, considérés par la plupart des philosophes comme incapables de changer le monde, n’existent que parce qu’ils ont opté depuis longtemps pour des stratégies durables. …

Homo sapiens n’est pas l’être parfait, rationnel et prévoyant qu’il dit être, mais plutôt une sorte de lemming, ce rongeur qui colonise en été les praires arctiques, puis pullule et se jette à l’eau pour trouver de nouvelles terres ou se noyer, jusqu’à ce que ses survivants recommencent une colonisation quand les ressources se seront renouvelées avec le temps. L’homme est-il donc, malgré son gros cerveau et ses voyages dans la lune, un lemming qui se noie sans se rendre compte qu’il se suicide ?

Les animaux et les néandertaliens étaient-ils ‘normaux’, autrement dit fonctionnels à long terme ; l’homme moderne est-il ‘pathologique’ car sans avenir ? L’animal, sélectionné par la nature pour vivre le plus longtemps possible dans sa niche écologique, est-il supérieur à l’homme, qui serait une tentative ratée de l’évolution et un être éphémère ? Notre espèce a-t-elle été victime d’un mauvais dosage inné/acquis, d’un trop-plein de culture et d’un déficit de nature ? N’a-t-elle pas assez d’instincts de survie à long terme, comme n’importe quel animal plus expérimenté que nos pauvres 200.000 ans avec surtout les derniers 10.000 ans de dérapage incontrôlé ? Nous aboutissons par ces interrogations aux antipodes de la religion occidentale du progrès qui vient justement de convertir le reste du monde, de l’humanisme à courte vue qui fait de notre espèce le parangon de la planète et du modèle libéral, le même qui a aggravé la maladie en nous poussant dans la nasse… Sommes-nous trop intelligents ou pas assez ?


0 vote
Contact --- Mentions légales

ecovillageglobal.fr

le site de l'écovillage global des lecteurs et annonceurs de la revue Passerelle Éco

PASSEZ UNE ANNONCE

Groupe de Réflexion pour un Ecolieu Naturiste (Gren) (Un Groupe Existe dans le 59)

Projet : Recherche de personnes pour créer ou intégrer un écolieu naturiste dans le sud de la France. Prochaine rencontre dans la région de Limoux , mi avril, dans vaste domaine pour réfléchir ou pour (...)

Concilier Amour, Projet, Autonomie et Partage (Rencontres amoureuses dans le 04)

Projet : H 62 ans souhaite rencontrer femme au grand cœur région sud, sud ouest Offre : joie de vivre, mon dynamisme, vie saine et heureuse, sérénité de vie et de passions partagées, je dispose (...)

Offre de Cohabitation (Contacts dans le 48)

Projet : Partage de lieu de vie Offre : Par périodes de 3 semaines à 3 mois, (éventuellement renouvelable) venez co-habiter dans les jardins des 7 bancels, prendre part à l'entretien du terrain et de (...)

Co-Habitation dans une Maison et son Jardin (Offres de CoHabitation dans le 78)

Projet : La maison se libère à partir du début du mois d’avril 2024 j'aimerai l'ouvrir à la co-habitation. Offre : J'aimerai accueillir des personnes prenant plaisir de jardiner, le jardin nourricier (...)

. . Création / Inspiration / Sérénité. . (Rencontres amoureuses)

Projet : Hello, Je recherche une personne équilibrée, femme, qui souhaite vivre au contact de la Nature et au Calme, sans être trop isolé(es). Le but est de vivre confortablement, en harmonie, et (...)