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Publié dans Passerelle Eco n°9

le 3 mars 2003

La Méthode du Consensus - Présentation

entre éthique, pragmatisme et esthétique

Cette page fait partie d’une série d’articles publiés dans Passerelle Eco n°9 sur le consensus et la méthode du consensus, et sur d’autres modes non violents de relation, d’organisation et d’expression.

LA METHODE DU CONSENSUS

Une définition et quelques considérations pour commencer

La MC est un processus qui se déroule en plusieurs phases et dans lequel on utilise diverses techniques de discussion, d’analyse et de débat, et grâce auquel, un groupe arrive à prendre des décisions sans avoir recours au vote.

Consensus signifie que l’on est d’accord sur quelque chose, mais ne signifie pas nécessairement accord total de tous sur tout, c’est à dire unanimité. L’unanimité peut être atteinte, mais ce n’est certes pas un objectif : le consensus tend à faire cohabiter les différences, non à les éliminer. Ainsi lors d’une décision consensuelle, il peut y avoir différents degrés d’accord et de nombreuses nuances au regard des engagements que les différents membres assument par rapport à une décision déterminée, cependant le tout a lieu de façon explicite et globalement accepté.

L’adoption de la MC de la part d’un groupe peut se produire sur des bases consensuelles. La MC une fois acceptée n’exclut pas le recours à des modes de décisions, basés ou pas sur le vote, pourvu qu’un tel recours advienne sur la base d’un décision consensuelle.

LES BASES DU CONSENSUS : ENTRE ETHIQUE, PRAGMATISME ET ESTHETIQUE

La fin ne justifie pas les moyens ; les moyens contiennent la fin

La MC naît de la conviction que le rapport entre les moyens et les buts doit être cohérent . par exemple si on a des objectifs justes et solidaires, les moyens de les réaliser devront d’emblée exprimer concrètement, équité et solidarité. En pratique ceci se manifeste dans la façon de gérer le pouvoir et en particulier dans la façon de prendre les décisions.

L’utilisation du pouvoir : l’individu ne se fait pas écraser par le groupe, le groupe n’est pas bloqué par l’individu

En ayant un regard superficiel, la MC semble donner un pouvoir excessif au simple individu (ou à la petite minorité) par rapport au groupe. Ainsi, il semble que, même après une longue discussion, celle-ci tournerant en sa défaveur, quelqu’un puisse bloquer un groupe important en refusant son accord à la décision. Mais ceci n’est rien d’autre que l’exercice du soi disant pouvoir de veto, qui n’a rien à voir avec la MC.

La MC donne effectivement un grand pouvoir à l’individu (à chaque individu sans distinction) parce elle en reconnaît la valeur, la dignité, l’unicité. Mais l’individu peut bloquer le groupe seulement s’il réussit à démontrer la validité de son opposition, c’est à dire que la décision qui va être prise est vraiment dommageable au groupe et/ou en contradiction avec ses principes fondamentaux. Si le groupe reconnaît le bien fondé de l’opposition, alors la décision peut être bloquée, sinon la responsabilité de décider de ce qu’il faut faire incombera à la partie adverse, si possible en l’annonçant en termes clairs et explicites.

Donc, pour que la MC fonctionne bien, l’individu doit reconnaître et accepter le pouvoir du groupe à déterminer quels sont les problèmes qui peuvent être résolus, ceux qui nécessitent plus d’attention, et ceux qui bloquent la décision : le piège du veto consiste à être incapable de reconnaître les limites du pouvoir individuel ! L’individu a le pouvoir et la responsabilité de soulever les problèmes ; le groupe a le pouvoir et la responsabilité de les reconnaître et de les résoudre.

Etre attentif aux travaux et aux rapports humains

Les rencontres servent à affronter et à résoudre les problèmes communs. Les bonnes solutions tiennent compte tant des aspects concrets des problèmes, que des relations entre les sujets. S’il n’y a pas un bon rapport, suffisamment détendu et confiant, alors même des problèmes simples peuvent se compliquer et devenir un poids énorme. Il est nécessaire de se rappeler que dans le travail du groupe les deux objectifs (contenu et relation) doivent toujours être convenablement étudiés : l’un influence l’ autre.

Faire la distinction entre les personnes et les problèmes et se concentrer sur les problèmes

Lorsque l’on affronte les problèmes, l’on a tendance à oublier, et que nous sommes face à des êtres humains qui ont des sentiments, des valeurs, des convictions profondément ancrées , des histoires et des points de vue différents, exactement comme nous. Chacun a un "moi" sensible qui peut facilement se sentir menacé, et un moi menacé pense surtout à se défendre. Chaque jugement sur la personne risque de détériorer la relation et d’altérer le bon climat psychologique qui est indispensable pour bénéficier des ressources de créativité et d’intelligence de tous les participants, ressources sans lesquelles, il est impossible de trouver de bonnes solutions aux problèmes.

C’est pourquoi il est fondamental de rester fidèle aux faits, aux termes concrets des problèmes "attaquant" les idées et les propositions même très fermement si cela est nécessaire, mais en restant en même temps intérieurement respectueux des personnes "durs avec le problème, souples avec les individus"

Là le fait de ne pas s’identifier à ses propres idées aide énormément, en se rappelant que "mes idées, ne sont pas les miennes !"

Faire la distinction entre les besoins et les solutions et se concentrer sur le fond

Pour affronter les problèmes, on oublie que le fond des questions ne se trouve pas dans les positions de départ (parfois opposées seulement en apparence), mais dans les besoins, les préoccupations et les convictions des parties concernées, c’est à dire ceux que d’aucuns appellent les "bases" des problèmes. Par exemple, souvent l’on discute( et on se dispute) sur les propositions de solutions sans avoir sondé de façon adéquate quels sont les besoins en jeu : les solutions représentent la réponse à des besoins et le même besoin peut être satisfait de différentes façons, il peut y avoir de nombreuses solutions pour un même problème. Si on fait une fixation sur certaines idées, il devient impossible de négocier de façon constructive. Il ne s’agit pas de renoncer à ses propres principes, ni de dissimuler les différences incompatibles sur le moment, mais c’est seulement en s’orientant vers la recherche des besoins partagés que se créent les conditions pour trouver des solutions coopératives, réalisables, qui ouvrent la voie commune à tous.

Inventer des solutions : générer des options et définir des objectifs factuels

Une fois cernés le fond des problèmes, il est nécessaire de consacrer le temps voulu à la recherche de solutions avantageuses pour tous. Ici l’imagination, l’intelligence, l’expérience, sont les ressources premières : souvent il s’agit d’inventer littéralement de nouvelles solutions.

Ce passage peut sembler banal, mais d’un point de vue pratique, la phase de conception est souvent négligée ou de toute façon mal gérée (par exemple il est fréquent que le brainstorming soit plein de jugements et de commentaires sur les idées elle mêmes).

Ne pas s’identifier( ni identifier l’autre) aux idées facilite beaucoup la recherche de solutions différentes et peut être meilleures.

Rester attachés aux propositions de solutions est une habitude fréquente qui représente un obstacle non seulement au consensus, mais surtout à l’élaboration de solutions de bonne qualité...Abandonner une proposition ne signifie pas renoncer à ses propres principes ou à ses propres besoins, mais simplement de rechercher d’autres solutions.

Faire des choix sur la base de critères reconnus et transparents

Les critères qui sous tendent chaque choix doivent être expliqués et se référer le plus souvent possible à des éléments vérifiables et à des principes communément acceptés.

Les critères ne doivent pas dépendre de la volonté ou du contrôle de certaines parties en jeu, c’est là qu’en général on exerce plus ou moins consciemment un usage incorrect et manipulateur du pouvoir pour orienter les choix vers des intérêts partiaux (par exemple avec des menaces voilées, piques, attaques personnelles qui détournent l’attention des données exactes du problème, etc.)

Savoir être constructif dans une situation de malaise (frustration, irritation, préoccupation)

La MC est en substance un processus de gestion constructive et non violente des conflits.

Le conflit est considéré ici comme un phénomène absolument naturel, en soi ni juste ni faux.

Lorsqu’un groupe crée une atmosphère qui facilite l’expression du désaccord et des émotions qui s’y ajoutent (peur, irritation, frustration et ainsi de suite), il construit les bases pour des décisions plus fonctionnelles et satisfaisantes.

Aussi, faciliter une bonne communication est un facteur clé : communiquer c’est "gérer" la relation et les conflits. Mais il faut reconnaître aussi que même avec une utilisation parfaite de la méthode et une excellente communication, des problèmes qui ne sont pas complexes et compliqués peuvent demeurés non résolus sur le moment. Et alors ?

Si on procède avec soin et si on alimente la confiance, le paysage dans lequel on prendra les décisions (parce que de toute façon on décide toujours quelque chose) sera au moins plus clair et compréhensible. Et cela constitue un bon terrain pour parvenir à des décisions qui cherchent, dans la mesure du possible, à respecter les besoins essentiels en jeu. Parfois par exemple il faut accepter le fait de ne pas pouvoir prendre une décision sur une question précise. Alors savoir gérer de façon constructive le malaise personnel et collectif qui dérive de tout cela est indispensable dans le processus consensuel : patience et confiance sont les qualités fondamentales

Une méthode souple pour des personnes/groupes forts

En définitive, ce processus tend à construire "des accords dans les désaccords" ou le désaccord particulier est dans un cadre d’accord général fondé sur le respect et la confiance réciproques : le consensus concerne en substance la volonté de continuer à aller de l’avant et à partager des expérience ensemble.

Ce consensus de fond doit cependant être basé sur la confiance et sur la liberté, autrement cela ne fonctionne pas, au contraire on ne pourrait même pas l’appeler consensus. En fait ce qui se fonde sur la peur de l’autre et sur la dépendance aux autres ne se définit pas comme consensus.

La Méthode du Consensus requiert donc une certaine maturité et une force intérieure de la part des sujets qui l’utilisent, et qui en l’utilisant se renforcent : comme la non violence est l’arme du fort, ainsi la Méthode du Consensus est l’outil de décision des groupes forts.


35 votes
DOSSIER
La méthode du consensus
1 | 2 | 3

La méthode du consensus est utilisée dans une dynamique de groupe pour aider à la prise de décision.

Ce long texte a été préparé en italien par Roberto Tecchio, dans un but précis : lors du G8, pour aider l’assemblée italienne du commerce équitable et solidaire à utiliser un mode de décision orienté vers le consensus pour plus efficacement définir la Charte Italienne des Critères du Commerce Equitable et Solidaire. Avec l’aide de la méthode du consensus telle que l’article la décrit, cet objectif a été atteint après un parcours qui s’est déroulé en deux assemblées plus une rencontre spécifique pour la définition d’un article controversé.

Cette méthode de prise de décision collective est communément appelée "Méthode du Consensus" (MC).

Passerelle Eco a apporté des modifications non substantielles afin d’en rendre plus claire la publication dans la revue, et ce dans la perspective du dossier complet qui comporte également d’autres articles. Quoiqu’il en soit, l’intention demeure de fournir aux groupes, spécialement ceux inspirés par la non violence et la démocratie profonde, des éléments pour une meilleure compréhension et expérimentation de la méthode, rappelant qu’il existe aussi de nombreuses variantes.

En effet, la méthode du consensus peut s’utiliser dans de nombreuses situations !

4 messages

  • La Méthode du Consensus - Présentation

    Le 25 mars 2010, par pierre

    très intéressant mais vous ne parlez pas du processus de prise de décision : qui ? Comment ? Quand ?......

  • La Méthode du Consensus - Présentation

    Le 27 décembre 2008, par Maquin Françoise

    je suis en accord avec l’ensemble de votre texte. Je regrette que vous n’ayez pas pris la peine de le féminiser, par exemple : tous devient touTEs. Il y a une attitude qui me semble essentielle dans le déroulement de la MC c’est " la bienveillance ", ’attitude que nous devons avoir à l’égard les unEs envers les autres, que nous devons avoir par rapport au groupe. Ce n’est pas une posture spontanée, ou une posture qu’on adopte sans problème après avoir décidé qu’elle était essentielle. Elle se construit avec tout le groupe, on doit en parler ensemble, la nommer, la circonscrire en prenant des exemples concrets. Bref, pas de génération spontanée en ce qui concerne les relations humaines, entachées de siècles de domination machiste.

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