Les décisions peuvent être prises de manière dictatoriale (un individu décide), par la majorité, ou par consensus. Nous choisissons la décision par consensus car cette méthode de discussion/décision est la plus démocratique ce qui est consubstantiel à nos démarches de décroissance. Y parvenir est fondamental et requiert la participation, la volonté et la bonne foi de chacun-e.
Le consensus ne consiste ni à atteindre un accord définitif ni à s’entendre sur tout. Il s’agit de façonner progressivement des propositions collectives en tenant compte des points de vue de chacun-e.
Les informations, objections, tendances de chacun-e sont réunies et synthétisées pour atteindre une décision acceptable pour tou-te-s ou l’approfondissement d’une réflexion ou d’un projet.
Le consensus nécessite un accord de base sur un ou des objectifs et requiert la volonté d’y parvenir ensemble.
Le consensus marche si les interrogations et les inquiétudes individuelles sont étudiées par la créativité de chacun-e et avec la dynamique de toutes les personnes présentes.
Les propositions doivent être réétudiées jusqu’à ce que tout le monde se sente à l’aise avec elles.
Le consensus permet non seulement d’obtenir de meilleures solutions aux problèmes posés mais aussi de développer la confiance entre les personnes présentes.
Proposition pour une méthode du consensus
NDLR : le dispositif utilise 2 formes de réunions :– 1) la plénière (ou assemblée) rassemble tous les participants
– 2) les ateliers regroupent sur un thème donnée un plus petit nombre de participants. Plusieurs ateliers peuvent avoir lieu en même temps dans des lieux différents.
Dans la méthode présentée, la plénière (ou assemblée) n’est pas un lieu pour les débats, elle a quatre fonctions :
– 1- Diffuser les informations ou restituer le travail en atelier (petits groupes)
– 2- Identifier les problèmes et thèmes de discussion
– 3- Valider, ou pas, de manière consensuelle (en utilisant des signes conventionnels) les propositions des ateliers.
– Renvoyer les ateliers au travail lorsqu’il n’y a pas consensus. Toute personne qui fait une objection s’engage à poursuivre l’amélioration de la proposition en atelier.
Tous les débats se font en atelier après avoir nommé un rapporteur qui rendra compte en plénière des propositions clairement et simplement formulée (voir technique des entretiens de Bichat).
Les ateliers ne comprennent que des participants intéressés ou concernés par les décisions à prendre.
Etapes du consensus
– 1- Choisir un-e facilitateur/trice et un-e scripte
Suivant la taille du groupe et les difficultés ils/elles peuvent se faire aider par un-e maître-sse du temps, un-e scruteur/euse de sensations, un-e distributeur/trice de parole, les rôles doivent tourner).
– 2- Former un cercle de façon à ce que tout le monde puisse se voir.
– 3- Présenter la méthode de consensus
– 4- Rapporter tous les faits et informations importantes.
Décrire et présenter clairement et simplement (à l’écrit si nécessaire) les points que l’on veut discuter.
– 5- Décider du temps que l’on veut passer dans les ateliers (plus de rapidité demande plus d’expérience et de concentration).
– 6- Formation de petits groupes autour de chaque question, 5 personnes par groupe est idéal pour que tout le monde participe
– 7- Un rapporteur est nommé et si nécessaire un distributeur de parole.
Il a pour mission de circonscrire le débat.
Lorsque le travail en atelier doit aboutir à une décision collective, il fera évoluer et raffiner une proposition potentiellement acceptable en plénière.
A la fin du temps imparti cette proposition doit être lue en atelier puis en plénière.
Lorsqu’il s’agit d’une réflexion, d’un débat sur un thème donné sans qu’il n’y ait de décision à prendre, le rapporteur s’attachera à élaborer un compte rendu de la discussion bref et simple (atelier de Bichat).
Le processus peut utiliser une grande variété d’outils (tours de table, brainstorming petits papiers, théâtre...).
Il doit prendre en compte les sentiments personnels et toutes les remarques.
– 8- Décision consensuelle en plénière
Lorsqu’il y a une décision à prendre, la proposition est lue par le rapporteur, et le facilitateur aide à la précision de la formulation par le biais de quelques questions réponses qui n’ont que ce seul but, les débats se font en atelier uniquement.
S’il n’y a pas de consensus sur la proposition, le facilitateur aidera à dégager les points de divergence à prendre en compte en atelier avec ceux qui ont des objections ou des remarques.
S’il n’y a pas de décision à prendre, le rapporteur fait la lecture du compte rendu sous la forme d’entretiens de Bichat, avec une courte discussion pour faire préciser quelques points ou appeler à la formation d’autres ateliers.
En cas de difficultés il faut peut-être déterminer de manière consensuelle d’autres outils de discussion et d’échange mieux adaptés au problème donné (théâtre, demande d’études, invitation d’experts, groupe de travail spécial, décision à la majorité...).
Rôles pour faciliter la méthode du consensus
– Facilitateur/trice
Appelle à la réunion.
Aide au processus, résume les résultats, énonce les suggestions, et fait attention que tout le monde ait la possibilité de parler et que les gens restent dans le sujet.
Il/elle ne donne pas son avis et ne doit pas accaparer la parole.
Il/elle propose la formation d’atelier de travail lorsqu’un débat afférant surgit.
Il/elle aide à évaluer l’importance et la facilité des thèmes à aborder, et aide à identifier ceux qui ne sont pas pertinents.
Il/elle a pour mission d’atteindre les objectifs dans le temps imparti, tout en restant inventif pour proposer le plus tôt possible la meilleure méthode.
– Rapporteur
A le même rôle que le facilitateur mais en atelier, il/elle raffine les propositions et rapporte informations et propositions finales en plénière
– Script
Ecrit les suggestions, les inquiétudes et les décisions consensuelles, si possible sur un papier affiché visible pour tout le monde.
– MAitre-sse du temps
Garde les yeux sur le temps, se sent responsable pour respecter le temps de discussion convenu.
– Distributeur/trice de parole
Seconde le-la facilitateur/trice ou le rapporteur en s’occupant exclusivement de distribuer la parole dans l’ordre des mains levées en principe.
Il/elle peut juger nécessaire de faire parler une personne avant pour clore un sujet.
– Scruteur/euse de sensations
Observe l’atmosphère et comment les gens se parlent.
Il/elle est notamment sensible aux comportements sexistes ou autres discriminations et intervient dans la conversation si nécessaire.
Donne ses impressions après coup.
Tout le monde est responsable du bon déroulement du consensus et de l’atmosphère.
Le/la facilitateur/trice et le/la scruteur/euse de sensations peuvent aider mais ils n’enlèvent pas aux autres participants de la réunion la responsabilité à faire aboutir le consensus. L’expérience vient par la pratique, à terme chacun-e doit être capable de tenir un de ces rôles.
Trucs pour la méthode du consensus
Pour un consensus rapide et pour économiser l’énergie les "trucs" suivant sont intéressants :
– Temps :
Multipliez votre temps de parole par le nombre de participants autour de la table et vous obtenez le temps que durera la réunion si tout le monde parle autant que vous.
En d’autres termes, ne parlez pas pour vous faire plaisir, ne répétez pas ce que d’autres ont déjà dit et ne rentrez pas dans les détails de votre argumentation.
– Pauses :
Les pauses créent une atmosphère plus relax, après une marche, un bon repas ou un jeu, le consensus marche beaucoup mieux.
– Je :
Ne parlez pas pour les autres, parlez pour vous, à propos de votre opinion, de vos sentiments. Les gens ne sont pas intéressés par ce qu’"on" devrait faire ou par ce que "les gens" pensent.
Utilisez "je" et restez en à ce que vous voulez personnellement dire.
– Écoute Active
L’écoute active est plus qu’attendre jusqu’à ce que l’autre ait fini de parler.
Ne pensez pas immédiatement à contredire, demandez à mieux comprendre, laissez une pause à ceux qui sont moins rapides que vous.
– Coopération
Dans une prise de décision consensuelle, il n’est pas question de savoir qui gagne ou qui fait passer ses idées, c’est plus une question de trouver ce que vous avez en commun et coopérer. Évitez la concurrence et laissez les autres inspirer.
– Impressions
Dites comment vous vous sentez et comment vous ressentez le comportement des autres et posez des questions sur leurs besoins.
– Responsabilité
Tout le monde est responsable de la prise de décision consensuelle.
– Confiance
Il faut savoir faire confiance dans la capacité des petits ateliers à prendre en compte toutes les objections imaginables. Une information ne doit pas être répétée même d’un jour sur l’autre, il faut considérer l’autre comme un auditeur attentif, et l’être soi-même pour garder de courtes réunions motivantes.
– Besoins de base
Lors de choix difficiles, remonter aux besoins de base derrière les décisions permet de réaliser que les points de vue sont bien souvent peu éloignés.
– A l’écart
Dans certains cas, après travail en ateliers, des personnes peuvent se tenir à l’écart de certaines décisions, sans bloquer le processus. Elles ne sont alors pas tenues de prendre part l’exécution de ces décisions.
– Préparation
Il est bon de suggérer les thèmes d’une pléniére dans une assemblée précédente pour pouvoir les mûrir. Une décision est mieux élaborée en plusieurs étapes : information/débat/décision, il faut du temps.
– Responsabilisation
L’assemblée et les ateliers ne doivent pas tout discuter, lorsqu’il y a eu auparavant accord sur la prise en charge d’une tâche par une personne ou un groupe donné, elle doit pouvoir être effectuée sans être rediscutée.
Les signes et la communication non verbale
Les signes sont maintenant utilisés par de nombreux groupes en Europe dans les discussions au consensus. Ils permettent de ne pas se couper pas la parole.
– Signe d’accord en agitant les mains
Ils permettent de repérer d’un regard le niveau de consensus qui se dégage au fur et à mesure que les propositions sont faites. Ils permettent d’éviter l’applaudimètre, et la répétition des idées.
– Doigt levé : pour demander la parole
– Moulin des mains : l’intervention traîne en longueur
– T composé avec les deux mains : problème technique, ne concerne pas les idées mais l’aménagement de l’espace de discussion [1]
– Point levé : block, je quitte le projet si mon opinion n’est pas prise en compte.
Le block doit bien sûr être utilisé avec grande modération, il est bien plus utile d’expliquer le problème et de proposer des solutions. Il impose à la personne qui bloque de participer à l’atelier qui traitera de ce problème délicat.
Bonjour,
Je souhaiterais me former aux méthodes de discussion et à la prise de décision au consensus. J’ai lu quelques textes, on m’a transmis des références bibliographiques, mais je pense qu’il est également nécessaire de pratiquer "réellement" pour apprendre ... Auriez-vous des pistes à ce sujet : contacts, formations existantes, groupes utilisant ces techniques et souhaitant les transmettre (je vis à Nantes) ?
Merci d’avance