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le 8 juin 2004

Sauvons les SELs ? Réponse à Daniel Fargeas

Réponse de François Plassard à l’article de Daniel Fargeas "sauvons les Sels de la mort lente "

Etant peu présent sur le net Selidaire trop préoccupé d’échanges concrets plutôt que virtuels (qui ont aussi leur utilité), je découvre le texte de Daniel Fargeas que m’amène Michèle une adhérente de Cocagne intitulé "sauvons les Sels de la mort lente ".

Même si je n’ai que de la sympathie pour Daniel Fargeas que je recroise toujours avec plaisir, je ne peux m’empêcher de réagir à ce texte. En s’appuyant sur une difficulté bien réelle qu’il constate au sein des Sels : " ceux qui ont des gros crédits qu’ils n’arrivent pas à résorber comme ceux qui ont des forts débits qu’ils n’arrivent pas à remonter ", thème que nous avons mainte fois débattu en intersel, Daniel nous fait une théorie qui veut prouver que c’est la mécanique Sel qui est en cause dans ses fondements, nous amenant inéluctablement à une mort programmée ! En lisant attentivement son texte en huit paragraphes, on comprend vite le mélange d’erreurs conceptuelles et d’interpretation qui peut faire illusion chez un lecteur peu averti ou qui n’a pas envie de se prendre la tète.

L’imprécision sur le contenu du mot "richesse" et l’utilisation du mot produire et consommer plutôt que donner et recevoir réciproquement, participent de cette confusion. Ce n’est pas la mécanique de don et de réciprocité (génial à plusieurs titre vers lequel le Sel se rapproche) qui est à mettre en cause comme veut le laisser croire ce texte, c’est nos capacités relationnelles déformées par une culture spécifique du marché (l’économisme) qui est mis à l’épreuve par l’expérience du Sel.

Venons en à l’analyse de son texte

Premier paragraphe éloge de l’âge d’or des Sels (OK) pour annoncer que le mécanisme se grippe, pourquoi ? Deuxième paragraphe : " Un réseau d’échange " qui se termine : " On ajoute des unités dans le chaudron pour faciliter les échanges ". C’est qui le "on " ? Daniel fait-il référence au mécanisme de "puits sans fond " ou de création d’unité "type planche à billet ", thème d’ateliers inter sel sur lequel je reviendrai en conclusion car ce n’est pas cela qui est abordé ou mis en cause dans la suite de son texte.

Troisième paragraphe : " Qu’est ce qu’une unité ? " Oui Daniel les unités d’échange sel sont "censés " permettre plus d’équité que l’argent parce que dans les Sels nous respectons, même avec les nuances qu’il se doit, qu’une heure de vie de Pierre = une heure de vie de Geneviève, alors que une heure de vie du PDG de Mac Donald vaut en revenu un million et demi fois plus que l’heure de vie en revenu de la caissière de Mac Donald. Il n’y a pas de doute la dessus.

Puis avec l’image du bus tu nous décris la "fonction étalon " de toute monnaie qui permet d’échanger des biens et des services de nature différente entre eux, invention des hommes pour dépasser les limites du troc où les valeurs doivent être identiques. OK

Tu termines par "nos unités de consommation universelles ne nous sont pas de grande utilité si les richesses ne sont pas en face " Remplace cette phrase par "nos espoirs de recevoir de quelqu’un du Sel ne nous sont pas de grande utilité si nous ne trouvons pas des offres correspondant à nos attentes " La on est dans la justesse. Car la richesse se renouvelle. Dans notre Sel Cocagne de 250 adhérents cela arrive pour certains parce que ceux qui n’arrêtent pas de donner manquent parfois d’imagination sur ce qu’ils pourraient recevoir : c’est vrai que s’il n’y a que des massages dans les offres et que j’ai horreur des massages, cela pose problème ! Mais qui pourrait résister à une semaine au bord de l’océan dans la villa de Marie Ange avec son amie, à des nuits dans le studio sur le port de Collioure d’Eliane, ou à une randonnée en montagne proposée par Claude, ou à un relouquage proposé par Sophie ou à un rangement de son grenier ou de ses papiers par Marie France etc. ? Ceux qui ne conçoivent leur mode d’exister qu’en donnant (éducation oblige) et ont du mal à accepter de recevoir autre chose que des biens de première nécessité (nourriture par exemple) qui je te l’accorde font défaut dans un Sel citadin. Mais cela ne tient qu’à nous d’essayer de le changer, par exemple en diversifiant nos différences avec des bourses intersel de proximité plus ruraux. Si cette semaine Odile vient du Sel de Limoux (Aude) pour dormir chez Sophie à Toulouse, seule manière pour elle de prendre des cours de sa passion : " le tango argentin ", pourquoi nos créditeurs impénitents citadins de Toulouse ne trouveraient-ils pas en retour dans ce beau pays de Limoux quelque chose que tu appelles richesse qu’ils ne trouvent pas sur Toulouse ? Ce qui est richesse pour l’un ne l’est pas forcement pour un autre, autant de paires de lunettes différentes, autant de richesses différentes.

La est la difficulté pour ceux qui ne trouvent pas à comme tu le dis "à dépenser leurs unités, promesse de consommation "

Tout est plutôt qu’absence de richesse : absence d’imagination voir de communication. Plus d’interconnaissance fait apparaître des richesses auxquelles on n’aurait pas pensé.. Cela suppose de l’apprivoisement pour dépasser la peur de l’autre (de l’altérité) qui nous caractérise nous humains. Et laisser une place au "recevoir " est parfois plus difficile que de donner, on s’en aperçoit bien au moment de toute inscription où la colonne des demandes est souvent plus difficile à remplir que la colonne des offres chez les personnes très dynamiques.

C’est cela la réciprocité qu’il est question d’apprendre dans le Sel. C’est le travail sur le rapport à soi et le rapport à l’autre qu’exige le Sel alors qu’il est pratiquement évacué dans le rapport du marché inventé pour échanger entre personnes anonymes (sans émotion ou affect) voir entre personnes ennemies. Si on dit que l’argent n’a pas d’odeur, il ne s’embête pas avec le relationnel, c’est justement le chantier du Sel et sa différence avec l’argent que de mettre la relation ( l’odeur !) au centre des échanges ! C’est parce que c’est difficile que c’est un grand chantier ! Et que nous critiquons l’imaginaire de la main invisible du marché qui nous enferme dans un monde de calcul ou de rationalité évacuant toute référence à une l’éthique, à des valeurs. Pour faire philosophe je dirais que le marché (l’économisme) nous enferme dans l’univers de l’esprit de géométrie et de calcul de Descartes, pour nous faire oublier l’univers de l’esprit de justesse de Blaise Pascal avec "le cœur qui a sa raison que la raison ne connaît pas ".

Chapitre : " la règle dans les Sels ". Tu nous explique que le mécanisme du Sel est le même que celui de la monnaie de crédit des banques qui elles ont des règles que nous n’avons pas ! C’est justement le scandale de la monnaie crédit qui fait "enfanter de l’argent à de l’argent " disait déjà Moliere par le mécanisme de l’intérêt de l’argent ! Nous refusons cette troisième fonction de l’argent dans les Sels (la fonction "réserve de valeur " disent les économistes) qui enrichit par la bourse les possesseurs de Capital en dormant plus que ceux qui travaillent ! Et tu voudrais nous faire croire que le "système orthodoxe de l’euro ou du dollar " comme tu le nomme est plus moral que le Sel !

Sais-tu que une banque ne prête pas à Pierre l’argent de Paul, mais dix fois l’argent de Pierre à Paul créant ainsi de la monnaie crédit qu’elle ne possédait pas ! C’est là le scandale de la création de la bulle financière qui nous guette (crack financier) quand il s’échange par le Monde chaque jour quarante fois plus de signes monétaires que de biens et de services. Quarante fois plus de signes monétaires que de biens réels dans notre Monde, c’est cela le " vent dont tu parles " qui ne tient que par nos croyances, et si la baudruche se dégonfle ( voir Japon) nous serons bien content d’avoir comme richesse l’interconnaissance que constitue nos Sels pour survivre entre villes et campagnes ! Au Japon ils ont compris, ils se mettent au Sel ! N’est ce pas l’interet du Sel local d’etre sur que la richesse tourne localement (réciprocité différée dans le temps ) sans etre aspirée verticalement pour grossir des dynamiques spéculatives éloignées du territoire . Chapitre suivant : Maintenant groupons tous les débits d’un coté. On obtient une grosse masse de destruction de richesses "

Les objets échangés disparaissent des offres mais pas les services qui sont les plus nombreux dans les Sels ! Quand quelqu’un utilise ma voiture en cocagne, elle ne disparaît pas physiquement (heureusement) et reste disponible pour un autre, quand je cède une sculpture cela me stimule pour en faire d’autres et progresser, pareil pour un cours de musique, un stage et ainsi de suite. " Les porteurs d’unités se retrouvent avec de moins en moins de richesses disponibles sur le marché " C’est faux : " avec des offres toujours aussi nombreuses qui ne leur conviennent pas " serait plus juste. Chapitre " La mort lente des Sels " C’est vrai que des personnes quittent le SEL sans remettre leur compte à zéro comme ils s’engagent à le faire en signant notre charte. A Cocagne nous avons observé que c’est autant des comptes positifs qui partent (aléas de la vie) que des comptes négatifs. L’un compense l’autre et s’il y aura toujours des profiteurs qui partent volontairement avec un débit, c’est à nous de nous arranger pour qu’ils ne soient accueillis dans un autre Sel qu’en reprenant leur compte débiteur comme nous le faisons pour ceux qui arrivent d’ailleurs d’un autre Sel avec un compte créditeur. Ce n’est pas cela qui condamne les Sels comme tu prétends le dire, et ce n’est pas l’arrivée des nouveaux venus qui viendraient au secours des autres non plus.

Tu conclus que seuls les petits Sels ne sont pas menacés. Alors que tu prônes un JEU, Sel de 1500 membres, essentiellement internautes sur toute la France, où justement l’interconnaissance par la rencontre de proximité ne peut plus servir de régulation ! Je ne comprend pas. Je constate moi que des petits Sels locaux disparaissent parcequ’ils deviennent des goupes de copains qui n’ont plus besoin d’unités de compte pour nourrir la confiance dans la réciprocité. Tant mieux pour eux. Mais l’intérêt des grains de sels est de permettre aussi à ces groupes de copains de rester ouvert à des nouveaux venus, car tout groupe affinitaire, même inconsciemment, reste peu perméable aux étrangers et ces étrangers amènent de la diversité nouvelle (du sang neuf) nécessaire aux échanges. La dimension d’un Sel, c’est toujours le compromis entre unité et diversité, une loi du vivant. L’information froide ( le catalogue mis à jour, les adresses..) sont nécessaires mais pas suffisant : c’est l’information chaude (animation, ateliers, évenements) qui par plus d’interconnaissance dynamise les échanges. Tu proposes de revenir au troc parcequ’il y a trop d’unités (pas dans les Sels qui ne pratiquent pas le puits sans fond) Tu propose d’injecter plus tard des grains de sel par des prêts (de qui ?) ou des prêts (qui décide quoi ? pour qui ?)

Pour moi l’injection de grains dans le chaudron n’est pas inflationniste s’il correspond à un bien réel créé en face (une construction à plusieurs par exemple décidé collectivement parce que d’utilité collective, occasion pour ceux qui sont en débit chronique de pouvoir donner à leur tour) et si cela reste dans une proportion limitée (inférieure à 10% ?) par rapport au volume des échanges. Mais là on rentre dans la théorie économique Keynésienne qui dépasse l’objet de cet article. Mais c’est un sujet passionnant parce que nos politiques ont abandonné aux banques le pouvoir de la création monétaire (en 1983 pour la France et en 1993 pour l’Europe). Ainsi ils ont abandonné à la rationalité du calcul et du profit de quelques-uns uns le pouvoir d’orienter les activités humaines dans un sens qui s’éloigne du bien commun et des contraintes écologiques de la Planète. Mais là est un autre débat.

Au plaisir de reparler de tout cela avec toi, peut être cet été à l’intersel de Libourne. Si je n’ai rien contre le JEU, la richesse de tout ce qui peut s’échanger parcequ’il y a interconnaissance des besoins et des désirs réciproques dans un Sel de proximité, me paraît faire partie de l’intuition novatrice des Sels comme l’opportunité de nous construire et nous transformer nous même. La fuite dans les univers virtuels n’est pas sans danger. Dans la relation à soi, à l’autre, au collectif qui fonde toute société, les deux premières sont le chantier du Sel qui fabriquent de la société localement et indirectement de l’économie, la troisième (relation au collectif) c’est nos participations militantes à d’autres réseaux associatifs de nos choix individuels.

Bien amicalement

François Plassard Sel Cocagne


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