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le 20 avril 2015

DOSSIER :
Lydia et Claude Bourguignon, agronomes, la vie du sol et l’agriculture (21)

Claude Bourguignon est auteur de la préface du livre "Introduction à la Permaculture".

Compostage et irrigation

Claude Bourguignon continue de répondre à des questions, ici sur les thèmes du compostage et de l’irrigation.

Mr Bourguignon, sur un plan purement agronomique, qu’est-ce que vous pensez du compostage des déchets verts avec des boues de station d’épuration ?

Bon alors, il faut composter tout ce qui contient des pathogènes. Tous vos excréments animaux faut les composter, parce que vous avez remarqué qu’une vache ne broute jamais l’herbe qui a poussé sur sa bouse, ce qu’on appelle le refus en pâturage. C’est l’herbe qui est sortie de la bouse de la vache, et la vache elle n’y touche jamais, elle ne se réinfecte pas hein. Je ne vous conseille pas de vider votre fosse septique sur votre jardin potager et d’aller manger vos salades, parce que ça va mal se terminer dans votre famille. Faut jamais se réinfecter.

Donc le compostage il faut le pratiquer pour les animaux, tout de qui est déchet animal doit être monté en température pour être désinfecté, en vigne, si vous taillez des bois de plus d’un an, qui peuvent contenir des maladies, il faut les composter, pour éviter de salir votre champ.

Donc là le compostage il est indispensable. Alors le problème du compostage des boues des villes, c’est que si les boues des villes sont bien triées, ça va, si y’a des déchets industriels dedans avec des métaux lourds, là c’est très embêtant. Donc avant de prendre des déchets d’une ville, il faut que la ville ait fait son tri préalable. Bon les déchèteries se mettent en place, je pense que les choses vont aller en s’améliorant, mais c’est sûr que les boues des villes, quand vous voyez tous les gens malades qu’il y a, tout ça part aux toilettes, avec toutes les maladies qu’il y a, faites attention quand même. Le parasitisme ce n’est pas inexistant, si vous arrosez massivement votre champ avec des staphylocoques etc.

Ça tue les vers de terre. Le lisier de porc industriel il tue les vers de terre tellement il est riche en pathogènes, en particulier en clostridium. Donc si il tue les vers de terre, je vous dis pas ce qu’il va vous faire à vous, donc, compostez, très important.

Moi j’ai fait des études en Bretagne sur le lisier de porc composté : il ne tue pas les vers de terre, dès qu’il est composté, dès qu’il est monté en température hein, on arrose des tas de pailles avec du lisier de porc, il chauffe, on le met sur le champ, il n’y a plus de mort de vers de terre.

Alors que quand vous le mettez pur, anaérobique, sans épandre de la chaux sur le sol, y’a tous les vers de terre qui sortent du sol et qui crèvent.

Donc vous voyez le même produit peut être bon pour le sol, ou peut le tuer. C’est pour ça, faites attention, le compost réussissez-le bien, faites-le bien fermenter, faites-le bien monter en température, un compost qui pue, qui pue l’anaérobiose et tout, ne le mettez pas sur le sol, il est toxique.

Parce que en France les meilleurs systèmes d’agriculture durable ce sont bien les systèmes de polyculture-élevage, équilibrés, et d’ailleurs ce qu’on peut observer c’est que dans les grandes régions céréalières, la Beauce, la Brie, y’a un siècle, ils avaient 50% de cultures, 50 % d’élevage.

Exactement, on moutonnait les blés en Beauce, au XIXe. Il y avait toujours cette rotation de l’animal et de la culture, et on a tout spécialisé, c’est une catastrophe la spécialisation.

C’est comme dans les vignes, les vignes dans le Beaujolais y’a encore 20 ans y’avait encore des animaux aussi.

Oui, les moutons passaient dedans en hiver, les moutons broutaient l’herbe entre les vignes en hiver, on associait.

Les oliviers aussi.

Pareil, quand vous allez en Toscane, en Italie, qui a gardé des systèmes assez traditionnels (coltura promiscua), vous verrez dans la même exploitation : de l’olivier, de la vigne, de la céréale, de l’élevage... Tout est dans le même paysage, et les animaux servent à nettoyer les rangs des vignes.

Mais on a cassé tout cet équilibre, alors c’est vrai que c’est un équilibre qui est consommateur de main d’œuvre, mais à mon avis, faire 3 millions de chômeurs en France pour abandonner nos paysages, je ne sais pas si c’est une très très bonne idée politique hein. On aurait peut-être pu laisser un peu plus de gens. Mais pour ça il ne faut pas faire des mauvais blés qu’on paie 10€ du quintal, ça va pas ça. Il faut que le prix du blé soit payé, hein le prix du blé n’a cessé de baisser depuis 50 ans, c’est-à- dire que maintenant les gens, on s’est rendu compte que les français avaient un tel mépris pour leur nourriture qu’ils jettent 400 000 t de pain à la poubelle par an, c’est- à-dire la consommation annuelle du Portugal.

Je ne sais pas si vous voyez, l’état de mépris dans lequel on a mis l’alimentation. L’alimentation ça se jette, c’est impressionnant, de temps en temps quand je vais au restaurant, les gens qui renvoient des assiettes pleines, enfin c’est effrayant, la nourriture c’est vraiment le mépris. On méprise notre nourriture. Alors que c’est le travail humain, y’a quand même un symbole.

Maintenant ce n’est plus (la source de la vie), on bouffe quoi, on ne se nourrit plus.

La civilisation c’est quand même l’alimentation, c’est la cuisine, vous voyez, on transcende la nourriture dans une civilisation. L’habillement c’est une transcendance de la nudité, l’architecture c’est une transcendance du climat, bon quand vous commencez à faire des maisons merdiques c’est que quelque part la civilisation s’écroule. Quand on s’habille n’importe comment, quand on se nourrit comme des porcs, c’est que la civilisation elle commence à aller très très très très mal.

Y’a une nouvelle question qui se pose à l’agriculture, on veut nous faire produire des « bio-carburants », les agro-carburants.

En intercalaire, moi ça me gêne pas. Si c’est en intercalaire. Vous ne prendrez que la graine de toute façon vous laisserez la paille hein, ça c’est une règle de base en agriculture, la paille est pour le sol, la graine est pour l’homme, ce n’est pas gênant.

La graine elle ne contient que du sucre, que de l’amidon, et de l’huile. Mais ce sont des composés carbonés, ça vient de l’atmosphère, vous ne videz pas votre sol en vendant de l’huile hein. Mais il faut que ce soit en intercalaire, entre une culture d’orge par exemple, que j’ai moissonnée tôt et avec un semis tardif de blé, ou un maïs par exemple, eh bien vous avez le temps de faire une culture énergétique. Mais il faut être en semis direct.

Oui mais faut prendre en compte le climat, puisque si vous tombez sur des années où on a 300 mm d’eau, en plus très mal répartis, du mois de juillet au mois de septembre, y poussera rien du tout hein, semis direct ou pas.

Ah oui, mais il faut trouver la crucifère qui accepte de pousser dans votre climat,

Y’a aussi le discours qu’on peut avoir sur l’irrigation, faut quand même qu’il soit assez nuancé, par ce que c’est vrai que bon, c’est bien qu’on se pose des questions, mais si l’irrigation est bien gérée, c’est une technique nécessaire sous nos climats et avec les techniques qu’on a... Si vous avez des années avec 300 mm d’eau, vous ne ferez rien pousser chez nous...

Oui mais vous pouvez travailler avec des mils et des sorghos sucrés que les bêtes adorent, avec lesquels vous faites de l’ensilage.

Non mais je dis pas qu’on a pas des progrès à réaliser,

Ouais des gros progrès à réaliser.

Faut trouver par exemple des variétés de maïs qui consomment moins d’eau, sans passer par les ogm je vous l’accorde, je vous dis pas qu’on peut pas trouver des variétés de blé qui consomment moins d’eau aussi, mais l’irrigation elle date pas de ce siècle dernier, elle date du temps des romains hein, c’est pour ça que la polémique arrive sur les arroseurs mais il faut nuancer.

Oui mais on a fait disparaître de l’agriculture française tout ce qui était mil, tout ce qui était sorgho, qui avaient été cultivés et améliorés pendant tout le XVIIIe et tout le XIXe, qui avaient été éliminés après-guerre. Dans le Sud-Ouest, on n’irriguait pas avant, à l’époque on n’avait pas d’eau dans le Sud-Ouest, on mettait des sorghos. Et tout ça, ça a été retiré du marché, alors c’est vrai que vous arrivez plus à les vendre.

Faudrait revoir les choses

Il faut laisser les pailles sur le sol et on ne sèche plus le terrain, en plus il se trouve que la paille nourrit les moutons, les moutons passent sur le champ, et on change complètement la dynamique du champ, simplement en touchant un petit facteur : arrêter de sécher les sols.

Ça nous a amusés car quand on fait faire ça aux agriculteurs tunisiens, ils nous ont dit « vous les français, vous êtes vraiment à l’ouest... Alors nous c’est ce qu’on pratiquait avant, vous avez amené votre école d’ingénieurs agronomes qui nous ont raconté qu’on était des cons et qu’il fallait labourer profondément et puis maintenant vous nous dites ‘nan faut plus labourer, faut faire comme vous faisiez avant’. Vous nous prenez vraiment pour des couillons »

Et les gars ça les a offusqués au début, parce qu’ils disaient « vous avez cassés tous nos systèmes pour nous ramener à ce que nous on faisait depuis toujours ! ». Simplement, c’étaient des paysans qui avaient observé, parce que quand vous êtes dans un milieu séchant, faut jamais toucher à la terre, faut jamais la mettre au soleil, et vous garderez de l’eau.

Crédit photo d’en-tête : Wsemandarine CC2.0 By-SA


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