Les doulas aident à la mise en place d’un projet de Naissance
« Le projet de naissance » (lire « Passerelle éco n° 27 ») établi entre parents et accompagnants gêne, en effet, le corps médical. Dans ce projet sont discutés les modalités des différentes étapes de la mise au monde : lieu de naissance, soins à l’enfant, à la mère, accueil du nouveau-né, présence d’autres personnes à l’accouchement, entre autres.
Ce projet repose sur le concept que la femme a le droit d’être informée du déroulement de son accouchement, d’énoncer des souhaits, mais aussi a le droit de participer à la prise de décision des différentes interventions faites sur elle ou son enfant, voire de les refuser.
Si la grossesse n’est pas une maladie, les docteurs doivent écouter les femmes
C’est là que le bât blesse l’institution... car souvent, dés lors que la grossesse n’est plus considérée comme une maladie, les femmes découvrent leur souhait profond de faire leur enfant à la maison, dans la sécurité affective, la chaleur et l’intimité de leur domicile, là où elles se sentent le mieux - et sans assistance médicale sur-dimensionnée. C’est assez naturel et bien compréhensible. Le phénomène des doulas risque donc de mettre au chômage une partie de l’équipe obstétrique ou pour le moins de réduire les émoluments des praticiens payés à l’acte.
C’est pourquoi, alors qu’on ne compte que 138 femmes faisant appel au service des doulas, en 2006, sur 800 000 naissances, une étude de l’académie de médecine [1], signée par le professeur Jacques-Louis Binet, met en garde « contre toute reconnaissance officielle de la formation et de la fonction, que ce soit des accompagnantes de la naissance ou des doulas » … « L’immixtion de personnes insuffisamment formées dans le déroulement de la grossesse et de l’accouchement représentant un danger... »
Sauvons les doulas pour sauver les bébés !
L’attaque du phénomène des doulas est à l’image de celle contre les médecines parallèles : pleine de mauvaise foi ; et les vraies causes du désamour ne sont pas avouées... L’académie de médecine n’hésite pas à mobiliser les membres de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (MIVILUDES), inquiets de voir se développer un mouvement généralement « dans des milieux hostiles à la médicalisation de la maternité ». L’étude de l’académie nationale de médecine dénigre les organismes de formation et les traite de « mercantis » parce que certaines écoles de doulas (ALNA) demanderaient en moyenne 1 250 euros aux postulantes... La polarisation de l’étude sur le coût des formations et les tarifs demandés par les accompagnantes aux femmes enceintes témoigne de l’obsession de l’univers médical.
Or, il eut été honnête de placer à côté du prix demandé par la doula et la sage-femme libérale (40 euros de l’heure, par exemple), ceux, parfois, prohibitifs exigés par les obstétriciens et médecins-anesthésistes affligeant souvent inutilement à la parturiente, épisiotomie et péridurale. Les dépassements d’honoraires, constatés par Mutuelle.com, vont, en effet, de 450 à 2 687 euros pour un gynécologue-obstétricien lors d’un accouchement ; un médecin-anesthésiste qui gagne entre 22 000 et 68 000 euros par mois, touche quant à lui de 100 à 140 euros pour chaque péridurale...
Les conclusions à tirer de la juxtapositions de ces chiffres sont assez claires.