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le 25 septembre 2003

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Pédagogie Alternative dans l’Education Nationale

L’histoire de Roger, instituteur à la veille de la retraite

Extrait du "Courrier AERE" n°105, voici un texte sur l’irruption d’idées nouvelles dans une classe ...

"Roger se jette à l’eau"

L¹histoire vraie qui suit, est bien évidemment un cas particulier. Cependant elle nous paraît représentative du saut culturel que nous avons à effectuer, avons effectué ou sommes en train d¹effectuer.

Une retraite tant attendue

Elle est là, à ma portée, toute proche. La dernière semaine, la dernière heure, la dernière minute, la dernière seconde. Ouf, c¹est fini ! Le voilà ce moment tant attendu. Le 20 décembre 1996, 16h30 est cet instant. Il marque la fin de ma carrière d¹enseignant. A 58 ans et 1/2, je pose mon cartable.

Mais des trimestres de cotisations manqueraient... L¹argent ne fait pas le bonheur, alors sans regret, je quitte cette profession qui ne m¹apporte plus beaucoup de satisfactions. Je quitte le navire "Education nationale", malmené de tous bords. Sauve qui peut !

Les 31 élèves de cette classe de CM2 seront les derniers parmi les centaines qui les auront précédés dans cette même salle où j¹étais "maître à bord" depuis 28 ans. Mes états d’âme ? Quels peuvent-ils être face à des élèves très peu motivés, habiles dans la tricherie et affichant un réel mauvais esprit ? Quitter l’enseignement dans ces conditions ne peut être que soulagement.

L’action se noue

Revenons un peu en arrière. Lundi 15 décembre, première journée de la dernière semaine. Elle se déroule plutôt mal que bien. Des doutes, des questions et des inquiétudes s¹installent en moi. Une angoisse m¹oppresse :
 Le dossier de pension n¹est pas bouclé.
 Surprenant : les élèves sont chagrinés de mon départ.
 Les parents sont inquiets : un remplacement en cours d¹année n¹est pas évident.

Je comprends tout cela mais je n¹ai pas à m¹attarder sur ces inconvénients. Cela finit néanmoins par provoquer en moi un doute, une peur. Laisserai-je tant de personnes dans l¹inquiétude ? Mon départ semble provoquer plus de difficultés qu¹il n¹apporte de réponses satisfaisantes.

Le soir à 23h, une décision s¹impose à moi : je termine l¹année scolaire. Arrêt définitif juin 1997 (En réalité il n¹aura lieu qu¹en juin 1998) Au même instant : quel soulagement, quelle libération !
 "Tu me fais peur, tu m’inquiètes, me dit ma femme, toi qui voulais tellement et depuis longtemps arrêter."

Ces propos d’amour ne trouvent en moi que quiétude et sérénité.

La reprise se fera donc en janvier 1997. Petit problème... j’ai déjà liquidé mes documents pédagogiques et préparations habituelles. Les vacances de Noël arrivent à point nommé pour apporter une détente après ces tempêtes extérieure et intérieure.

Un nouveau départ le 4 janvier 1997

A situation particulière, présentation de voeux ad hoc.

 "Nous allons donc terminer l’année ensemble, mais je vous le dis, je ne veux plus enseigner comme je l’ai fait durant toutes ces années de ma carrière d¹enseignant. Ensemble nous allons essayer de trouver et de mettre en place une autre façon de travailler."

Ces quelques mots d¹une grande banalité, ont été à l’origine d¹une aventure formidable, inoubliable.

Avec cette reprise volontaire, je sens s¹ouvrir devant moi un champ de libertés. Liberté, je ne sais où tu veux m¹emmener, mais tu m¹invites à m¹engager sur des chemins inexplorés, à tenir des propos inhabituels et à prendre des décisions inattendues.

Quelle audace me pousse à me libérer des peurs, des craintes, stresses, inquiétudes provenant de moi-même, des élèves, des parents, du programme, des résultats chiffrés, des évaluations, des inspecteurs, de la direction, etc ?

Sortir de la peur et de la fragmentation

Une prise de conscience, un constat : ces élèves et moi nous appartenons tous à la même espèce humaine. Un compliment, un encouragement me révèlent que, moi, adulte, j¹existe, que l¹on me considère, que l¹on m¹a apporté une certaine attention.

Cette valeur que l¹on m’accorde, peut déclencher en moi un déclic qui génère du dynamisme.

Mais alors, eux aussi, ces petits d’homme, éprouveraient les mêmes émotions, seraient sensibles aux mêmes compliments, pourraient connaître cette envie de tenter quelque chose. Ils pourraient prendre conscience de leurs capacités.

Durant toute ma carrière d¹enseignant, j’ai suivi de nombreuses formations. Certaines voulues, d’autres imposées. Certaines enrichissantes, d’autres simples "passe-temps". Elles m’ont cependant conduit à réfléchir sur de nouvelles orientations de l’enseignement. Ainsi, l¹élève autonome, acteur de son savoir, la gestion mentale, l¹interactivité... Ces orientations correspondent à ce que pourrait être l’enseignement de demain.

Les méthodes pouvaient être plaisantes intellectuellement, mais l’application sur le terrain, avec les élèves, ne donnait pas satisfaction. Elles oubliaient délicieusement l’objectif premier de l’enseignement : le programme.

Demandez le programme, exigez le programme, avalez le programme. Quelle course effrénée, quelle cavalcade pour boucler ce programme, priorité des priorités. Cette pression permanente provoque angoisse, stress et peur. Peur qui se manifeste de diverses manières.

Peur. Peur du professeur. Peur de communiquer une réponse. Peur du résultat d’un devoir. Peur du regard des autres. Peur d¹être "hors normes". Peur de dire une bêtise qui va déclencher l¹hilarité générale. Peur n¹es-tu pas à l¹origine du malaise qui règne au coeur de l¹enseignement ?

Prise en compte du "être", du "dire" et du "faire"

Que de réponses sont données au cours d¹une journée, d¹une semaine, d¹une année dans la vie d¹un élève. Or, ces réponses exactes, précises, judicieuses ou hors sujet, nulles, etc... ne vivent que le temps de les communiquer et de les entendre. Elles ont juste valu à leur auteur un encouragement ou une réprimande trop brèves : pas de traces.

Des "oui", "non", "bien", "mal", "parfait", "nul", "bon", "bonne" (salée ou sucrée ?), etc... Des mots dits des dizaines de fois au point d¹en perdre sens et saveur. Une réponse fournie par un élève timide, un texte lu de manière expressive, une erreur repérée, un élève qui se met rapidement au travail, qui s¹exprime d¹une voix nette, présente un devoir proprement ou n¹est pas capable de répéter une explication, ... Des mots ou des actes importants qui correspondent à la construction d¹une personne, d¹un savoir et ne laissent aucune trace : il faut changer cela.

Ce constat m¹a amené à construire un support sur lequel figurerait une trace écrite notifiant l¹appréciation des réponses formulées.

J¹ai imaginé puis réalisé un premier tableau quadrillé sur lequel figurait le nom de chaque élève. Un crédit de points, capital qui pouvait augmenter ou diminuer suivant les points attribués lors des réponses. Chaque élève inscrivant lui-même les points positifs ou négatifs sur le tableau posé sur une table.

Après le courage des commencements, encore du courage

En fin de journée la lecture de ce tableau ne fournissait aucune information satisfaisante. L’interprétation était impossible. Une discussion s’engagea avec les élèves. Il en ressortit la nécessité d’un tableau plus détaillé.

Ce second tableau, beaucoup plus grand, recouvrait les rubriques scolaires, et, nouveauté, apparaissaient les comportements (écoute, participation, attention,...) J’ai passé un ouiquinde à le réaliser. Le lundi quelle fierté de présenter ce nouveau tableau.

Au cours de la journée et à l’usage il s’est avéré que ce tableau était encore inadapté. Il fut rapidement remplacé par un troisième. Une conviction de plus en plus forte s¹imposait à moi : J’avais non seulement des intelligences à former mais aussi des personnes à construire.

La construction de la personne et du savoir sont intimement liés. D¹où la nécessité de prendre en compte ces deux données et de les faire figurer sur le tableau.

Une première réussite

Le tableau devient individuel. Nom, prénom. Je construis ma personne, mon savoir, avec les autres.

Quelques items : Je me montre attentif, je me montre autonome, j¹essaie d¹être créatif, je corrige une erreur, je vise l¹efficacité, je prends des initiatives, j’emploie des mots justes, je raisonne de façon logique, je mémorise, je participe, je parle de façon claire, je m¹exprime correctement, je me montre tenace, je me respecte, je respecte les autres, je poursuis mon explication,..

L’utilisation de ce tableau a fait apparaître des manques, des aspects oubliés. De nouvelles rubriques venaient s¹ajouter suite à des réactions, des attitudes d’élèves. J¹avais à la fois des satisfactions quant à l’objectif, mais il restait des lacunes au niveau du contenu.

J’avais été l’initiateur de la mise en place de ces nouvelles orientations mais, peu à peu, les élèves formulaient des propositions, prenaient des initiatives, des décisions. Sous leur impulsion, les choses évoluaient très rapidement.

Progressivement nous entrions dans une situation d’échanges, de débats, de discussions, de propositions où s’exprimaient des points de vue parfois opposés. Il fallait écouter, discuter, confronter. On en arrivait parfois au vote. Rien n’était plus figé, tout se créait. Nous construisions.

Pratiquement

L’élève inscrit sur son tableau les points, positifs ou négatifs, attribués par l’enseignant.

Exemple : un élève plutôt timide ose lever la main pour demander une explication. L¹enseignant lui attribue des points positifs pour avoir "osé" dans la rubrique n°11 et peut-être lui indiquera simultanément de marquer des points négatifs dans la rubrique 13, relative à l’expression distincte et nette.

En fin de semaine ou de quinzaine, chacun additionne des points positifs et négatifs représentés alors par deux traits de couleur.

Cette année-là les élèves votèrent pour un maximum de six points à chaque appréciation.

C’est la responsabilité de l’enseignant d’attribuer les points, mais la contestation de la décision est possible par la discussion. Cette manière de faire nous oblige, nous enseignants, à progresser dans notre "solidité" personnelle. Ecouter quelqu’un ne signifie pas être d’accord avec lui.

Des trouvailles pour le débat

En plus du classique doigt levé, un code à cinq valeurs de "main" fut établi avec la classe. La manière de lever main et doigts signifiait :
 J’ai une question à poser (index levé)
 J’ai repéré une erreur (trois doigts levés)
 Je connais une réponse (toute la main)
 J’ai quelque chose à écrire au tableau
 Je ne vais pas bien, etc... Liste non-close. Cela permet de mieux prendre en compte l’instant, d’enrichir les débats.

L’avantage de ce tableau : l’élève est une personne

Il permet de prendre en compte la globalité de l’élève : l’élève est une personne. Comme dans la réalité, être et savoir y sont mêlés.

Chacun réalise sa propre construction.

Les apprentissages ne s’arrêtent pas à la porte de l¹école. La famille (la rue ?) en utlisant une couleur différente, peut concourir à la construction en cours (même si les points ne sont pas comptabilisés sur le plan scolaire).

Chacun peut se situer, voir points forts et points faibles.

La prise en compte s¹effectue dans l¹immédiateté. Ceci est primordial avec des élèves jeunes.

Souplesse du tableau : Le contenu du tableau évolue avec le temps. Certaines rubriques acquises peuvent disparaître par un commun accord enseignant-élèves. De nouveaux items peuvent apparaître.

Des tableaux ont été réalisés pendant plus d¹une année. Ils ont connu de nombreuses modifications. C¹est le travail commun des élèves et de l¹enseignant. Ils étaient visés par l’enseignant et la famille.

Plusieurs collègues intéressés ont entrepris ce genre de démarche.

Observations générales

Les traces écrites ne reflèteront jamais l¹ambiance dans laquelle la vie a coulé. La classe est d’abord un milieu vivant.

L¹enseignant n¹est pas seulement celui qui écoute, apporte des savoirs et donne ou enlève des points. Il met en relations, en connexion des élèves-personnes qui savent des choses et souhaitent partager. Il est aussi médiateur dans les conflits. Voilà des traits qui signalent les évolutions indispensables de notre métier.

L¹enseignant ne fuit pas sa responsabilité. Il reste le responsable du groupe qu’il est officiellement. Mais d¹autres responsables apparaissent, grandissent : les élèves.

L¹enseignant n¹est plus seul "maître à bord".

Pour les cas de conscience liés aux développement des discussions et débats le responsable principal peut surseoir à une décision et prendre conseil auprès de collègues ou de spécialistes.

On parle beaucoup et à juste titre de crise de l¹autorité. Dans notre méthode, l¹autorité est bien là, mais c¹est une construction collective appuyée sur une croissance individuelle.

Grâce au respect généralisé institué, à la fraternité reconnue pratiquement dans les débats, l¹autorité ne s¹autorise plus à devenir autoritaire.

L¹école apprend la non-violence dans la mesure où elle la pratique. Elle s¹oblige à se mettre en discussion devant son public, sur le territoire concerné. Elle fait vivre un apprentissage de la démocratie authentique, une liberté qui ne renonce pas à la responsabilité.

La Loi pré-existe à l¹enfant (et au professeur), mais le groupe concourt à son actualisation ici et maintenant. On ne discute pas de tout, à tout instant ; les échanges qui ont lieu sur certains points, éclairent d¹un jour différent les règles en vigueur.

Transformation personnelle (des élèves et de l’enseignant) et transformation collective deviennent intimement liées.

Vannes le 11 06 03 Roger Hédan


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18 messages

  • > Pédagogie Alternative dans l’Education Nationale

    Le 14 mars 2004, par X

    Il faut le dire, c’est une réelle bouffée d’oxygène de lire un article si démonstratif de ce que pourrait être un enseignement prenant en compte avant tout les personnalités des enfants, la confiance entre les enfants et les adultes et la responsabilisation de ces enfants, enfin déclarés acteurs majeurs de leur éducation. Stop aux professionnels de l’éducation comme se déclarent eux mêmes les différents membres de l’Education Nationale. En fait, j’ai réellement le sentiment qu’ils préservent à tout prix leur réputation en négligeant tout ce qui constitue la vie des élèves extérieure à l’établissement. A ce titre, ils ne se privent pas de culpabiliser les parents qui ne relaient pas en tout point leurs discours. Il est vrai que la réputation de l’établissement est en jeu, critère fondamental de tranquillité et stabilité professionnelle.

    Si pour des raisons d’éloignement de mes enfants pendant la période de l’école primaire (divorce), je n’ai pas pu vérifier ce que vous dites sur cette période scolaire, je constate les mêmes descriptions de phénomènes au niveau du collège ou l’institution se complet à ne pas prendre en compte les particularités de chaque enfant, les indications des parents et les possibilités de concertation. Quelques valeurs uniquement sont considérées : Respect absolu de l’enseignant et du règlement, résultats présentables (les notes des devoirs), assiduité inconditionnelle au travail. Je suis d’ailleurs stupéfait d’entendre des professeurs déclarer qu’il est normal qu’un élève de 3ème se demande à quoi puisse servir tel ou tel enseignement, refuser la question comme si elle n’avait aucune importance et affirmer que répondre à cette question n’est pas de son ressort, sa seule tâche étant d’enseigner le programme….

    Il me semble aussi important de réaliser le « saut culturel » à effectuer entre les structures d’Enseignement Nationale figées et inamovibles et les aspirations (ou même la réalité de la vie extérieure à l’établissement scolaire) des enfants confrontés quotidiennement à des difficultés non recensées (temps de transport, racket, modernité,…)

    Comme vous le dites si bien, votre malaise d’enseignant (sortir de la peur) était lié au conformisme auquel vous vous deviez. Le corporatisme protectionniste de l’Education Nationale vous a empêché de réfléchir autrement jusqu’à la libération apportée par la retraite. Par ailleurs, la sanction pour délit d’innovation était sûrement présente à votre esprit. Quel membre de l’Education Nationale pourrait-il prendre assez de recul pour avouer les difficultés et le confort que procure cette grande institution ? Pendant ce temps, il n’y a pas à se remettre en cause.

    Enfin, les conclusions de votre article reflètent parfaitement mon idée des grandes révolutions à mettre en œuvre que je transcris de la façon suivante : Ø La classe est d’abord un milieu vivant. Il va bien falloir accepter que les enfants sont avant tout des êtres vivants complets avec émotions, aspirations, besoins d’écoute et de discussion réels. Pas seulement des êtres dans lesquels insérer à tout prix les connaissances du programme. Ø L’enseignant est avant tout une personne à part entière dont le rôle ne se limite pas au respect absolu du programme. Il doit considérer les responsabilités qui grandissent : les élèves, et donc leur accorder respect et droit à la contestation. Ø L’autorité est un leurre. La seule qui existe est celle construite collectivement, dans le bût d’une croissance individuelle et reconnue avec intelligence. Comme vous le dites, « l’autorité ne s’autorise plus à être autoritaire ». Ø La non violence est un pré-requis réclamé à l’élève. Il est important de vérifier que cette valeur soit aussi respectée par les enseignants autant physiquement que psychologiquement. Ø L’actualisation de la loi (du règlement intérieur) doit être une démarche constante liée aux échanges fructueux entre membres de l’établissement et les élèves.

  • > Pédagogie Alternative dans l’Education Nationale

    Le 9 novembre 2003, par Sipsi

    J’ai lu avec attention la petite histoire relatant l’expérience vécu par cet instituteur près de la retraite. C’est pour moi également un soulagement de constater que certains enseignants prennent conscience, enfin, que les enfants sont des individus à part entière et qu’il est largement temps de changer le mode éducatif toujours persuadé qu’il détient la vérité à lui seul. Merci

    • > Pédagogie Alternative dans l’Education Nationale

      Le 31 janvier 2005, par X

      Moi, je m’étonne de ce revirement. Quoi, il faudrait attendre la retraite pour se débarasser de ses peurs et surtout comprendre que les élèves, les enfants sont comme nous ? Je ne sais pas quelquechose ne tourne pas rond dans cette profession. Je suis moi même professeur mais suis en train de démissionner parce que je ne supporte plus l’institution et mes collègues qui croient toujours tout savoir, à moins qu’eux aussi attendent la retraite...pour se remettre en question

      • > Pédagogie Alternative dans l’Education Nationale

        Le 27 octobre 2005, par X

        bonjour à tous et merci à Roger Hédan. A tous les enseignants qui voudraient sortir de l’E.N., enseigner autrement, merci de bien vouloir répondre à mes questions :
         si vous pensez démissionner, est-ce pour construire autre chose quelque part ?
         y a-t-il un groupe internet sur ce sujet ?
         y a-t-il un site pour regrouper ces énergies et mettre en place des écoles-collèges-lycées "autrement" ? J’ai beaucoup réfléchi à la question et je suis en train d’échafauder qch, mais j’ai besoin d’enseignants avec qui en parler et qui soient prêts à fonder qch de très concret, un peu partout. Je ne voudrais pas, surtout, ajouter un site inutile s’il en existe déjà !! Merci d’avance pour toute réponse et réaction, merci de m’écrire aussi directement sur mon e-mail ! Elenino h.menissier@free.fr

      • > Pédagogie Alternative dans l’Education Nationale

        Le 9 avril 2006, par padepsedo

        Ah non ! pourquoi s’en aller et renoncer ? Je suis institutrice, en ZEP, et je viens lire cette réaction d’un professeur, et cet autre mot du professeur à la veille de la retraite. Quel bonheur ! Des professeurs qui prennent en compte les enfants en tant que personne, en se remettant en cause, il y en a, un peu mais bon, c’est déjà un bon mouvement. J’essaie, peu à peu, tout doucement, de changer ma pratique, en mettant de côté les "obligations" des textes officiels, en faisant confiance aux gamins, à leur besoin d’être rassurés, respectés, écoutés. En leur laissant de plus en plus de place dans la classe, parce que c’est la leur. En essayant de chasser mes peurs de gestion du groupe. Il ne faut pas abandonner (j’espère que mon mot n’arrive pas trop tard...), non, il faut leur offrir ça. Il en restera surement quelque chose ! Et auprès de certains collègues, il en restera aussi peut-être quelque chose. Et les autres, les supérieurs, les textes ? Bah, qu’est-ce qu’ils peuvent nous faire, finalement, si on est titulaire ? La récompense de leur regard ? de leur bonne note ? Moi, j’aimerai bien cela, cela fait toujours plaisir, mais peut-être y a-t’il d’autres regards porteurs ? Je crois que cela n’est pas mal d’essayer d’y renoncer, aux bonnes notes de nos chefs bien-aimés... Moi, j’ai vu que d’autres chemins peuvent être possible grâce à 2 rencontres ... J’ai eu beaucoup de chance et j’ai aussi la chance d’être en maternelle, c’est vrai. J’ai plus de champ pour apprendre des enfants et consolider mon chemin. Pardon d’avoir été si bavarde et vraiment, vraiment, courage ! C’est possible et on (enfants et enseignant) est tellement plus heureux.

      • > Pédagogie Alternative dans l’Education Nationale

        Le 2 septembre 2006, par X

        Avez vous démissionné, finalement ? Moi, j’ai le même projet. Salut.

    • > Pédagogie Alternative dans l’Education Nationale

      Le 8 octobre 2005, par anthony vergneau

      Bonjour à tous,

      jeune prof stagiaire en français depuis 1 mois, avec des crocs énormes et porté par un projet qui a tendance à me dépasser, stimulé par toute pédagogie alternative (non pas parce qu’elles sont alternatives, mais bien parce qu’elles portent en elles une vision de la société et de la personne révolutionnaires à force d’être simple et lumineuse) : en bref, venu dans l’éducation nationale vibrant de mon horizon, de mes convictions et de mon désir de rencontrer les jeunes humains de mes classes, je suis actuellement dans les affres terribles du doute et en lutte contre ce satané désenchantement qui ne me vaincra pas sans que je quitte définitivement ce métier.

      A cela plusieurs raisons bien sûr, trop nombreuses et radicales à explorer ici, à dire. Collègues, certes, parents, certes, pédagogues professionnels, bien sûr, comme politiciens, médias et élèves : en dernier lieu nous mêmes ; nous sommes au coeur de la problématique de ce qui fait société et du projet que notre société se donne (? là je suis optimiste...). En résultent contradictions insolubles entre avancées pédagogiques favorisant le développement de la personne, coupes tranchantes et destructurantes du budget, attentes des élèves et des parents et enfin, last but not least, civilisation judeochrétienne, et catholique, qui infuse encore ses valeurs même si la croix est au placard.

      Tout cela pour vous dire qu’il faut à un moment donné cesser de développer des discours généralisant et acerbes contre les "soldats de la République", assimiler professeurs et fonctionnaires de l’éducation nationale, attendre tout de l’école, déréaliser la personne du prof et la généraliser, penser que les profs sont les simples rouages d’une machine qu’ils véhiculent béatement et perfidement. Quant à moi, c’est très douloureux, car beaucoup de mes amis portent comme vous ces jugements et ne comprennent pas mon engagement et sa cohérence avec mes autres choix de vie (écolo et gauchisant, bien sûr...). Eh bien, j’ai fait le choix d’entrer dans le service public de l’Education car là se joue et se détermine aussi la société telle qu’elle se pense, se rêve, se crée et s’oublie ou fige. C’est mon engagement de tenter de développer une conscience de soi comme partie prenante d’un collectif, de faire vivre la démocratie qui n’existe que lorsqu’on la porte et la nourrit, d’ouvrir les horizons... mais je suis aussi là comme rôle et fonction, les parents attendent de moi les "clés de la réussite". Il ne faut pas croire, être trop naïf et penser que le rôle de l’école est le seul épanouissement de vos enfants : pour cela, sans doute êtes-vous, avec leurs amis, les mieux placés. Il ne faut sans doute pas tout confondre, et cesser de diaboliser ceux que vous n’aidez pas en les culpabilisant, en ne faisant montre d’aucune empathie.

      L’école est difficile à changer, car elle est au creux de la société, au coeur de sa complexité. Ce n’est pas en tenant des discours idéologiquement marqués que l’on fait évoluer le système, car tout le monde ne partage pas vos idées. Et l’école étant laïque, le prof doit accepter cette complexité et s’adapter. Certains diront se compromettre... et ils ont raison. Mais même si je suis habité par une colère radicale et un espoir vibrant, je fais le choix de ne pas créer ma société à côté, de ne pas réduire la complexité du monde, mais de m’y coltiner. Les choses avancent à petits pas, aussi rapidement que partout autour de nous. Continuons à nous engager, à prendre des risques, n’exigeons pas de l’école qu’elle change ce que nous sommes incapables de changer, réfugiés dans nos communautés idéologiques et incapables d’engager une transformation en profondeur... discutant au fond de nos fauteuils, faisant nos courses dans les biocoop, développant des projets d’écohabitat, ou encore rompant avec le système... mais le sytème c’est nous...

      Notez que je partage un certain nombre de vos constats. Mais parfois,allez discuter avec les profs, refaites le monde avec eux et prenez en compte le désarroi qui menace. ET exigez, en tant que parents, le minimum pour que l’on puisse mettre en oeuvre vos propositions : ramener le seuil des effectifs à 20 élèves maximum. J’ai actuellement une classe de 35 élèves. je voulais développer la pédagogie institutionnelle, mettre en place différents moments de vie collective... vous savez faire vous, à 35 ? Je veux aussi accorder un maximum d’attention à la progression de chacun : résultat, j’ai passé 25 heures à corriger ma première évaluation, (sans chômer), mais surtout à conseiller, expliquer, éclaircir et relever les réussites, en bref à dialoguer avec chacun. Les parents ont aimé, les élèves aussi : mais moi, je vis quand ? Descendez dans la rue, dites quelle école vous souhaitez, fédérez les fédérations de parents d’élèves, faites-vous entendre bon dieu ! Nous sommes si seuls parfois et de plus décriés... sans me lamenter, parce que nous avons, profs, notre lot de défauts, de faiblesses et de lâchetés, pas moins que les autres, c’est certain... mais l’attitude des parents qui condamnent le système sans s’investir REELLEMENT dans la réflexion et les changements à effectuer ne sont que les propagandistes du système qui vise toujours à remettre en cause notre travail, à nous décridibiliser et à nous faire passer pour des pleurnichards bornés. Les parents consomment l’école et exigent un service après-vente : mais l’école est le fruit du projet que la collectivité se donne et abandonner ce projet collectif, hors toute tentation d’harmonie idéologique, même pour de "nobles" raisons ne donne plus légitimité à le condamner. De même que nos chers intellectuels, la notion d’engagement concret est sévèrement branlante...

      donc, maintenez votre regard critique, certes, mais associez-vous, coopérez : je suis prêt à reconnaître mes erreurs qui sont légions, pas à passer pour le bouc émissaire des alternatifs qui restent en dehors du système de peur de se salir et donnent les leçons sans jamais se préoccuper de la PERSONNE des profs, autant qu’ils le font de celles des élèves...

      bien à vous et sans rancune aucune

      anthony

      • > Pédagogie Alternative dans l’Education Nationale

        Le 2 septembre 2006, par X

        Ton texte, cher collègue, me fait plaisir. J’ai tenté des expériences de pédagogie alternative qui n’ont rien donné. Je retourne à l’Educ Nat. forte de cette conviction : c’est dans le système qu’on le permet des changements, en faisant en sorte que les idées circulent. Si les alternatifs restent entre eux, ils resteront alternatifs et en dehors de là où tout se joue. à + eléa

      • > Pédagogie Alternative dans l’Education Nationale

        Le 24 août 2007, par X

        avec un peu d’humilité, beaucoup d’idéaux et d’espoir, de la remise en question permanente, on peut faire beaucoup de choses à l’E.N. mais c’est comme partout, il faut être fort, car le poids de l’immobilisme est fort, et la méchanceté humaine terrible. Mais ce n’est que le reflet de l’état personnel des individus...

        bon courage à tous

        constance

        • > Pédagogie Alternative dans l’Education Nationale

          Le 3 février 2009, par X

          Et bien à moi d’écrire ce petit message maintenant. Je suis prof de musique à EN en ZEP. Ma première année avec ces élèves était relativement difficile mais maintenant je les aime, comme les "autres" voire même plus parce que j’ai conscience de la difficulté dans laquelle ces élèves se trouvent (exilés politiques, sans papiers, étrangers d’origines ...). Aujourd’hui, je suis plus que jamais scandalisée par les adultes, mes soi disant "collègues", chefs ... qui ne portent pas réellement d’estime envers les élèves et qui pensent avant tout à leur confort. La DGH (dotation globale horaire) arrivant juste à cette période, on peut observer les vautours rodant autour des chefs ! mais moi, petite enseignante de musique, quelle place trouver dans ce chaos ? il faudrait hurler pour ce faire entendre mais non, je ne me rabaisserai pas à cela. Malheureusement, le système m’écœure déjà alors que je ne suis que débutante (5 ans d’ancienneté). Je cherche effectivement des écoles alternatives où je pourrai enfin travailler dans des conditions humaines respectables, responsables et respectueuses de l’enfant et de TOUS les enfants : français, africains, arabes et où la différence deviendrait une force. Je ne suis pas utopiste, je suis une passionnée et si cette école n’existe pas, j’espère avoir la force et le soutien pour la créer.

          Désolée, c’était un peu long. Maëlle

          • > Pédagogie Alternative dans l’Education Nationale

            Le 3 mai 2009, par rajaa

            Bonjour

            Quant à moi le constat est qu’en France l’école est une école fermée. J ’ai été enseignée à Londres et là la plus grande différence c’est l’acceptation de l’autre, les élèves avaient un uniforme qui ne masquaient ni leur origine, appartenance ethnique ou religion. En France nous n’avons pas d’uniforme mais on veut des prototypes d’élèves qui doivent perdre la mémoire et oublier leurs origines, cultures et religions. Nous ne pourrons avancer et changer les choses que lorsque il y aura une réelle acceptation des étrangers ou français d’origines étrangères. A Londres j’ai enfin pu enseigner en gardant le foulard musulman et je me sentais enfin respecter en tant qu’individu et enseignant.

          • > Pédagogie Alternative dans l’Education Nationale

            Le 11 octobre 2011, par Pascale

            En tant que parent d’élève, j’ai proposé un projet pour l’école primaire de mes filles : des ateliers autour de la non violence. J’ai trouvé dans ma région d’Aix-en-Provence des organismes ou associations prêts à mettre en place des jeux de rôle ou des formations, mais je n’ai pu être entendue. "Des conflits ? Des problèmes ? Pas dans notre école !" me disait-on. Je pense qu’il n’y a pas besoin d’être en ZEP pour former des personnalités et apprendre à se positionner dans ses rapports avec autruis. Aujourd’hui je suis face au collège et la "machine" éducative me paraît encore plus lourde. Je comprends que certains professeurs comme vous souhaitent travailler dans une école alternative. Le type de pédagogie proposé par M. Hédan retient toute mon attention car elle considère l’enfant comme une personne pouvant participer activement à son développement. Avez-vous à ce jour créé votre propre école ? En connaissez-vous qui peuvent servir d’exemple en France et particulièrement dans ma région ? Ces questions m’intéressent aussi dans ma démarche actuelle d’artiste peintre car je souhaite oeuvrer dans le développement de la créativité au sens large. Merci pour cet échange !

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