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Montreuil, ville en transition

le 12 mai 2010

Du blé aux murs à pêches ?

C’est au cours d’une rencontre et plus précisément d’un colloque qui a eu lieu les 27 et 28 octobre 2008 à Paris à l’initiative d’un collectif d’organisations intitulé "Semons la biodiversité" qu’a germé l’idée dans nos têtes d’apprentis paysans des villes, de semer ces fameuses céréales. Les participants à ce colloque voulaient notamment dénoncer le fichage génétique, la manipulation et l’appropriation du vivant ainsi que les risques que font courir à la biodiversité cultivée, les multiples montages juridiques alambiqués mis en place par les gouvernements occidentaux et soutenus par l’industrie agro-semencière internationale.

Mais alors, que peut bien avoir à faire un modeste jardin de banlieue dans tout ça et ses non moins modestes jardinierEs ?

Cet article complète le dossier "Montreuil, Ville comestible" publié dans Passerelle Eco n°36

Un symbole politique

Évidemment sensibles à la question des semences et du vivant, nous ne pouvions pas nous désintéresser de ce sujet qui engage forcément la majeure partie de notre activité. Comment, en effet, peut-on imaginer vouloir préserver la terre et ne pas trahir son intégrité avec des plantes trafiquées voire des OGM ?

S’engager à redonner de l’activité biologique aux sols et s’inscrire dans la réalisation d’un écosystème cohérent passe nécessairement par le respect du cycle naturel de la vie. D’ailleurs, ce n’est pas pour rien que l’agriculture que nous nous efforçons de pratiquer est dite naturelle parce qu’elle défend l’idée que la nature doit rester libre (autant que faire se peut) de toute ingérence et intervention humaine [1] et donc, à plus forte raison, des manipulations sur le génome.

Par ailleurs, nous estimons qu’il est important de médiatiser, de parler et faire parler de cette question des semences. En effet, trop peu de gens sont au courant de ce sujet et de ses enjeux alors cela nous concernent tous et engagent les générations futures.

Il se trouve qu’hormis le procès retentissant de Kokopelli [2] et la lutte des faucheurs, il y a peu d’information sur ce thème. Les multinationales ayant plutôt intérêt à ce que leurs manipulations juridiques et génétiques se fassent dans l’ombre.

Autre exemple : sur l’île de Svalbard en Norvège sous un glacier, les fondations Bill Gates et Rockefeller sont en train d’entreposer dans le froid près de 4,5 millions de semences. On nous dit qu’elles "serviront à garantir la préservation de la diversité des produits agricoles pour le futur". Mais c’est ceux-là mêmes qui sont en train de participer à l’appauvrissement de la biodiversité qui se réservent le droit de contrôler l’accès à cette gigantesque banque de semences.
Alors comment croire ces multinationales semencières, peu soucieuses de la capacité germinative future de ces graines, et qui ont même le projet de récréer un (Meilleur des) monde artificiel à partir du seul séquençage génétique de chacune de ces semences ?

Contre ces projets mégalomaniaques, ces semences de synthèse et ces logiques mortifères, nous pouvons opposer la force des symboles. Le blé en est un.

Et puis revenons sur terre et sur celle de notre jardin pour montrer que la biodiversité et la conservation des semences n’ont pas leur place dans les frigos des multinationales mais bien, sur la terre de tout un chacun.

Histoire de modernisation du blé

Et ce blé, il est symbolique à plus d’un titre, et bien qu’il ne soit pas le mieux placé dans un jardin cultivé en permaculture du fait de sa dimension énergivore [3], il a pour lui sa poésie [4], c’est aussi un symbole de vie et de partage une fois devenu du pain. Son long compagnonnage avec l’homme qui a commencé à le cultiver et à le sélectionner, il y a plus de 10 000 ans, en fait un aliment indispensable à sa survie et à son développement. Et il s’agit d’une culture qui est toujours dominante à notre époque. Elle représente 20% des terres cultivées dans le monde et la nourriture de base d’un être humain sur trois [5].

Mais depuis plus d’un siècle, le blé attire les convoitises et il ne s’agit plus de le sélectionner naturellement comme on l’a fait pendant des millénaires, mais d’en faire un produit commercial et industriel. Fini, les blés paysans accordés et acclimatés à un terroir "on n’adapte plus les parcours de production aux animaux [ni au végétaux] mais on les façonne pour tel ou tel parcours de production." [6]

On en a fait aujourd’hui des blés hybrides, des blés mutés et même des blés transgéniques. On a notamment introduit dans les blés dits "modernes" deux gènes de nanismes pour faciliter la récolte mécanique et obliger la plante à faire plus de grains plutôt que de la paille. Des glutens "technologiques" ont également été rajoutés pour faciliter la mécanisation du travail de la pâte à pain et sa congélation. Tout cela n’étant pas sans conséquences sur notre alimentation, bien entendu ! Ces blés transformés, mutés, sont de moins en moins digestes, les allergies au gluten se multiplient, on s’interroge sur la toxicité de ces nouveaux blés pour notre organisme. Leur intérêt gustatif et nutritionnel s’en trouve ainsi considérablement atténué, voire carrément annulé.

Semons des variétés anciennes de blé

Dans ces conditions, n’est-il pas plus sage de cultiver des blés anciens, vierges de tous ces traficotages industriels ? Pas si simple ! Il faut savoir que les variétés de pays de blé tendre ont été progressivement éliminées du Catalogue officiel qui permet la mise sur le marché "Il ne reste plus que 5 variétés de pays légales (c’est-à-dire échangeables comme semence, même si la culture n’en est pas interdite) en 1955 et plus aucune en 1961." [7]

Aujourd’hui, toutes les variétés autorisées présentes sur le Catalogue sont dites "modernes". Et quant aux variétés anciennes ou paysannes de blé tendre, il est interdit d’en échanger, d’en donner ou d’en vendre. Et si l’agriculteur qui les a récoltées les ressème, il est obligé de payer des royalties à l’industrie semencière. La culture de blé tendre étant la plus répandue en France, il était impensable pour les agro-semenciers de laisser aux paysans le droit de pouvoir ressemer gratuitement [8] leur propre récolte sans en tirer, au passage, quelque prébende.

Malgré cela, et depuis moins d’une dizaine d’années, il s’opère un renouveau des semences paysannes. Et grâce à des paysans un peu fous et en marge [9] qui ont conservés contre vents et marées quelques variétés anciennes de blé, nous pouvons espérer aujourd’hui retrouver la qualité nutritive de cette céréale qui a nourri des générations et des générations d’êtres humains.

Sachant que tout cela demeure aujourd’hui, comme nous avons pu le voir, dans une certaine forme d’illégalité, aussi paradoxal et ahurissant que ça puisse être.

C’est pourquoi, encouragé par ce collectif "Semons la Biodiversité", nous sommes partis dans cette extravagante aventure de vouloir faire pousser des variétés anciennes de blé au beau milieu du béton de la proche banlieue parisienne.

Cette rubrique fait écho au dossier publié dans Passerelle Eco n°36 sur "Montreuil Ville Comestible" et dont on trouve dans cette rubrique "Villes en Transition" un ensemble d’aspects développés :
 D’autres pains sont possibles.
 Le blé de Montreuil, du semis à la farine.
 Du blé aux murs à pêches ?
 La naissance du jardin des murs à pêches.
 De l’or brun en partage
 Le jardin partagé de la dalle Hannah Arendt, un potager qui ne manque pas d’air
 De l’économie sociale et solidaire à Montreuil.
 La marmitte d’Eugène
 Les Filles du facteur, le crochet pour recycler et mener des actions avec le Sud.
 Un café couture à Montreuil

Notes

[1L’agriculture naturelle élaborée par Masanobu Fukuoka est basée sur quatre principes fondamentaux : pas de labourage ; pas de fertilisant ; pas de sarclage ; pas de pesticides

[2En cassation, Kokopelli a perdu le procès intenté contre elle par l’Etat français et la FNSP (1) (le GNIS (2) a, quant à lui, été débouté) pour avoir commercialisé des semences de variétés non autorisées. Cependant jusqu’à présent, l’Etat n’a pas réclamé le versement de l’amende infligée, ni la FNPSP. Peut-être pour ne pas renforcer l’impact négatif qu’a pu avoir ce procès sur l’opinion public. En vérité, le soutien apporté à l’association par la société civile lui a donné la victoire. Bien plus que personne ne pouvait se l’imaginer… 

  1. Fédération Nationale des Professionnels de Semences Potagères et Florales
  2. Groupement National Interprofessionnel des Semences

[3Dans l’agriculture conventionnelle, il faut labourer le champ, puis fertiliser le blé, le traiter, le moissonner, utiliser du pétrole pour les machines agricoles et suivre les étapes jusqu’à la farine et au pain… de manière assez semblable, les étapes qui mènent au pain, même dans une agriculture plus biologique sont nombreuses : semis, fauchage, battage, vannage, mouture, (sans compter les traitements en bio parfois nécessaires et les machines aussi pour le faucher et le moissonner) pour enfin pouvoir utiliser la farine pour faire du pain.

[4Selon la légende, Déméter, la déesse des moissons et de l’agriculture, aurait enfanté dans un champ de blé.

[5ROBIN Marie-Monique, Blé : chronique d’une mort annoncée ?, film de 52’, 2005.

[6BURGAT F., "C’est arrivé près de chez vous", Télérama, 2007.

[7Voyage autour des blés paysans, Témoignages, Réseau Semences Paysannes, Série 2008.

[8Pour Jean-Pierre Berlan, ancien directeur de recherche en sciences économiques à l’Inra : "le vivant a cette propriété insupportable pour les multinationales de l’agrochimie et des semences, c’est qu’il se reproduit gratuitement."

[9Jean-François Berthellot et Philippe Guichard dans le Lot et Garonne et Nicolas Supiot en Bretagne pour ne citer qu’eux et rendre hommage à leur travail de conservation et de préservation de ces variétés paysannes.


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Le jardin partagé des Murs à pêches.
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Le jardin partagé des Murs à pêches.
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Le jardin des murs à pêche est une initiative collective de réappropriation d’un espace vert pour en faire un outil de production maraîchère et de lien social. De la création du jardin à la mise en place de blé panifiables et panifiés, les étapes de cette construction collective et associative.

Cette série complète le dossier "Montreuil, Ville comestible" paru dans Passerelle Eco n°37

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