Constat
Des expériences d’engagements réciproques entre agriculteurs et consommateurs donnent lieu à des formes originales de liens économiques, basés sur des reconnaissances mutuelles (C.S.A. : Community Supported Agriculture = AMAP anglosaxonnes). Peu répandues en France, davantage en Allemagne ou aux États-Unis, ces nouvelles formes sociales sont encore trop isolées. Objectifs A partir d’une étude de l’existant, en France et à l’étranger, mettre en évidence les points communs, les valeurs et les atouts de telles expériences. Une rencontre de différents acteurs de ces voies innovantes permettra la capitalisation de ces acquis, pour aller plus loin dans leur développement
Une rencontre d’acteurs, organisée par l’association Terre Ferme, a eu lieu en avril 2002 sur ce thème au LEGTA de Périgueux. Voici un extrait du compte rendu.
Présentation
Les CSA sont la concrétisation d’une tendance actuelle et à venir pour renouer du lien entre la production et la consommation. Ces CSA s’inscrivent sans doute dans une histoire de l’agriculture de plus de 10.000 ans :
- en période néolithique, l’agriculture de cueillette n’envisage aucune rupture ou presque entre production et consommation
- Par la suite l’essor de l’agriculture a signifié des communautés de production et de consommation à échelle familiale, à échelle locale et humaine ; ou les questions de distribution ne se posait pas ou presque (sauf épices, café, etc..)
- L’agriculture industrielle a marqué un réel tournant il y quelques dizaines d’années, en dissociant radicalement les deux fonctions. Avec les modes de distribution actuels, les denrées agricoles ont perdu leur « visage » qui s’y rapportait (un homme, un terroir)
Au lien on a alors peu à peu substitué, les labels, les marques, les appellations. Lien virtuel qui permette une connexion minimale au produit. Cependant, cette quête de lien reste, d’autant plus si la confiance dans les labels baisse. Elle s’exerce par exemple dans la recrudescence des marchés, des cueillettes à la ferme, des ventes ambulantes.
Au delà de cela, ce sont des liens plus solidaires, plus concrets qui tentent de renaître par exemple avec les paniers de saisons. Mais des expériences, dénommés globalement CSA, visent à de réelles contractualisations entre producteur et consommateurs . Ces contractualisations peuvent porter sur plusieurs aspects
- contractualisation sur l’achat
- contractualisation sur la durée (on s’engage sur une saison par ex sur les légumes, ou sur 3 ans pour le vin)
- contractualisation sur le risque (on envisage en commun de porter le risque agricole ; gel, grêle,..)
- contractualisation sur le travail (des consommateurs participent à certains travaux)
- contractualisation sur le foncier : pour encourager l’usage de la terre plutôt que la propriété , certains agriculteurs créent des GFA mutuels ou des SCI. Parfois ce sont des groupes de consommateurs , qui à l’inverse, permettent l’installation de producteur en leur offrant des terres ou des vaches en location
Si les fruits et les légumes ont été les plus naturellement abordés dans ces contractualisations (paniers de saisons), c’est l’ensemble de la gamme agricole qui est de plus en plus concernée : vin, viandes, etc..
Ces CSA impliquent des trésors d’inventivité sur les plans technique, juridique et social, et concernent parfois souvent les pays du Sud
(Christophe Beau)
Qu’est-ce qu’un CSA ?
Cet acronyme signifie Community Supported Agriculture soit en français « agriculture soutenue par une communauté ».
Il s’agit de fermes ou jardins associatifs en agriculture biologique ou bio-dynamique dont le principe a été développé dans les années 1970 en Suisse (Bâle, Genève) et au Japon. On peut citer par exemple l’un des premiers CSA : le Group for Producing and Consuming Safe Food (groupe pour la production et la consommation d’aliments sains) créé au Japon en 1974 par Mme Iyo Toya et 24 familles de Tokyo qui ont proposé à 18 agricu1teurs conventionnels de se reconvertir à l’agriculture écologique en leur proposant en échange de leur acheter leur production à des prix garantis. Cette association réunissait en 1987 1251 membres et 32 agriculteurs.
Le principe fondamental est qu’un groupe de consommateurs ou plutôt un certain nombre de familles s’engagent collectivement en début de campagne agricole à financer le jardin ou la ferme (frais de fonctionnement) et les jardiniers ou agriculteurs. Les consommateurs soutiennent donc financièrement l’entreprise et participent également, selon les cas, à certains travaux. En échange de quoi ils reçoivent le droit de se procurer ces produits écologiques.
Ainsi les agriculteurs n’ont pas à se préoccuper de la vente des produits ; ils peuvent entièrement se consacrer au travail agricole. Ils ne prévoient pas seuls les productions (type d’aliments, quantité) en fonction de leur rentabilité (cours du marché, prix de revient, etc.). Ils produisent pour répondre à la demande précise du groupe de consommateurs qui les soutient.
D’après un des fondateurs, un des principaux objectifs des CSA est de permettre aux consommateurs de prendre une responsabilité dans le système agricole qui les nourrit. Souvent les CSA débutent avec un terrain acheté ou hérité auquel s’ajoutent des terres louées ou achetées en fonction du nombre de membres du cercle de consommateurs, donc de produits alimentaires nécessaires pour satisfaire les besoins sans avoir besoin d’intensifier les cultures. Le travail agricole est effectué soit par l’agriculteur lui-même lorsque c’est lui qui met ses terres à disposition, Soit par des personnes employées par le cercle de consommateurs ; les statuts varient du statut de salarié au statut de fermier ou copropriétaire, etc.
Pour couvrir les frais de la campagne agricole on établit un budget de la communauté qui servira de référence pour les prix des produits ou la cotisation de chaque membre ; là encore les formules varient. Sou-vent les consommateurs avancent l’argent nécessaire pour le finance-ment de la campagne agricole à venir et le salaire des agriculteurs. On fait le plus souvent une distinction entre les investissements portés par des personnes individuel-les et les frais de fonctionnement qui doivent être couverts par les apports des consommateurs. Ces communautés rassemblent en général entre 60 et 120 membres avec différents statuts associatifs en fonction des conditions locales précises. Connaissant un grand succès aux USA ces dernières années (on compte plus de 100 CSA actuellement), ces communautés ont souvent essaimé pour garder un nombre de membres et une surface agricole optimales.
bonjour,
les CSA ont été inspirées par les teikei japonais et j’ai retrouvé ce texte sur le lien http://base.d-p-h.info/fr/fiches/dph/fiche-dph-8330.html :
Mais l’Agriculture Soutenue par la Communauté (ASC) n’a rien de nouveau. Le concept a été initialement conçu au Japon au début des années 1970s, pour tenter d’assurer une nourriture saine et biologique à une époque où la pollution par le mercure a provoqué la maladie Minemata, le lait maternel empoisonnait les enfants et la pollution provoquait de graves dégâts d’une manière générale. Trois initiatives se sont réunies, largement sous l’impulsion de Yoshinori Kaneko, pour donner naissance au système Teikei japonais. Un phénomène similaire est né au même moment en Suisse, sans lien apparent.
je trouve important de préciser ce contexte à la base de la création des CSA.
merci, Françoise