PASSAGES CLE DE LA NAISSANCE DU CONSENSUS
La Question et le Contrôle du consensus
Quelle que soit la procédure utilisée, le moment viendra où quelqu’un (en général le médiateur) demandera au groupe "la formulation de la décision est elle satisfaisante ? Y a - t il encore des problèmes ?
Il est important de noter que la première demande implique que tous disposent de la décision clairement formulée (et cela découle travail fait précédemment) : en absence de cette formulation claire, les risques de confusion entraînant des complications et des conflits sont très forts.
Lors de la deuxième question, il faut noter que l’on ne demande pas : "Y a-t- il consensus ?" "Etes vous tous d’accord ?" Ces questions en fait n’encouragent pas l’expression du doute et de la perplexité. S’il y a des personnes qui sont perplexes, mais qui sont intimidées par la forte adhésion du groupe à la proposition, la question "Y-a-t-il encore des problèmes ?" s’adresse plus particulièrement à eux et leur offre la possibilité de s’exprimer
Dans cette phase il est très important de relever la qualité des réponses, surtout celles non verbales et celle du silence. Si aucun problème ultérieur n’est abordé, le médiateur déclare le consensus obtenu et la décision est mise en action.
Problèmes, décisions bloquantes et véto
Pendant la procédure on se retrouve face à divers types de problèmes qu’il peut être utile d’encadrer dans le but de les reconnaître et de les gérer de façon adéquate.
Face à une proposition, objet de décision, des observations visant à des améliorations peuvent, par exemple, être faites : on est en substance d’accord avec la proposition mais on a une idée pour l’améliorer.
En ce qui concerne une proposition objet d’une décision, il peut par exemple y avoir des observations qui émergent et des améliorations : on est substantiellement d’accord avec la proposition, mais on a une idée pour l’améliorer.
D’autres fois il peut y avoir des perplexités pour une proposition : plus qu’un véritable désaccord il s’agit de doutes ou de réserves.
Ce type de problème peut se résoudre avec une discussion plus approfondie (peut être facilitée par des techniques adéquates) et en général, le temps écoulé, il est probable que l’on trouve un accord consensuel, à moins que les " améliorations" ; ou les "perplexités ne se soient transformés en désaccord.
Problème : « légitime/ non légitime »
Lorsque le désaccord conduit à un blocage de la décision, pour pouvoir rentrer dans un cadre consensuel, ce blocage doit de toute façon être reconnu par le groupe dans son ensemble Cette reconnaissance est définie par quelques auteurs comme une légitimation. La légitimation se produit lorsque la partie adverse arrive à convaincre que la décision qui va être prise est néfaste pour le groupe ou en contradiction avec ses propres principes fondateurs.
En l’absence de cela, nous avons un « problème non legitimé »,avec lequel, la partie adverse ne peut jamais bloquer la décision du groupe( pouvoir de véto) , à moins que le groupe n’ait d’autres raisons de se faire bloquer.
Face à ces situations de désaccord peuvent donc s’ouvrir deux possibilités.
A la fin, le groupe reconnaît le bien fondé du problème soulevé pour lequel on se trouve à ce moment face à un problème légitimé qui bloque la décision.
A la fin, le groupe n’est pas convaincu(ni à son tour n’a réussi à convaincre la partie adverse) ainsi le problème évoqué n’est pas légitimé et le groupe peut continuer dans la décision qu’il avait l’intention de prendre initialement, (qui après discussion peut aussi être en partie modifiée), laissant à la partie adverse la décision sur quoi faire, qui pourrait par exemple être "rester à l’écart".
Rester à l’écart : accepter qu’une décision puisse être prise par le groupe bien qu’il y ait un réel désaccord.
Cela implique, entre autre l’explicitation des raisons du désaccord et de la position que la partie, adverse prendra en ce qui concerne la décision et son engagement à le soutenir. Par conséquent la partie adverse pourrait légitimement déclarer ne pas supporter (de façon partielle ou totale) la décision particulière que le groupe va prendre, mais de toute façon sans jamais parvenir à boycotter la décision du groupe dont elle continue à faire partie de façon consensuelle.
Comment sortir d’une situation de blocage décisionnel ?
Avec beaucoup, beaucoup d’imagination, de patience et de confiance. Les experts nous rappellent, de façon provocatrice mais sage, que face à un problème qui sur le moment apparaît insoluble, "il existe au moins sept autres possibilités" ; qui n’ont pas été explorées par le groupe.
Il faut donc de l’imagination, de la créativité, de l’intelligence, mais pas seulement, il faut aussi pouvoir assumer l ’embarras, la fatigue et la frustration.
L’imagination a besoin de confiance et de patience, parce que dans un climat de rancune, d’accusations réciproques et de peur, le temps et les énergies sont déployés pour détruire et non pour créer. Le vrai blocage c’est la peur.