J’ai été 24 ans maire à Lutherbach.
L’argent doit servir à déclancher une activité, pas pour capitaliser ... Je ne me suis pas senti bien dans notre SEL. Il y a eu trop de luttes de pouvoir, et trop de discussions interminables pour décider si 1h d’avocat était égale ou non à 1h de ménage ... J’avais pas envie de perdre mon temps comme ça. Par contre ça a éte très utile pour des demandeurs d’asile qui ont trouvé un ballon d’oxygène au SEL.
Puis dans le cadre de mes activités avec la Fondation pour le Progrès de l’Homme, pour laquelle j’animais 2 collèges dont un sur les autorités locales et l’autre contre l’exclusion, j’ai rencontré plusieurs personnes, des Allemands, des Suisses, qui menaient des expériences monaitaires originales ... Alors j’ai voulu lancer quelque chose.
J’ai invité pour une conférence Marie Lise Duboin, porte parole de la monaie distributive. Puis j’ai monté cette Maison de la Citoyenneté. On avait des chômeurs, des sans-papiers, des pros de l’insertion par l’économique, et des porteurs de projets. J’ai initié des débats sur l’économie distributive. Les débats florissaient. Une monaie distributive, c’est une monnaie qui n’est pas basée sur la rareté , qui est sans intérêts et qui se détruit une fois qu’on l’a utilisée.
Pour commencer il faut un petit groupe dont les ressources sont aussi disparates que possible, et c’est bien de commencer par des produits de 1ère nécessité : légumes, logements, habits, services divers (garde d’enfant, cours de français, ...) J’ai contacté les commerçants pour qu’ils acceptent cette monnaie virtuelle mais ils n’ont pas voulu. Alors on s’est dit qu’on pouvait acheter à l’avance des produits et s’en servir pour alimenter notre marché en monnaie locale, et c’est ce qu’on a fait. Chacun amène des ressources en nature et on compte la valeur de ces apports en unités locales. La valeur totale des apports est ensuite distribuée : Les 3/4 sont distribués en parts égales à chacun des membres, et le dernier quart est distribué de manière inversement proportionnelle au revenu.
Comme ça il y a exactement la bonne quantité de monnaie qui permet d’acheter tous les biens sur le marché. Ensuite c’est comme sur un marché sel ou pas sel normal : l’offreur reçoit le nombre d’unité qui correspondent à la valeur de son bien.
La particularité ici, c’est que cette valeur est matérialisée par un billet, et que aussitôt après l’échange, ce billet est détruit. Voila, ça commence tout juste, on peut pas encore faire un bilan.
Le 1er SEL de France (janvier 1994)
Son but était uniquement d’expliquer GRANDEUR NATURE les mécanismes de création monétaire. Pas de "jouer au commerçant" ni de frauder le fisc !
Les gens étaient très surpris et posaient énormément de questions jusqu’en 1995 où là j’avais de plus en plus droit à : "OUAIS BEN C’EST UN SEL !"...
Or les SELs embrouillaient la compréhension par peur du fisc, en disant qu’ils ne créaient pas d’argent mais du "lien social", qu’il ne s’agissait pas de monnaie mais de troc, etc...
Quand le SEL37 s’est créé les "billets bleus" n’avaient plus aucune raison pédagogique d’exister, sauf en allant plus loin en se transformant en SYSTÈME DISTRIBUTIF (où la monnaie ne sert qu’une seule fois car elle se détruit à l’achat). Mais lors de la réunion il n’y a pas eu assez de participants intéressés pour tenter l’aventure. Ils n’ont pas voulu à cause de la notion de SERVICE SOCIAL, qui aurait été concrétisée, par exemple, en JARDIN À CULTIVER COLLECTIVEMENT.
Depuis début 1998 les "billets bleus" n’existent plus, ce qui n’est pas une grosse perte car les participants ont (c’est logique) rejoint le SEL37.
Même si entre temps j’ai eu d’autres choses à m’occuper, je reste toujours ouvert à toute proposition de SYSTÈME DISTRIBUTIF !
Voir en ligne : Le premier SEL de France