Relations sur le chantier participatif
Proverbe libanais : Si la forte voix servait à quelque chose, l’âne se serait fait construire des palais.
Le chantier a la vocation d’être participatif, autogéré et expérimental. Chaque participant est bénévole, il fait en cela acte de générosité mais il sait qu’il vient là pour apprendre et découvrir aussi, un système d’échanges se met en place.
On construit ensemble. Il est donc question de solidarité et d’entraide. De plus, chacun y est libre de travailler où il souhaite et s’il le souhaite, il est volontaire.
Le point se fait lors des réunions de chantier, les équipes se répartissent alors sur le chantier, coordonnées par Jean Luc. Sur le chantier même, l’organisation se fait assez naturellement. Ceux qui savent montrent à ceux qui s’initient et parfois ceux qui s’initient éclairent ceux qui savent. Nous avons peu d’expérience et Jean Luc souvent fait office de maître. Cela nous met tous sur un pied d’égalité.
La deuxième semaine, je fais l’expérience de l’animation d’un chantier : je suis responsable des enduits du mur intérieur nord. Je commence donc par expliquer les règles de sécurité : gants,... Puis j’explique le principe : comment faire le mortier, puis comment l’appliquer. J’expérimente l’après midi même la gestion de ce chantier, j’expose les différents endroits sur lesquels travailler, les laisse se répartir et pars expliquer à chacune la spécificité de l’endroit qu’elle a choisi : coin, dessus ou mur. Rapidement, je me rends compte de la difficulté de gérer chaque personnalité : Gaëlle disparaît lorsqu’elle s’ennuie laissant son matériel en plan, Emmanuelle ne sachant que faire pour le mur du dessus. J’ai l’impression que rien n’avance, et puis finalement si, mais chacune à son rythme, chacune dans sa manière d’être.
Une caractéristique étonnante du chantier fut la bonne humeur qui y régnait, où les mains et les cheveux pleins de mortier nous chantions encore et riions. Je pensais toujours à cette métaphore du construire ensemble, et je me disais qu’elle était là la vie, que c’était quelquepart cette communion entre l’homme et la matière, entre hommes, d’être là, debout, entre le ciel et la terre.
Activités et relations en dehors du chantier
La première activité à laquelle nous nous livrions, fût les jeux de présentation. On prend conscience de chacun, de chacun et de soi qui s’inscrivent dans un tout, dans un groupe. On considère alors l’autre avec son histoire, ses intentions, ses goûts, on cherche à en savoir plus. Et à mesure que chacun s’exprime, la notion du groupe se resserre. On se confie, se rapproche, les individus se soudent.
Un élément simple autour duquel se retrouver est le repas. C’est un instant convivial que d’être tous ensemble autour de cette table. La nourriture est préparée avec des ingrédients de base présents sur place quand cela est possible : potager, forêt, fermes environnantes,... De plus, tous les mercredi et dimanche, Caroline fait du pain, les stagiaires sont donc invités à l’aider et observer les différentes étapes de fabrication.
Le thème initial de ces deux semaines de stage était le théâtre. Nous avons tout d’abord assisté au spectacle de pantomimes de Mattieu et Valeria. Puis Olivier, travaillant dans une compagnie nous a amenés peu à peu à nous mettre en scène, à devenir des personnages, à nous aproprier les objet et l’espace environnants. Nous sommes à nouveau ensemble, complices malgré les deux espaces distincts de la scène et du public.
A ce thème, viennent se greffer de nombreuses activités : danses traditionnelles, chants polyphoniques improvisés le plus souvent, musique (accordéon, violon, cornemuse, guitare, cor, guimbardes, percussions, ...), il devient magique tout ce bruit dans ce lieu quasi au milieu de nulle part.
Le soir souvent, avant de dormir, nous lisons des contes issus de livres sur place ou bien ramenés. Le silence se fait alors dans la pièce, on allume une bougie et on éteint tout autour. Et dans cette ambiance résonne la seule voix du conteur, avec parfois quelques rires, quelques sourires que l’on distingue dans la pénombre...
un lieu d’échanges et de communication non violente
Le lieu que nous habitons se veut un lieu d’échanges donc, de communication non violente. Chacun est libre de dire ce qu’il veut, et la parole doit y être aisée.
Néanmoins, nous avons plusieurs fois eu recours à un outils : le bâton de parole. Le bâton tourne de participant en participant et seul celui qui le tient est autorisé à parler. Il peut alors s’exprimer sur ce qu’il veut sans avoir peur des commentaires, des réactions d’autrui.
C’est un espace où dire comment on se sent et souvent régler certains petits problèmes dont on ne parle pas forcément dans la vie courante.
"communication extérieure"
Au cours de ce stage, nous avons effectué deux démarches de communication : un jeudi BVA (Beuvray Val d’Arroux) et un salon du meuble, l’association ayant un stand à chaque événement.
Le jeudi BVA se présente comme une foire intercommunale où sont présents de petits stands de produits locaux (vin, charcuterie, fromages, confitures,...), des antiquaires, des buvettes, tout cela prolongé par un bal traditionnel. Certaines personnes présentes se sont montrées plutôt sceptiques vis à vis de l’écologie.
Le salon du meuble à Autun est plus professionnalisé, on trouve de nombreux stands de fauteuils, tables, lits, ... et des vendeurs très commerciaux. Il existe néanmoins un carré de 6 stands d’écoconstuction. Notre association, Passerelle Eco, en tenait un. Et, ce soir là, nous venons faire une démonstration de machine à laver à pédales. Le public est intrigué, s’approche, essaie parfois. C’est l’occasion de communiquer avec le public mais aussi prendre connaissance des autres stands d’écoconstruction et des techniques actuelles vendues comme écologiques.
Henri Bosco : Voilà pourquoi j’ai voyagé à pied, par simple amour du vent et de la terre.
les week end
Le week end, nous décidons donc avec Olivier et Grégoire de partir en exploration de cette belle région qu’est le Morvan. Sur notre chemin à travers forêt, sentiers, chemin de grande randonnée, route parfois, nous assistons à de magnifiques panoramas (la source, les rochers du Carnaval à Uchon), des curiosités de la nature (Rochers Harmonie), des recontres de randonneurs ou habitants. Nous visitons une église romane et un théâtre de verdure, discutons beaucoup.
Tout cela nous donne l’impression d’un grand voyage en accéléré tant nous découvrons aussi bien sur nous que sur ce qui nous entoure.
Accrobranche
Une activité étonnante découverte là bas grâce à Gaëlle est l’accrobranche, qui consiste tout simplement à grimper dans les arbres. Elle organise l’activité et nous assure comme en escalade.
Je monte pieds nus et je réalise que je sens réellement l’arbre me soutenir, la mousse sous mes pieds, l’écorce sous mes doigts, le tronc entre mes bras. Elle a installé au sommet un hamac dans lequel on se repose quelques instants et je pense à ces nombreuses maisons dans les arbres. C’est beau d’être entre les feuilles, se sentir à la cime, presque parcourir par la sève.
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